Les impuissants du fédéralisme pétrolifère

La question de l’indépendance est liée à tous les enjeux de société. Comment peut-on être une société libre et responsable en étant une simple province, une société empêchée et brimée par l’État canadien, une société sans véritable pouvoir? Si le Québec veut protéger son environnement, par exemple, s’il veut miser sur le développement durable, il ne peut pas le faire à l’heure du fédéralisme pétrolifère avec un semi-État inféodé à l’État fédéral. Il faut faire l’indépendance. Il nous faut un État souverain. Au plus sacrant.

Le transport des matières dangereuses et du pétrole en particulier inquiète de plus en plus les Québécois. Les gens d’ici ont été horrifiés par la tragédie de Mégantic et craignent les projets qu’Ottawa et les pétrolières veulent nous imposer avec la complicité du gouvernement libéral à Québec : inversion de la ligne 9 d’Enbridge, pipeline Énergie-Est de TransCanada, port pétrolier à Cacouna, augmentation du transport du pétrole par bateau, par camion et par train, avec les risques que l’on connaît. Au Canada, on veut faire du Québec une autoroute pour le pétrole bitumineux de l’Alberta, alors que nous assumerons tous les risques pour presque aucun bénéfice. Cette situation illustre bien la dangerosité et la perversité de notre situation de dépendance par rapport au Canada anglais et à ses intérêts.

Le drame, c’est que le peuple québécois est presque impuissant. Non seulement ne pouvons-nous pas compter sur le gouvernement libéral à Québec pour nous défendre contre les projets d’Ottawa et des pétrolières, mais même si le gouvernement du Québec décidait de s’opposer, que pourrait-il? Bien peu. Le plus souvent, c’est Ottawa qui a le dernier mot. À cet égard, il faut rappeler que le fleuve St-Laurent, le transport maritime et le transport ferroviaire sont de juridiction fédérale, tout comme il revient au gouvernement fédéral d’autoriser l’inversion du pipeline d’Enbridge. D’ailleurs, rappelez-vous ce que le porte-parole d’Enbridge a déclaré lors de la commission parlementaire mise sur pied par le Parti Québécois en 2013 : peu importe ce que recommandera le gouvernement du Québec, c’est Ottawa qui prend les décisions. Et il avait raison! Les « vraies affaires » se décident à Ottawa.

Ainsi, à l’heure du fédéralisme pétrolifère (pour reprendre l’expression de Robert Laplante*), le Québec-province se voit soumis aux intérêts d’Ottawa, de l’Alberta et des pétrolières, et c’est nous et notre environnement qui écoperont lorsque les pipelines se déverseront dans nos cours d’eau et sur nos terres, lorsque les superpétroliers pollueront notre fleuve, lorsqu’un nouveau Mégantic surviendra. La situation est claire, limpide : un Québec vert ne pourra pas exister dans un Canada bitumineux. Sortons au plus vite de ce pays-là. Faisons l’indépendance du Québec.

*J’invite le lecteur à consulter ce dossier de L’Action nationale sur le pétrole, ainsi qu’à visionner cette vidéo d’Option nationale, tout comme cette conférence de presse de Mario Beaulieu, chef du Bloc Québécois, etcette vidéo de mon ami Patrick Bourgeois.

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