[…] il incombe à la femme musulmane de rester dans son foyer et de n’en sortir qu’en cas d’un besoin pressant. Dans le cas où elle est contrainte de sortir, elle doit respecter certaines règles […]: le port du Hijab légal; ne pas se mêler aux hommes […]
Je sais que mes compatriotes québécois comprennent souvent mal l’islam, et je partage le point de vue de beaucoup de musulmans quant à l’immoralité d’une partie de l’Occident, en particulier l’oligarchie néolibérale et ses marionnettes politiques. Mais certains musulmans ont, eux aussi, un sérieux examen de conscience à faire.
Les femmes et les hommes peuvent avoir des rôles différents à jouer dans la société, ne serait-ce que parce que les femmes peuvent enfanter. Être égaux ne signifie pas être tous pareils. Toutefois, confiner la femme au foyer est contraire à la valeur universelle de l’égalité des êtres humains.
Dieu ou Allah n’a pas créé les femmes pour qu’elles soient les esclaves des hommes et n’a pas donné le droit à ces derniers de les mettre en cage, fût-elle dorée. Les femmes doivent pouvoir se mêler à des hommes, et des personnes de sexes opposés sont capables de se respecter et de ne pas se comporter comme des bêtes. Ceux qui prétendent le contraire s’attireront immanquablement l’antipathie des Québécois.
Soit dit en passant, il me semble pour le moins incohérent de s’insurger contre l’interdiction de porter le hijab dans la fonction publique lorsque, de toute façon, on veut obliger les femmes à rester au foyer, donc à ne pas être fonctionnaires, infirmières, médecins ou enseignantes.
J’aurais aimé vous dire que je suis solidaire de tous mes compatriotes musulmans, qui peuvent avoir une influence salutaire sur notre société s’ils savent s’y adapter. J’aurais aimé vous dire que je veux me battre avec vous pour le droit des femmes de porter le hijab dans l’exercice de la plupart des fonctions, y compris au sein de l’État. En effet, contrairement au niqab, le hijab me parait aussi acceptable, au Québec, que d’autres vêtements, signes ou accessoires qui, sans toujours être rattachés à une religion, ne sont pas neutres et représentent des attitudes et des préférences. Mais je ne peux absolument pas accepter les valeurs rétrogrades véhiculées par les instigateurs du Collectif québécois contre l’islamophobie.
 Loin d’être l’apanage de certains intégristes, le hijab représente, pour beaucoup de femmes, leur adhésion personnelle aux valeurs largement répandues de l’islam, qui compte deux-milliards de fidèles dans le monde. Ces valeurs s’opposent au capitalisme néolibéral et à l’immoralité qu’il engendre: obsession du profit, guerres, matérialisme, consommation débridée, marchandisation de la femme, et j’en passe. Beaucoup de musulmanes savent porter le hijab avec élégance. Pour ma part, j’aurais naturellement tendance à faire davantage confiance à une enseignante qui porterait le hijab qu’à une «laïque» au visage transpercé de bijoux.
Si, à cause de votre vision de l’islam, le port du hijab devient synonyme de réclusion à perpétuité au foyer et de ségrégation des hommes et des femmes, alors cette tenue vestimentaire sera malheureusement indigne des employés de l’État québécois, à mes yeux et aux yeux de beaucoup d’autres Québécois, en dépit de notre ouverture d’esprit.
Permettez-moi une dernière observation importante pour terminer. Les musulmans qui font une interprétation stricte du Coran, comme ceux de la mosquée Assuna Annabawiyah, à Montréal, sont souvent des salafistes, des takfiristes ou des wahhabites. C’est parmi eux que l’on recrute les extrémistes qui ont naguère tranché des têtes en Libye et qui en tranchent encore en Syrie. Ce sont eux qui commettent d’innombrables attentats terroristes contre leurs soeurs et leurs frères musulmans. Ce sont eux qui, avec l’argent des pétromonarchies, s’allient à l’OTAN pour fomenter des guerres civiles sanglantes ayant en fait des objectifs occultes de domination économique.
