Affaire Faux-grillon : vers le sommet du pouvoir

Mes motivations dans cette histoire:

Dans le dossier qui suit, je fais la démonstration que d’importants intérêts économiques travaillent au détriment de la biodiversité, de la vie. En général, et particulièrement aux alentours de Montréal.

À la lecture de ce dossier, certaines personnes pourraient m’opposer que je travaille au détriment des « créateurs de richesse », ceux-là qui promeuvent des projets immobiliers de nature à regarnir le compte de taxes des villes. Ou qui créent des jobs. Là n’est pas mon but.

Je reconnais le droit à quiconque de mobiliser complètement sa vie en fonction de l’accumulation de capitaux, de profits. C’est là l’essence même de l’esprit capitaliste, système dans lequel nous vivons toujours. Évidemment là ne réside pas la motivation exclusive de ma propre vie. Bien sûr, l’argent est important. Je considère quand même que la poursuite du bonheur se doit d’être alimentée à d’autres sources que seulement celle-là. Je reconnais tout de même, et quoi qu’on puisse m’opposer à l’issue de la lecture de ce dossier, le droit aux autres de construire leur vie ainsi: le profit avant tout.

Je ne reconnais par contre pas le droit à quiconque de pourchasser le profit au détriment d’espèces menacées, d’habitats sensibles. Lire ici la rainette faux-grillon et les milieux humides. Ou plus loin ailleurs, ce Saint-Laurent qui m’est si cher.

Les autres créatures ont tout aussi le droit à la vie que nous, représentants de l’espèce humaine. Lorsque le profit devient une menace à la survie des espèces elles-mêmes, je considère qu’il est du devoir du plus grand nombre de se dresser, de se braquer, de s’opposer. Avec l’énergie du désespoir s’il le faut.

Surtout que ces habitats rendent en plus de grands services économiques à l’humain. On ne peut se les faire collectivement subtiliser pour le profit seul de quelques-uns.

Les personnes que je vous présenterai dans ce dossier menacent la survie de plusieurs espèces au bord de l’extinction, et de leurs habitats. Elles ne sont probablement pas fondamentalement méchantes pour autant. Mais il se trouve que leurs actes sont, eux, profondément répréhensibles. Je me dois, et nous nous devons tous, de les condamner pour cela.

Et qu’elles comprennent bien, certaines de ces mêmes personnes prêtes à écraser une rainette au nom de l’érection d’un nouveau condo que ce ne sont certainement pas des menaces ou des mises en demeure qui nous pousseront à baisser les bras. Leurs projets sont néfastes pour les animaux, les communautés humaines, et la planète. Nous les combattrons de ce fait jusqu’au bout.

Résumé du dossier:

Novembre 2020, des travaux sont menés à Longueuil, en plein coeur d’un habitat de rainette faux-grillon, espèce menacée du Québec. Le promoteur a drainé ces terres pour mieux y construire un complexe immobilier. La Ville de Longueuil a émis des constats d’infraction, mais au moment d’écrire ces lignes, l’obligation de remettre le site en état n’a toujours pas été respectée. Le ministère de l’Environnement du Québec, veule dans ce dossier, semble maintenant plutôt enclin à s’entendre avec les promoteurs.

Je me suis bien sûr opposé à ces travaux et j’ai dénoncé les responsables. Le promoteur (Gaétan Houle-Shathony) m’a donc fait parvenir une mise en demeure. Cela ne me convainc que davantage de poursuivre l’enquête.

Je découvre ainsi que ledit promoteur de Longueuil (Gaétan Houle-Shathony) mène plusieurs projets menaçant des milieux humides où l’on retrouve des espèces sensibles, dont la rainette faux-grillon, et ce, un peu partout dans la région du grand Montréal. C’est le cas à Boucherville. Gaétan Houle et ses partenaires menacent la Ville de Boucherville de poursuites de l’ordre des 100 millions$ parce qu’elle s’oppose à leurs projets qui impliquent la destruction de marais où se trouvent des rainettes faux-grillon, et ce, pour mieux y construire des maisons.

