Je me souviens

Mon père m’a appris bien des choses : à marcher, à rire, à pleurer, à penser. À vivre, quoi. Il m’a aussi transmis des valeurs fondamentales qui guident toujours ma vie et mon militantisme politique : la justice, la liberté, la dignité, la fierté, la solidarité. Il m’a fait connaître mon pays, son histoire, sa culture, sa langue, et m’a donné la fierté d’être Québécois. Je lui dois beaucoup.

Il m’a appris qu’on ne doit jamais courber le dos devant personne. Que l’on doit résister, toujours, devant les épreuves. Il m’a appris que l’on doit rêver et qu’il faut garder espoir. Que pour atteindre un idéal, il faut avoir la tête dure, être déterminé, persévérer. Il m’a également appris qu’il faut avoir les idées claires, savoir où l’on va. Serez-vous surpris d’apprendre que le politicien pour lequel il avait le plus de respect était Jacques Parizeau?

Sa vie aura été un modèle d’engagement au service des siens et du Québec. Par exemple, il travailla la majeure partie de sa vie dans la fonction publique québécoise : parti tout au bas de l’échelle, il termina sa carrière comme administrateur attaché à la direction générale de l’administration financière aux Affaires municipales avec 155 professionnels sous sa responsabilité. Il fut de cette génération des bâtisseurs de l’État québécois. Il en était fier et il avait bien raison.

Mon père s’est aussi beaucoup impliqué dans le mouvement syndical (notamment au sein du Syndicat de la fonction publique du Québec), dans le mouvement coopératif (en particulier chez Desjardins pendant de nombreuses années) et auprès du Directeur général des élections du Québec (pour l’organisation d’élections et de référendums). Il m’a appris à être un citoyen engagé. Il m’a appris la solidarité et la justice sociale.

Lorsque nous avons fondé l’organisation du Québécois, il a été un soutien précieux. Il nous a beaucoup encouragés et il fut même un généreux mécène. Il était bien fier de nos réalisations et de nos victoires. Je lui ai d’ailleurs dédié Québec libre!, mon livre d’entretiens politiques avec Pierre Falardeau, qu’il aimait beaucoup. Aujourd’hui, mon père, tu peux rejoindre Pierre et tous nos disparus avec le sentiment du devoir accompli. Salue-les de ma part si tu peux.

Quant à nous qui vivons, souvenons-nous de tous ces hommes et de toutes ces femmes, de tous ces Québécois dont la contribution à l’avènement d’un Québec moderne, juste et libre vaudra plus que celle de beaucoup de nos politiciens, et ce, même s’ils n’auront pas leur photo dans les livres d’histoire. Le Québec debout, c’est eux, les hommes et les femmes libres et fiers qui ont bâti notre pays chaque jour loin des projecteurs.

Merci, mon père. Merci à tous ces Québécois et à toutes ces Québécoises qui ont fait d’un petit peuple de vaincus une nation qui peut encore rêver de liberté et d’indépendance. Merci et reposez en paix.

 

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