Massacrer des êtres humains pour augmenter des marges bénéficiaires, en prenant prétexte de l’appartenance religieuse, ethnique ou politique, est d’une immoralité absolue. Mahomet n’approuverait certainement pas un tel comportement, surtout dans un pays à majorité musulmane comme la Syrie, où les diverses confessions vivaient en paix les unes avec les autres avant que les princes saoudiens, l’émir du Qatar et Erdogan ne s’en mêlent, sous les applaudissements nourris de la classe politique et médiatique occidentale, empêtrée dans ses mensonges et ses contradictions. Voulez-vous m’expliquer, par exemple, pourquoi le Front Al-Nosra, excroissance d’Al-Qaïda, agit en complice d’Israël, contre les protecteurs des Palestiniens que sont les Syriens?
Bref, les valeurs de certains musulmans sont tellement loin de celles de la société québécoise en général que je ne vois pas d’autre issue pour eux que de choisir entre le Québec et leur univers religieux.
Fin de la lettre
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Et l’islamophobie?
Le Québec est loin d’être raciste et xénophobe. Nous n’avons aucune leçon à recevoir de Justin Trudeau et des apôtres du Quebec bashing. La discrimination est interdite dans les institutions québécoises, et on peut les qualifier d’exemplaires, même s’il reste du travail à faire pour favoriser l’intégration des nouveaux arrivants et pour se débarrasser de la gangrène qu’est la corruption.
Mais l’islamophobie existe dans la société civile québécoise, comme elle existe dans la plupart des pays occidentaux, de la France au Danemark en passant par les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada anglais.
Les André Drouin du Québec passent leur temps à propager toutes sortes de croyances à propos de l’islam. Mahomet serait un pédophile, et des armées de djihadistes s’apprêteraient à nous envahir, sabre à la main. Avec 1,5 % de musulmans, le Québec serait sur le point de basculer dans l’intégrisme. Tout est prétexte à fabriquer des campagnes de peur. Quelques types se font filmer en train de prier Allah dans une rue déserte en France et, ça y est, la preuve est faite que nos valeurs chrétiennes ou laïques sont en péril. Nous ne pourrons plus manger de bacon. Horreur!
Les terroristes égorgeurs et poseurs de bombes d’Al-Qaïda existent réellement, mais ils n’ont pas grand-chose à voir avec les enseignements du Coran. L’interprétation que les imams dignes de ce nom font du Coran, dans les pays musulmans comme la République islamique d’Iran, est exactement à l’opposé de la violence pratiquée par Al-Qaïda. L’Iran est un pays pacifique qui n’a jamais attaqué personne dans l’histoire récente et qui, au contraire, a été agressé à plusieurs reprises, à l’instigation des États-Unis, du Royaume-Uni et d’Israël. (Washington et ses suiveurs agressent d’ailleurs présentement l’Iran avec des sanctions économiques totalement injustifiées qui privent les Iraniens de médicaments.) Alors, si les fous qui invoquent faussement Allah pour justifier des massacres et des attentats ne viennent pas d’Iran, d’où viennent-ils? Qui les appuie? Pour répondre à ces questions, nous parlerons un peu de l’Afghanistan.
Les djihadistes se battent pour Wall Street, et non pour Allah
M. Drouin, qui m’envoie régulièrement des courriels en pensant peut-être me communiquer sa phobie, me faisait parvenir récemment une lettre publiée dans La Presse dont l’auteur est un Québécois d’origine afghane, Zabi Naim, qui a fui l’Afghanistan dans les années 1980 à cause de la guerre.