Le projet de Houle et associés profite de la décontamination de la carrière Rive-Sud qui se trouve tout juste à côté du site où ils planifient la construction desdites maisons. Une fois la carrière décontaminée, le groupe Lépine, qui en est encore propriétaire aujourd’hui, souhaite la redonner à la Ville pour une transformation en parc urbain, parc qui attirera assurément des résidents-clients dans le projet de Houle et associés.

Or, la carrière est fortement contaminée.

La compagnie Sanexen qui se charge de la décontamination se pourvoit en matériaux de remplissage à différentes sources, dont la démolition du pont Champlain. Plusieurs arguent que ces résidus sont fortement contaminés. Les promoteurs qui remplissent actuellement la carrière Rive-Sud sont, pour plusieurs d’entre-eux, des « vedettes » de la commission Charbonneau, exercice qui a porté sur les scandales de l’industrie de la construction. Ce qui alimente d’autant les inquiétudes par rapport à la carrière et les habitats de rainettes qui se trouvent tout autour.

J’ai appris qu’une autre source de résidus de remplissage de la carrière Rive-Sud se trouve à Contrecoeur. Les résidus du dragage du nouveau port de Contrecoeur serviront à remplir la carrière de Boucherville. Ces sédiments sont eux aussi fortement contaminés et menaceront la santé des écosystèmes de Boucherville. Alors pourquoi Sanexen souhaite-t-elle utiliser ces sédiments pour son projet de décontamination de Boucherville? Tout simplement parce que Sanexen est le bras environnemental de Logistec, une compagnie impliquée jusqu’au cou à Contrecoeur et dans le projet de nouveau port.

Mais la rainette faux-grillon est aussi présente à Contrecoeur. Le projet de port menace la pérennité de ces populations fragiles. La rainette et ses défenseurs font là face à de puissants intérêts économiques et politiques.

Tout d’abord, le nouveau port serait géré en partie par Termont, qui est une filiale de Logistec, et donc de Sanexen. La tête dirigeante de Logistec a rencontré le ministre Pierre Fitzgibbon en 2019 pour parler des projets de Logistec. Quelque temps après, le gouvernement caquiste reprenait à son compte la Stratégie maritime du gouvernement précédent et qui misait sur Contrecoeur; 55 millions$ étaient de ce fait accordés par Québec au projet de port de Contrecoeur.

L’autre compagnie qui est appelée à gérer le nouveau port de Contrecoeur est Montréal Gateway. En 2015, la FTQ s’est associée à Axium Infrastructure, une filiale de Fiera Capital (dont la FTQ possède des actions), afin d’acheter cette compagnie. Axium est une compagnie dirigée par d’anciens cadres de SNC Lavalin, dont l’ancien libéral Pierre Anctil. SNC Lavalin a produit le rapport d’impact environnemental de Contrecoeur pour l’Administration portuaire de Montréal (APM), agence fédérale qui dirige le projet de Contrecoeur. La FTQ possède des actions de SNC Lavalin. Et la FTQ finance la stratégie maritime du gouvernement du Québec à hauteur de 100 millions$, et mène des projets à hauteur d’un autre 100 millions$ avec l’APM. Sur le conseil d’administration de l’APM, on retrouve le libéral John Parisella, l’ami de Pierre Anctil, dirigeant d’Axium infrastructure.

Comme on le voit, la FTQ en mène très large dans ce projet de Contrecoeur.

Au niveau du sol, la FTQ s’est associée au groupe Grilli, partenaire d’affaires de Gaétan Houle à Boucherville, pour construire deux pôles commerciaux et industriels à Contrecoeur: Cité 3000 et le Technopôle. Gaétan Houle possède lui aussi des terrains à Contrecoeur où il projette la construction de quelque 450 maisons. Ces terrains se trouvent tout juste à côté de ceux de Grilli-FTQ.

Une première étude d’impact environnemental concernant ce projet a par le passé été remise à Environnement et Changement climatique Canada. Le rapport était très critique à l’égard du projet de Contrecoeur. On y relevait plusieurs manquements, de même que d’importants risques à l’égard d’espèces menacées. Le gouvernement canadien a tout de même alloué une somme de 300 millions$ à ce projet. Et puis, comme par magie, une seconde étude a été rendue publique à la fin de 2020 et plus aucun problème environnemental important n’y était noté; le projet de port n’était plus supposé nuire à la rainette faux-grillon ou au chevalier cuivré. On pouvait donc le construire en toute sérénité.

