Le débat sur l’automobile hydroélectrique

La pseudo solution de l’auto solo hydroélectrique est allé de Charybde en Scylla, de l’extractivisme des hydrocarbures à l’extractivisme des polluantes mines à ciel ouvert qui ont besoin des hydrocarbures pour produire et transformer leurs minerais. Les autos électriques comme celles à essence engendrent le même étalement urbain, la même profusion d’accidents, la même consommation de masse propre aux banlieues de maisons unifamiliales et même en rangées, les mêmes profits monopolistes des transnationales de l’automobile, anciennes et nouvelles, et de leur complice GAFAM, soutenues par le capital financier dont elles font elles-mêmes partie. Elles sont au cœur d’un renouveau de l’accumulation capitaliste.

L’affiche ci-contre vise dans le mil du faux dilemme

L’alternative est un réseau de transport en commun comme service public gratuit, fréquent, confortable, électrique et surtout partout jusqu’au moindre village empruntant l’existant réseau routier, mais sans l’agrandir, d’où on aura dégagé sur une dizaine d’années toutes les autos solos sauf celles en autopartage/camion-partage pour des besoins spéciaux. Le tout sans nouveaux trains aériens (REM), métro, tunnel (troisième lien), et bien sûr sans subvention pour l’achat d’auto électrique. Leur épargne (coût d’opportunité en jargon) financera en grande partie l’ensemble de l’œuvre. Tous ces autobus, tramways et tutti quanti peuvent être fabriqués au Québec qui a les usines pour ce faire, ce qui n’est pas le cas pour les autos solo. Mais il faut avoir le courage politique de bannir toutes les autos solos, électriques compris, ce qui serait un immense soulagement pour le budget des ménages, qui épargneront en moyenne au moins 20 000 $ l’an, et pour la convivialité des espaces urbains.

C’est une telle radicalité de gauche qui est l’alternative à la radicalité de droite favorisant le « char » tous azimuts, qu’il soit électrique à la mode CAQ-PLQ-QS — indépendamment du subterfuge « le moins possible » qui ne tient pas la route étant donné les rapports de force économique — ou à essence à la mode droite extrême PCQ. L’orgie d’autos solo nécessite une orgie d’autoroutes et de ponts et oblige à Montréal un dispendieux transport en commun en sus soit aérien (REM) ou sous-terrain (métro) pour soulager la congestion des heures de pointe sans
déranger le flux des autos solo qui accaparent la trame urbaine et le réseau routier. La soif de l’auto solo pour l’espace urbain est telle que lui enlever un petit 500 mètres pour accommoder le futur tramway de la Ville de Québec provoque un tollé.

L’urgence climatique exige de révolutionner tant le mode de transport que le mode d’habitation. Le Québec, exception à la règle mondiale, n’a pas besoin à court ou moyen terme de révolutionner le mode de production d’énergie s’il ne gaspille pas ses surplus hydroélectriques en fermes de serveurs pour les crypto-monnaies et l’inutile connectivité 5G et en exportations fermes pour nourrir l’impérialisme étasunien. La révolution du mode d’habitation passe par l’interdiction de construire de nouvelles maisons individuelles et en rangées et le regroupement de l’habitation dans les villes et villages sous des formes minimisant la consommation d’énergie et d’eau. Ces nouveaux modes d’habitation s’imbriquent dans une révolution de l’aménagement du territoire maximisant transport actif, circuits courts et mixité des fonctions dont l’agriculture urbaine comme application de la révolution agrobiologique.

Pour justifier le manque d’audace pour ce faire, on nous sert l’excuse plate du manque de moyens budgétaires. A-t-on manqué de moyens pour sauver les banques et « l’économie » lors de la crise de 2008 et celle pandémique ? A-t-on manqué de moyens quand la société québécoise, dans les années 1960-70, a mis les bouchées doubles pour mettre à niveau ces réseaux hospitalier, scolaire, routier, énergétique afin d’accommoder la vague démographique
des baby-boomers et moderniser les infrastructures avec en prime l’Expo 67 et les Jeux olympiques de 1976 ? A-t-on manqué de moyens quand en 1939 il a fallu retourner comme une crêpe la structure économique du Canada et des ÉU pour la guerre ?

Et aujourd’hui on manquerait de moyens pour sauver la civilisation ? Peut-être faudrait-il regarder de plus près les taux d’imposition des profits, chiffre d’affaires, capitaux, revenus élevés et patrimoine qui ne sont plus que l’ombre de ce qu’ils étaient dans les années 50-70 ? Peut-être faudrait-il mettre fin à la liberté des flux de capitaux et au contrôle mesquin et raciste de l’immigration en faveur de la planification démocratique des profits et épargnes et de la liberté de circulation des personnes ? Peut-être faudrait-il jauger et sévir contre les billions de
dollars cachés dans les paradis fiscaux, quasi inexistants il y a un demi-siècle, à l’encontre de notre ploutocratie qui fait pâlir d’envie les oligarques russes ? Et si on expropriait une fois pour toutes cet accapareur 1% capitaliste va-t’en-guerre qui bouffe la planète quand il ne la détruit pas ?

Posted in chroniques environnement, Journal Le Québécois.

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