M. Naim est une personne sympathique; je le dis sans ironie. Il rappelle à ses compatriotes issus de l’immigration que nombre d’entre eux ont quitté leur pays d’origine à cause d’un «islamisme rigide et mal interprété». Il les invite à se montrer généreux envers leur terre d’adoption, le Québec, qui leur offre «la sécurité civile, l’égalité homme-femme, l’assurance maladie, la liberté de penser et de s’exprimer, un système judiciaire digne de ce nom, la liberté de pratiques religieuses diverses, une éducation ouverte sur les différences, des services sociaux qui tiennent compte de cultures variées et beaucoup plus». M. Naim est fier d’être québécois et a globalement raison dans sa lettre (sauf quand il met le régime dictatorial des princes saoudiens dans le même panier que l’Iran, qui est une véritable démocratie, quoi qu’en disent les médias menteurs). Toutefois, il oublie un détail important.
Quand M. Naim a fui la guerre en Afghanistan, les moudjahidines (combattants de la liberté) étaient financés, entrainés et armés par les États-Unis et leurs alliés, pour se battre contre l’Union soviétique, pays majoritairement chrétien doté d’un État laïque. L’Union soviétique n’a pas «envahi» l’Afghanistan. Elle est venue au secours du gouvernement socialiste et laïque d’Afghanistan. Armés entre autres de missiles Stinger fournis par Washington, les moudjahidines ont gagné. Quelques années après, les médias se sont mis à les appeler des «talibans» et ont changé radicalement de ton à leur égard.
Le terrorisme islamique a été nourri par les États-Unis et leurs alliés dans les années 1980 et il l’est encore aujourd’hui. Le Canada est un grand ami de l’Arabie saoudite et du Qatar, pétromonarchies rétrogrades où sévissent les courants radicaux de l’Islam et, surtout, d’où provient une grande partie de l’argent finançant les agressions déguisées en guerres saintes.
Le terrorisme islamique est dirigé par des recruteurs de pauvres types sans instruction. Ces recruteurs sont bien financés, et les «démocraties» occidentales leur fournissent des tonnes d’armes. Ils se fichent totalement du Coran, comme les bons chrétiens Bush père et fils se fichaient éperdument de la Bible lorsqu’ils ont entrepris de tuer des centaines de milliers d’enfants irakiens en les privant de médicaments et en les arrosant d’uranium appauvri. La religion est un argument de vente pour berner la chair à canon crédule.
Aveuglés par leur islamophobie, André Drouin et d’autres Québécois ne se rendent pas compte que le gouvernement d’Ottawa et les autres chiens de poche de Washington financent et équipent le terrorisme islamique avec nos impôts pour affaiblir ou détruire des États (Algérie, Russie, Irak, Libye, Syrie) qui refusent d’obéir au grand capital apatride basé à Wall Street.
En Syrie, les djihadistes sanguinaires que les psychopathes du gouvernement d’Ottawa appellent à renverser le président Assad, au nom de la démocratie et de la liberté, depuis deux ans et demi, ont attaqué récemment le village historique chrétien de Maaloula, dont certains habitants parlent encore l’araméen, la langue de Jésus-Christ. Qui défend la population de ce village? Ce ne sont ni Obama, ni Hollande, ni Harper, avec leurs projets débiles de bombardement de la Syrie pour «punir» Assad. Ce n’est pas Drouin non plus, trop occupé à manger ses oreilles de Christ dans le sirop d’érable. C’est l’armée syrienne de Bachar El-Assad qui défend les Syriens, peu importe leur confession. Oui, l’armée syrienne, y compris des soldats sunnites. Celle qui, selon Radio-Canada, massacrerait le peuple syrien.
Non content d’appuyer le terrorisme islamique quand ça l’arrange, le gouvernement d’Ottawa tente de le contenir quand ça ne l’arrange plus, avec nos impôts encore. Il envoie des jeunes Québécois se faire tuer en Afghanistan pour combattre les moudjahidines devenus talibans ou encore il fournit de la couteuse aide matérielle aux Français qui combattent au Mali les égorgeurs d’Al-Qaïda désoeuvrés après leur «guerre sainte» en Libye. Grâce à l’OTAN et à ses légions de mongols à barbe et à mitraillette, la Libye a été plongée dans un chaos permanent au nom de la liberté, de la démocratie et de la «responsabilité de protéger» les populations civiles.