La seconde étude en question a été produite par l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AIEC). Le vice-président de cette agence fédérale mandatée afin de cautionner le projet de Contrecoeur, projet dirigé par une autre agence fédérale et financé par le gouvernement du Canada, est l’ancien responsable de la politique gazière et pétrolière du Canada. Et le responsable du dossier Contrecoeur à l’APM est aussi président d’une importante compagnie pétrolière (Norcan).

Dans ce dossier, tout est parfaitement organisé, soigneusement planifié. Alors pourquoi diable devrais-je donc m’inquiéter…

Les détails et les précisions se retrouvent dans le dossier qui suit…

 

Plus je fouille ce dossier, et plus je monte des marches qui me conduisent vers le sommet de la pyramide du pouvoir. Plus je gravis ces marches, et plus ça me donne le vertige. Sur la route de la protection de la rainette faux-grillon, les amoureux de la nature devront surmonter des obstacles énormes, renverser des intérêts titanesques qui se tapissent dans les conseils d’administration des plus grosses compagnies, ou derrière les portes des plus influents ministères. Autrement dit: faudra qu’on attache nos tuques avec de la (double) broche si on veut passer à travers tout ça sans trop d’ecchymoses!

Au début de cette histoire, il était surtout question d’un simple méfait au niveau local; à l’échelle de Longueuil pour être plus précis. Un entrepreneur avait là-bas, en novembre 2020, mené des travaux illégaux dans un habitat de rainettes faux-grillon. Il a été condamné pour ça à payer deux amendes de 896$ et 2500$. Il s’agissait d’une compagnie à numéro possédée par Gaétan Houle et le groupe Shathony. Cette destruction m’avait choqué. J’avais par conséquent dénoncé haut et fort. (Au moment d’écrire ces lignes, on attend toujours que l’obligation de remettre le site en état soit respectée et il semblerait, selon nos échos, qu’elle ne le sera jamais vraiment. Le ministère de l’Environnement exigerait simplement de placer des ballots de foin dans les canaux afin de filtrer les sédiments remis en circulation par les travaux; une belle ineptie, quoi!)

Afin de me faire taire, ladite compagnie m’a fait parvenir une mise en demeure. J’ai quand même poursuivi mon enquête qui m’amène maintenant à un tout autre niveau, qui m’éloigne quelque peu de Gaétan Houle (mais pas tant que ça, en même temps, on verra ça plus tard). J’atteins maintenant un niveau qui nous permet de bien observer tous les rouages d’un système fort bien huilé, système qui a été mis en place par différents acteurs influents pour détruire, au nom du profit, les derniers espaces naturels de la grande région de Montréal.

Depuis le déclenchement de toute cette affaire, plusieurs personnes me contactent pour me révéler un élément ou un autre en lien avec celle-ci. En échange d’informations précieuses, elles me demandent tout simplement de respecter leur anonymat puisqu’elles craignent les représailles; condition que je respecte toujours sans faille. Ces jours-ci, une source – on va l’appeler Thérèse – m’a dit de m’attarder à la carrière de Boucherville, carrière qui se trouve tout juste à côté des terrains de la Société en commandite Le Terroir de Boucherville (dont les actionnaires sont Houle-Bolduc-Migliara-Grilli). Dans mon dernier article portant sur toute cette affaire, j’avais abordé ce secteur qui abrite des populations de rainettes faux-grillon et que Gaétan Houle et ses partenaires visent pour la construction de maisons.

On poursuit l’enquête du côté de la carrière de Boucherville

Thérèse m’a plus précisément dit de fouiller du côté du contrat de décontamination de la carrière qui se trouve à Boucherville. Le contrat a été accordé à la compagnie Sanexen dont les bureaux se trouvent sur l’avenue de Châteauneuf à Brossard, anciennement la rue Catania. Cela m’a bien sûr intrigué et j’ai tenté d’en savoir plus.

