Le dernier cas en lice ? Celui de Tourisme Montréal, organisme privé qui vit des subventions des trois paliers de gouvernement, et de son ancien roitelet déchu, Charles Lapointe. Comment décrire l’homme sans recourir aux métaphores porcines ? Tout un défi que celui-là ! Pour rester poli, je dirai donc un gros monsieur à complet trois pièces portant affreusement la moustache de banquier-qui-t’enlève-ton-parapluie-quand-il-commence-à-pleuvoir et qui se croit important à cause de son portefeuille bien garni de notre argent salement volé. Un sale type quoi ! Un digne spécimen sachant comment donner la nausée à ses commettants par ses seuls agissements.
Le vérificateur général du Québec reproche à Charles Lapointe d’avoir empoché un salaire indécent de 400 000$ pour diriger les destinées de Tourisme Montréal. Mais tout cet argent n’était pas suffisant pour que le fraudeur puisse boucler facilement ses fins de mois. Il s’est par conséquent fait verser une allocation annuelle de 10 800$ pour l’utilisation de son automobile alors que Tourisme Montréal lui en fournissait déjà une. Au cours des trois dernières années, il s’est aussi fait rembourser 10 000$ de dépenses en double. Et il a en plus fraudé l’impôt en déduisant 64 000$ en dons de charité de ses déclarations de revenus, alors que ces dons lui étaient remboursés par Tourisme Montréal. Il a aussi quitté ce dernier « emploi » en empochant une indécente prime de départ de 654 000$.
Pris la main dans le sac, Lapointe a remboursé ses vols les plus spectaculaires (le char pis les dépenses en double), prétextant qu’il ignorait que cela était du vol. Ben oui, un ancien ministre fédéral aurait ignoré pareilles évidences ! A-t-on vraiment des poignées dans le dos ?
J’entendais Richard Bergeron hier commenter l’affaire à Télé-Québec, sur le plateau de Bazzo. Il disait de Lapointe qu’il se comportait comme un caïd dans les milieux qu’il fréquentait; partout où il allait, les gens faisaient des courbettes devant lui. Des courbettes pourquoi ? Parce qu’il avait de l’argent à dilapider ? Toujours plus facile quand c’est de l’argent volé aux autres, pas vrai ? Tout ça m’écoeure comme c’est pas possible.
Pendant que nous, modestes citoyens, on peine à joindre les deux bouts, pendant que les gouvernements ne cessent de hausser les tarifs d’électricité, de transport, d’éducation et que sais-je encore ?, pendant que la facture d’épicerie monte en flèche, que le gouvernement coupe les prestations d’aide sociale, que le prix de l’essence atteint des sommets et que nos salaires, eux, demeurent scotchés au même maudit niveau, ben y’a des salopards comme Charles Lapointe qui s’empiffrent. À nos dépens !
Le pire, c’est que ces pillards ont des complices. Des complices qui ferment les yeux pendant que les fripons mettent les mains dans nos goussets.
Y’a-t-il vraiment quelqu’un qui croit que Lapointe pouvait pirater Tourisme Montréal sans que personne ne s’en rende compte ? Voyons donc !? Le conseil d’administration a tout vu passer ça. Pire : il lui a même voté une prime de séparation obscène, question de le remercier pour ses vols qualifiés. Ben sûr, ses complices ne le diront pas comme ça, ils vont se trouver des formules de fonctionnaire pour dissimuler les méfaits préfabriqués et sauver leurs sales faces, mais la réalité, c’est ça quand même. Et point barre. Mais comme on dit dans ce monde-là : un chum, c’t’un chum ! Pis on peut rien refuser à un chum, pas vrai ? Même si ce chum vole le monde…
Mais il nous reste quand même le loisir de pointer du doigt. Et je ne me gênerai certainement pas pour le faire. Alors voici les ceuzes qui trônaient sur le conseil d’administration de Tourisme Montréal pendant que Charles Lapointe terminait son œuvre de brigandage : Michèle Archambault de l’UQAM ; Pierre Bibeau de Loto-Québec (et libéral notoire) ; Bernard Chênevert d’Intercontinental Montréal ; Jean-Paul de Lavison de JPdL ; Yves Degin de la Société de Transport de Montréal ; Jacques-André Dupont de Spectra ; Chantale Gagnon de la Ville de Montréal ; Michel G. Giguère de Sheraton ; Debbie Legroux d’Air Canada ; Richard Payette du Fairmont Reine Élizabeth II ; Ilene Polasnky de Maestro SVP ; Danielle Sauvage du Conseil des arts de Montréal, Marc Tremblay du Palais des congrès de Montréal….et David Heurtel, alors dirigeant de la Régie olympique.
Sans farce, vous tous qui assistez présentement à l’exposition au grand jour d’un nouveau cas de fraude, vous qui étiez aux premières loges quand tout cela se passait, dites-moi : vous n’êtes pas gênés d’être ce que vous êtes? D’agir comme vous le faites ? De détourner le regard pendant que les larcins se commettent ? Et vous, M. Heurtel, vous qui osez vous présenter sur la scène électorale pour le parti libéral, vous ne ressentez pas un malaise, pas même un tout petit, à la lumière de tous ces faits ? Et ne me dites surtout pas que vous n’avez rien vu, ni rien entendu ! On l’a bien déjà assez entendu celle-là sur la scène de la commission Charbonneau…
Il est vrai que M. Heurtel prétend pouvoir remplacer un député libéral dans Viau, Emmanuel Dubourg celui-là, qui est lui aussi parti avec la caisse (prime de départ de 100 000$) en abandonnant les gens de ce comté pour se lancer à la succession fédérale de Denis Coderre dans Bourassa. Alors croire qu’un cas de conscience pourrait l’affecter à ce stade-ci en songeant à l’écoeurante prime de départ versée à Lapointe, alors qu’une toute petite semaine et demie le sépare de l’Assemblée nationale, c’est probablement fort naïf de ma part. Probablement aussi naïf que de croire qu’un jour ces gens payeront pour leurs infamies ! Après tout, Emmanuel Dubourg vient d’être élu dans Bourassa, il a réussi son pari quelques mois seulement après avoir empoché une prime de départ injustifiée. Comme quoi, c’est bien difficile de punir les coupables, les ceuzes qui nous forcent à nous serrer toujours davantage la ceinture en vidant les coffres publics.
Mais un jour, j’imagine, que tout cela changera. Pour le mieux. Parce que les citoyens prendront enfin le taureau par les cornes. Je préfère le croire, même si ça me force à demeurer naïf pour le restant de mes jours, plutôt que de mourir amer et résigné comme tant d’autres.