L’indépendance : le début du combat

Les temps sont durs pour le Québec. Je croyais que la léthargie du militantisme avait commencé avec le gouvernement péquiste et qu’elle se terminerait aussi avec lui, mais ce n’est pas vraiment le cas. Pourtant, le gouvernement libéral actuel est en train de nous plonger dans un marasme encore pire que celui de Charest. Couillard est ouvertement fédéraliste à l’os : si Charest était couché la plupart du temps devant le gouvernement néocolonialiste canadien, Couillard collabore en plus à creuser la tombe du peuple québécois sans aucune gène. Il est en train de couler l’économie du Québec en voulant absolument reprendre le même plan débile que Lucien Bouchard, c’est-à-dire de rembourser le foutu déficit – ce qui revient encore à enrichir les banques – et de détruire aussi le tissu social en sabrant dans tous les services publics, dans le but ultime de tout privatiser. Bref, Couillard s’arrange pour nous arracher tous les outils pour développer une société qui est capable de se prendre en main. Il enlève toute possibilité de refomenter le désir de liberté en devenant complètement dépendant du système.

Et alors on se dit que nous avons toutes les conditions gagnantes nécessaires pour foutre ce gouvernement à la porte à coups de pied dans l’cul, pour canaliser la colère de tous les acteurs de la société touchés par les politiques austères du gouvernement et pour faire une grève générale nationale et finalement instaurer un nouveau système pour les intérêts du peuple. On se dit que la colère de tout ce beau monde va éclater et refaire émerger une lueur d’espoir pour la révolution sociale, comme on l’avait tant espéré lors de la crise du Printemps 2012. Mais il n’en est rien, du moins, l’organisation de forces populaires n’est pas disposée de cette façon. Chaque groupe qui est touché milite pour ses propres intérêts : les travailleurs de la santé sont de leur côté, les travailleurs de la ville sont du leur, les étudiants sont aussi de leur côté. L’idéologie individualiste, qui a pris le dessus à cause du cynisme persistant de la population envers la politique, a engendré une méfiance durable envers tous les groupes de la société, tant les partis que les organisations. Les conséquences sont graves, car il y a de moins en moins de personnes qui votent pour les partis, ce qui laisse place aux partis soutenus par la collusion et la corruption d’être toujours au pouvoir, cela augmenté par la démobilisation des militants au sein des organisations de lutte contre les injustices sociales et de lutte pour les aspirations de libération nationale.

Je crois qu’il y a une très grande ignorance du lien direct qu’il y a entre la libération nationale et la libération sociale du Québec. La question économique là-dedans est bien simple, son évolution dépend justement du changement des deux autres aspects. Croire que l’on peut régler les problèmes économiques sans rien changer à la question nationale et sans faire une révolution sociale sérieuse, c’est comme masquer les plaies de la gangrène avec du maquillage cheap pour l’Halloween acheté à Dollarama. Ceux qui sont confortablement assis dans leur paradis mental ne se sentent concernés que lorsque l’on bouscule leur p’tite routine quotidienne. Là, ils s’offusquent, se révoltent, mais avec leurs pairs, leurs semblables. Une fois faite la p’tite réforme pour calmer leur rage, tout retourne à la normale. Faut surtout pas faire des grandes alliances de masse pour complètement tout renverser, parce que là, on est quand même pas si pire que ça n’est-ce pas? On ne nous tire pas dessus… encore.

Je suis devenu très critique aussi du mouvement indépendantiste, qui s’égare profondément dans des idées parasitant sa pensée et l’empêchant de voir le grand tableau. D’une part, les nationaleux ont changé de bouc émissaire sur qui vomir nos malheurs sociaux : on est passé des maudits Anglais aux maudits Arabes/Musulmans (parce que tout le monde sait qu’Arabes et Musulmans peuvent se confondre allègrement). ISIS, Al-Qaïda et les coupeurs de têtes sont à nos portes, faut se protéger de l’intégrisme et de la charia au Québec. C’est drôle, on a oublié soudainement que le Canada est déjà un État parasite bien implanté au Québec depuis plusieurs décennies, qu’il fait son Nation Building au détriment de notre identité culturelle, au détriment de nos considérations environnementales et au détriment de l’existence même des peuples qui habitent le territoire, autant Québécois que nations amérindiennes. Mais bon, faut croire que l’on peut arrêter de haïr Harper temporairement, il s’attaque à un ennemi commun, n’est-ce pas? Les ennemis de mes nouveaux ennemis sont mes amis!

D’autre part, les souverainistes sont pratiquement tous devenus, ou ont toujours été pour certains, des autonomistes idéologiques ou des nationalistes. L’indépendance territoriale et/ou politique est devenue la finalité de notre engagement politique. Après l’indépendance, tout sera rose, on pourra alors faire une grande fête et boire de la Molson sans problème. Alors que si l’on est des révolutionnaires, on sait très bien que l’indépendance du Québec n’est que le début de tout, le jour zéro des grands changements qui doivent être menés avec détermination et courage contre les grands impérialistes mondialisateurs. Tous nous devons reprogrammer notre cerveau à voir le grand combat qui est devant nous, le combat difficile que les grandes élites mondiales de la finances ne voudront jamais accepter sous aucune considération, et elles seront prêtes à toutes les bassesses et à la violence nécessaires pour assujettir les peuples à leur volonté, soyez-en certains et soyez surtout prêts à les affronter jusqu’au bout. Ils ont les moyens d’être déterminés, mais s’ils perdent devant une volonté solide comme l’acier, ils ramperont de peur, car l’argent ne fera jamais disparaître leur lâcheté.

Pour cela, il n’y a qu’une seule façon d’y arriver : l’union des forces révolutionnaires. Les syndicats, les étudiants, les ouvriers, les artisans, les environnementalistes, les indépendantistes, tous ceux qui ont à cœur, non seulement de changer le nom de notre pays, mais de changer la face de la terre, doivent impérativement s’unir contre les destructeurs de la terre et des peuples : les masses doivent marcher et écraser les exploiteurs de l’humanité et de l’environnement, et reconstruire, dans une vraie démocratie populaire, la société durable et cohérente qui doit s’imposer pour l’avenir.

Publié le chroniques politique québécoise, Journal Le Québécois et étiqueté , , , , , , , , , , , , , , , .