La carrière en question est la Carrière Rive-Sud, le propriétaire est le Groupe immobilier Lépinevia la Succession Lépine. Le fondateur du groupe est René G. Lépine. Il a lancé son entreprise en 1952. Et il est décédé en 2012. Ce sont ses enfants qui assurent depuis la succession dans l’entreprise. Un peu avant sa mort, il souhaitait que quelque chose soit fait avec la carrière fortement contaminée de Boucherville qu’il possédait toujours.

René G. Lépine a marqué le monde de l’immobilier au Québec. On lui doit les deux pyramides du Village olympique, le Peel Plaza, le Sanctuaire du mont Royal et l’amélioration de la rue Maisonneuve aux coins des rues Stanley et Drummond. Au cours de sa carrière, il a fait construire plus de 20 000 unités résidentielles. Il en menait tellement large dans l’immobilier que certains le surnommaient le Donald Trump du Québec.

En 1974, René G. Lépine, Joseph Zappia, Gerald Robinson et Andrew Gaty, actionnaires de la compagnie Zarolega, ont été directement nommés par le maire Jean Drapeau pour construire le village olympique des Jeux d’été de 1976. Importante mission s’il en fut une. Mais les problèmes survinrent rapidement et de nombreuses histoires peu ragoûtantes ont circulé à propos de la construction du parc olympique. Les coûts ont d’ailleurs explosé et Joseph Zappia et ses acolytes furent accusés de fraude; la perte de confiance dans les promoteurs était telle que le gouvernement leur retira la propriété du village. L’affaire se rendit devant la Cour suprême du Canada.

Lors de son passage devant la commission Charbonneau, en 2014, Tony Accurso a mentionné le nom de Zappia, qui était un grand architecte selon lui. En 2005, Zappia vivait à Rome. La police italienne le décrivait comme le paravent légal des Rizzuto de Montréal dans le projet de construction du pont de Messine, pont devant relier la Sicile au reste de l’Italie. La mafia montréalaise comptait blanchir les millions$ obtenus avec le trafic de drogue en finançant la construction dudit pont. Ce projet a été annulé à cause de l’implication de la mafia.

En 1999, la compagnie El-Pine inc de René Lépine se retrouve au coeur de la controverse impliquant le ministre libéral des Travaux publics, Alfonso Gagliano. Ce dernier, par l’entremise de la Société immobilière du Canada, a autorisé la vente d’un immeuble appartenant à la Défense canadienne à la compagnie de Lépine. Le hic étant le prix de vente de 4 millions$, alors que le bâtiment était évalué à 9 millions; la valeur commerciale tournait, elle, autour des 16 millions$. Il n’en fallut pas plus pour que l’opposition lance des accusations de copinage, en soulignant que René Lépine était un allié de longue date du Parti libéral du Canada.

Et on revient à Zappia et au pont de Messine…

En 2014, lorsque l’entrepreneur Tony Accurso a comparu devant maître Sonia Lebel de la commission Charbonneau, les noms de Grilli, mais surtout de René Lépine firent surface.

Je laisse le soin à M. Accurso de raconter les liens qui existaient entre lui et M. Lépine:

« Monsieur Rizzuto m’a parlé à quelques occasions. Il était dans le domaine immobilier. Je vais vous expliquer un petit peu qu’est-ce qui s’est passé. Moi, là, j’ai… j’ai construit les tours pour monsieur René Lépine, le 1200, Maisonneuve [2005, la même année que le lancement du projet de la carrière de Boucherville]. C’est un… c’est deux tours de trois cents (300) condos et puis… et puis, monsieur Lépine m’a octroyé les… m’a octroyé le contrat. Monsieur Lépine, c’est un gars qui est… qui est très… c’est un entrepreneur qui a construit au-dessus d’un point six milliard (1,6 G) de construction à Montréal. Il a construit le Village olympique dans le temps. C’est un bon développeur et il voulait que je construise ses tours parce que, lui, il était rendu plus vieux, puis il faisait… il donnait… il voulait donner l’ouvrage à quelqu’un d’autre pour le faire. Moi, j’avais une très bonne réputation et durant… il… il m’a donné la job. Et puis mons… un des messieurs qui travaille… qui est très proche de monsieur Lépine – dans le temps, aujourd’hui, malheureusement, il (M. Lépine) est décédé – c’était un nommé Fil… Filippo Ranieri. Et Filippo venait visiter le chantier souvent. Il voyait la façon que le chantier était exécuté. Il voyait la vitesse. On montait un étage par semaine. C’est…on… ça allait très bien le… le travail. Et…et monsieur Ranieri connaissait monsieur Vito Rizzuto. Et, par la suite, sur d’autres projets comme 1000, de la Commune, monsieur Rizzuto m’a approché pour que… il voulait voir si j’étais intéressé de construire 1000, de la Commune.«