Nos adversaires ne sont ni le Coran, ni le hijab, ni même le niqab à Montréal, mais bien les oligarques qui, avec leur cartel médiatique, font pleuvoir la désinformation sur nous pendant que leurs marionnettes politiciennes se servent à leur guise de nos impôts et de notre État pour nous tenir enchainés chez nous et faire exploser ailleurs hommes, femmes et enfants. Heureusement, de moins en moins de Québécois sont dupes. Nous finirons bien, avant longtemps, par sortir des débats étroits et des chasses aux sorcières pour poser les questions interdites.
Cinéma-vérité
Extrait d’une entrevue où Hillary Clinton explique que les États-Unis ont créé eux-mêmes Al-Qaïda dans les années 1980 pour combattre l’URSS en Afghanistan. Aujourd’hui, les États-Unis et leurs vassaux combattent les talibans en Afghanistan, mais se servent encore d’Al-Qaïda pour essayer de renverser le gouvernement syrien, comme ils s’en sont servis récemment pour renverser le gouvernement libyen. Le but des États-Unis est d’installer au pouvoir des marionnettes qui obéiront à Wall Street.
Documentaire (en anglais) sur la Tchétchénie, aujourd’hui reconstruite après la dure lutte de Moscou contre une armée de djihadistes lourdement armés et financés avec des pétrodollars, en vue de miner la Russie. Malgré le démembrement de l’Union soviétique, la Russie est demeurée le plus puissant adversaire du néolibéralisme triomphant en raison de ses capacités militaires et de son indépendance énergétique. Elle possède d’immenses réserves de pétrole et de gaz naturel. Sa dette publique est faible, et sa croissance économique est la plus forte des pays du G8.
La guerre en Tchétchénie nous a été présentée comme une guerre d’indépendance contre les méchants criminels de guerre russe par les mêmes médias qui nous ont toujours menti et qui continuent de nous mentir effrontément. Mais les Tchétchènes, eux, n’ont jamais voulu de cette guerre. Aujourd’hui, ils parlent leur langue, pratiquent leur religion avec dévotion, s’ils le souhaitent, et savent trouver l’équilibre entre leurs traditions et la modernité. Grâce à la Fédération russe, Grozny a été promptement reconstruite et est désormais une ville prospère. Rien à voir avec la guerre, la pauvreté, la désolation et la terreur qui règnent en permanence dans les pays où Washington, Londres, Paris, Ottawa et les autres «défenseurs des droits de la personne» ont installé la «démocratie» des bombes.
Islam: Empire of Faith, documentaire (en anglais) sur l’islam permettant d’en comprendre la nature véritable et l’apport immense à l’humanité. Si l’Occident a pu se sortir des ténèbres du Moyen-Âge et renouer avec son patrimoine oublié, c’est en bonne partie grâce à l’Islam, dont les racines sont les mêmes que le judaïsme et le christianisme. Empire of Faith fait ressortir la dimension politique de l’islam et nous permet de l’envisager autrement qu’à travers les mythes et les préjugés des islamophobes. Si les peuples prenaient le temps de s’écouter, au lieu de tomber dans les pièges de l’oligarchie, qui cherche à les diviser, ils se découvriraient des ressources énormes pour résoudre leurs problèmes. À nous de nous renseigner sur l’islam, et aux musulmans d’ici de comprendre l’histoire du Québec. — Merci à mon jeune ami indépendantiste Eid Harb (celui qui s’est déjà fait piquer son drapeau du Québec par la police de Québec) d’avoir attiré mon attention sur Empire of Faith, il y a quelques années, et de m’avoir aidé à comprendre beaucoup de choses. Eid est d’origine chrétienne libanaise. Merci également à ses parents de m’avoir accueilli fraternellement à leur table pour partager leurs repas.