En 2005, Filippo Ranieri, le collaborateur de M. Lépine, était recherché par la police italienne parce qu’il était lui aussi impliqué dans le scandale du pont de Messine, scandale au coeur duquel on retrouvait Zappia. Ranieri était un intermédiaire du clan Rizzuto

Voilà pour l’histoire polémique du groupe propriétaire de la Carrière Rive-Sud. Mais il s’agit là du passé. Les choses ont pu depuis changer.

Pour ce qui est de la carrière Landreville (maintenant la carrière Rive-Sud), mentionnons que des années durant, il s’agissait d’un vaste dépotoir illégal en périphérie de Montréal. On y brûlait, en toute violation des lois et sans que les propriétaires ne soient le moindrement du monde inquiétés pour ça, toutes sortes de déchets. (Pour plus de détails, je vous propose la lecture de cet article.)

Résultat des courses? Le site est aujourd’hui fortement contaminé par différents poisons. On y note la présence de cuivre, de trichloréthylène, du benzène de l’éthylène, du nickel, du cadmium, du plomb, de l’arsenic, du chrome et du zinc. Ce qui contamine bien sûr la nappe phréatique qui se trouve en dessous.

Étant donné que la Ville de Boucherville et le ministère de l’Environnement ont implanté la réserve naturelle Pierre-Dansereau tout juste à côté, on peut comprendre la nécessité de décontaminer le site. Le ministère l’a aussi exigé pour la Santé publique, et ce, parce que certains des résidents des alentours puisent toujours leur eau potable à l’aide de puits potentiellement contaminés par ladite carrière, et non pas encore à l’aide de l’aqueduc de la ville de Boucherville; cette situation devrait prochainement être corrigée si l’on se fie aux exigences dudit ministère dans ce dossier.

Une fois l’opération de décontamination effectuée, il a été entendu que le Groupe Lépine fera don de la carrière à la municipalité de Boucherville afin qu’elle développe le projet de Parc Le Terroir, parc qui sera construit autour de la carrière. Le projet résidentiel l’Éco-Quartier le Terroir de Houle-Bolduc-Migliara-Grilli, projet lancé en août 2005, s’appuiera sur ce parc afin d’attirer plus efficacement les clients. C’est ainsi que le groupe de promoteurs annonce l’affaire, dans un document produit par lui en 2016 afin de mousser son projet:

« Nous tenons à clarifier que le projet domiciliaire du secteur Le Terroir se distingue de celui de la revalorisation du site des Carrières Rive-Sud. La réhabilitation de l’ancienne carrière et sa conversion en parc sera évidemment un ajout appréciable à notre projet et aux citoyens de Boucherville. En effet, de par sa nature, les fonctions récréatives proposées et sa portée régionale, la décontamination et la requalification de la carrière en un parc d’envergure sont des éléments qui devraient être une priorité pour l’administration municipale.«

À noter, sur la carte qui suit et qui présente le projet de messieurs Bolduc, Houle et Grilli, que les espaces réservés à la nature ont été réduits comme peau de chagrin. Environ 30% de l’espace total. Cela étant la gracieuseté de certains messieurs oeuvrant de manière pleutre dans les ministères destinés pourtant à protéger la nature. Vers 2007, il y a eu des opérations des Villes forçant l’adoption en série de Programmes particuliers d’urbanisme (PPU) qui permettaient aux promoteurs de développer à peu près n’importe comment, n’importe où, avec l’assentiment du ministère de l’Environnement, à condition qu’ils protègent environ 30% des milieux naturels visés par lesdits projets domiciliaires.

Une source – on va l’appeler Pierrot – m’a fait parvenir une communication officielle de la Ville de Boucherville de cette époque-là et signée par la mairesse d’alors, Francine Gadbois. Dans cette missive, on apprend que la mairesse a négocié avec les promoteurs et le ministère de l’Environnement une entente faisant passer de 25% à 33% la superficie protégée dans le cadre du PPU9 de Boucherville, qui comprend les terrains de nos promoteurs. À l’évidence, la mairesse Gadbois avait le pourcentage facilement heureux eu égard à la préservation de milieux naturels. 33%, pour les derniers sites où se trouvent des rainettes faux-grillon, une espèce menacée, c’est rien.

Ces PPU irresponsables ont donné naissance à des cartes comme celle-ci, alors que l’habitat de la rainette à pareil endroit ne tient plus à grand chose (zones en brun sur la carte), on en conviendra.

Sur la carte qui suit et qui a elle été produite par le groupe Houle-Bolduc-Migliara-Grilli, on peut constater le nombre de maisons qu’il est prévu de construire à cet endroit, à côté de la carrière Rive-Sud. Et en ce qui concerne la vocation « éco » du projet, on pourra repasser. Les milieux humides y sont à peu près complètement détruits, les maisons seront construites à côté d’une carrière violemment polluée qui aura été décontaminée, mais jusqu’à quel point?, et un pipeline passera à travers les maisons…

 

Première chose qui étonne dans le dossier de la décontamination de la carrière, c’est que les travaux ont débuté en 2018 avant même l’attribution d’un certificat d’autorisation. Au départ, Sanexen projetait de faire passer ses camions par-dessus les étangs de rainettes faux-grillonHeureusement, cette option a été bloquée par le travail acharné des protecteurs de la rainette. Les camions ont donc dû se frayer un chemin jusqu’à la carrière autrement.

Deuxième chose qui étonne, c’est qu’une source – on va l’appeler Robert – nous a dit que le remplissage de ladite carrière devait en bonne partie se faire avec les résidus de la construction du port de Contrecoeur. Le plan à Boucherville étant de recouvrir les sédiments contaminés par des sédiments plus sains, et d’empêcher tout contact entre les deux couches à l’aide d’une toile géotextile. C’est ce qu’on appelle un encapsulage. Pour que cela fonctionne, il est bien sûr nécessaire que les matériaux de remplissage soient beaucoup moins pollués que ceux qui étaient déjà présents dans la carrière. Ce qui ne serait pas vraiment le cas si les boues industrielles de Contrecoeur devaient être utilisées à de telles fins.

J’ai tenté de prouver les dires de Robert au sujet de Contrecoeur. Et j’ai trouvé ma preuve dans un document interne et confidentiel produit par Sanexen. Ce document a été remis au ministère de l’Environnement en 2018. Dans ce document, Sanexen confirme vouloir utiliser les sédiments obtenus lors du dragage du port de Contrecoeur afin d’accélérer les travaux de décontamination de la carrière de Boucherville. Dans ces communications, jamais Sanexen ne parle de résidus supérieurement contaminés à la catégorie B.

(Pour mieux comprendre l’échelle de catégorisation des sols contaminés, vous référer à ces documents: Réhabilitation des terrains contaminés et Règlement sur la protection et la réhabilitation des terrains.

À noter que le port de Contrecoeur fait intervenir un autre scandale environnemental impliquant cette fois non pas une mais au moins deux espèces menacées: le chevalier cuivré et la rainette faux-grillon.

Mais la question qu’il faut ici se poser, c’est pourquoi diable la compagnie Sanexen voudrait-elle se procurer des résidus si loin pour son projet de décontamination de Boucherville? La réponse? Toute simple. Parce que Sanexen est la filiale environnementale de Logistec qui possède le présent port de Contrecoeur (appelé à être complété par le nouveau) et qui est impliquée jusqu’au cou dans le nouveau projet de port (Je vous donnerai les détails de cet aspect de l’enquête un peu plus loin)! Tant qu’à se débarrasser de ces sédiments, aussi bien que cela profite au groupe dont Sanexen fait partie, non?

À noter ici que les sédiments qui seraient remués lors du dragage du Saint-Laurent, et ce, pour la construction du nouveau port de Contrecoeur, sont excessivement contaminés, contrairement à ce que prétend Sanexen dans le document remis au ministère de l’Environnement en 2018. Utiliser ces sédiments pour décontaminer un site ne se révélerait pas très pertinent et, jusqu’à preuve du contraire, irait à l’encontre des promesses formulées par Sanexen (sols propres). Il faut savoir que Sanexen a quand même garanti au ministère de l’Environnement en 2018 que 2,3 millions de mètres cubes de sols et de matériaux grossiers propres (béton, briques et roc) seront importés sur le site de la carrière de Boucherville afin de le décontaminer.

Dans la première évaluation du projet de port de Contrecoeur, produite par Environnement et Changement climatique Canada, les sédiments de Contrecoeur issus des différentes opérations de dragage prévues étaient clairement qualifiés de contaminés au chrome et nickel. Même au-delà d’un usage prévu dans un cadre commercial ou industriel, alors qu’à Boucherville, il s’agit d’un projet de décontamination à saveur résidentielle.

Les matériaux de remplissage qui sont actuellement utilisés à Boucherville et qui proviennent de la démolition du vieux pont Champlain ne sont guère mieux. Du plomb, des graisses, de la peinture antifongique et possiblement de l’amiante se retrouveraient dans le béton et le métal du vieux pont Champlain.

Cela ne semble pas inquiéter Sanexen outre mesure puisqu’elle se pourvoit à cette source de nombreuses tonnes de résidus afin de décontaminer la carrière de Boucherville. À la fin de l’automne 2020, 11 500 tonnes de résidus de la déconstruction du pont Champlain avaient été utilisées à Boucherville. Était-ce du béton sain ou pas, bien difficile de le dire puisque la surveillance à ce chapitre par les autorités compétentes est légère autant sur le chantier de démolition du pont que sur le chantier de décontamination de la carrière?

Une source bien au fait des dossiers environnementaux – on va l’appeler Sonia – m’a transmis le commentaire d’un de ses contacts ayant travaillé comme cadre sur la démolition du pont Champlain:

« Moi j’aurais confiance que sur le projet ils suivent les règles environnementales et envoient les sol et matériaux contaminé hors chantier. Mais je ferais pas confiance au sous-contractant chargé de se débarrasser de ça. C’est eux qui trichent d’habitude. Ils chargent le gros prix et dumpent ça illégalement dans un champ ou n’importe où ailleurs »

Il ne croyait pas si bien dire. De tels scandales ont abondamment fait les manchettes par le passé. On verra ça quand je ferai succinctement le portrait des promoteurs qui jettent actuellement des résidus dans la carrière en question.

Pour l’heure, attardons-nous à deux cartes et un tableau qui prouvent que les sédiments de Contrecoeur sont, eux, très clairement contaminés, et ce, à l’endroit même où ils espèrent draguer.

À comparer avec la carte indiquant où serait effectué le dragage de Contrecoeur (section en brun foncé) et qui se trouve exactement là où ont été placés les trois triangles rouges rapprochés les uns des autres sur la carte précédente:

L’une des cartes ci-haut nous indique en plus que le site du dragage de Contrecoeur est contaminé par les butylétains. Les butylétains sont « des composés organo-métalliques utilisés depuis 1960 comme biocides dans les peintures antisalissures pour les coques de navire, comme fongicides et insecticides, comme produits de préservation du bois et comme stabilisants dans le chlorure de polyvinyle. Les butylétains peuvent être mesurés dans les sédiments sous la forme de tributylétain (TBT) et de ses produits de dégradation, le dibutylétain (DBT) et le monobutylétain (MBT). Ces substances sont persistantes dans l’environnement et s’accumulent dans les organismes aquatiques. Le TBT étant hautement toxique, l’utilisation des peintures à base de TBT pour les petites embarcations (moins de 25 m) est réglementée au Canada depuis 1989, mais pour les plus grandes embarcations, elle est demeurée permise jusqu’en 2002″.

Des citoyens inquiets ont récemment communiqué avec l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AEIC) quant à la pollution qui concerne les sédiments de Contrecoeur. La Vigie citoyenne a transmis ceci à l’AEIC, avis qui se trouve sur le site de l’agence fédérale:

Une grande préoccupation réside dans la contamination des sédiments remis en suspensions sous l’effet du dragage. Les sols marins de Contrecœur sont constitués de boues industrielles toxiques accumulées depuis les 50 dernières années. À Contrecœur, la teneur en différents contaminants dans les sédiments de plusieurs sites fait l’objet d’un suivi par Environnement Canada (Pelletier, 2018, comm. pers.). Ce suivi révèle des teneurs préoccupantes qui dépassent les critères de qualité (CSE1, CEP et CEF) pour certains contaminants autour de la zone portuaire actuelle, mais surtout plus loin en aval vis-à-vis de la zone industrielle (figure 2). Parmi ces contaminants, les butylétains sont présents en teneurs élevées et parfois très élevées sur plus de la moitié des sites échantillonnés. (Comité ZIP des Seigneuries, 2018). Des auteurs le qualifient comme étant l’une des substances les plus toxiques à ne jamais avoir été délibérément introduite par l’homme dans le milieu aquatique (Stallard et al., 1987). 

Cela a-t-il suscité des inquiétudes chez l’AEIC? Peut-être. Même si on peut en douter un peu. Et de toute façon, des inquiétudes, ça se tempère comme on dit. Pour ce faire, il s’agit simplement de parler aux bonnes personnes. Et c’est exactement ce qu’a fait l’AEIC. Elle s’est tournée vers le Groupe Océan afin d’en apprendre plus sur les risques associés à des opérations de dragage à Contrecoeur. Dans une lettre envoyée par ledit groupe et reçue par l’AEIC en décembre 2020, on apprend que Pêche et Océans Canada cherche des méthodes de dragage qui seraient moins risquées dans le cadre de la construction du port de Contrecoeur. Les propositions que ce ministère met de l’avant sont les suivantes:

Groupe Océan souligne dans la lettre que ce sont là de bonnes mesures, mais que mieux peut être fait. Groupe Océan vante alors ses propres mérites en termes de dragage. De meilleurs godets, de meilleures façons de faire, et une grande expertise en dragage dans le secteur de Contrecoeur, voilà ce que Groupe Océan met de l’avant.

En 2018, Groupe Océan a été financé à hauteur de 112 millions$ par le Fonds de solidarité de la FTQ et la Caisse de dépôt et placement. La FTQ et la Caisse de dépôt sont toutes deux impliquées dans le projet de Contrecoeur.

Mais comment savoir si les quelque deux millions de mètres cube de sols qui seront utilisés afin de remplir la carrière de Boucherville seront de qualité A ou B? Ou plutôt de qualité C ? Une source – on va l’appeler Jacques – nous a confirmé que seul le ministère de l’Environnement se charge de la surveillance de ce chantier, et ce, durant les 7 ans que pourraient durer les travaux de décontamination. La Ville de Boucherville n’est pas impliquée dans le processus. Jacques nous a aussi dit que le ministère s’en remettait à la bonne foi de Sanexen pour le remplissage, qu’aucune véritable surveillance efficace n’était de leur part assurée, faute de temps et de moyens. Des visites-éclair sont effectuées, à rares occasions, mais rien de plus. Comme Sanexen a dit que seuls des sols propres seront disposés au fond de la carrière de Boucherville, hé bien, il faut les croire sur parole. Me voilà donc rassuré.

Une autre source – on va l’appeler Pierrette – m’a quand même dit qu’il était possible que Sanexen ait depuis 2018 obtenu la permission du ministère de l’Environnement pour utiliser un peu de sols de qualité C afin de remplir la carrière Rive-Sud. J’ai fouillé afin de vérifier l’information. Et j’ai découvert que le plan de réhabilitation de la carrière Rive-Sud tel que soumis par Sanexen au ministère de l’Environnement du Québec avait été modifié à quelques occasions depuis 2018. Mais ces documents ne sont pas accessibles au public. Une demande d’accès à l’information devra être déposée avant de pouvoir espérer les consulter. Ces nouveaux documents indiquent peut-être que Sanexen a désormais la permission d’utiliser des sols de type C à Boucherville, allez savoir.

Lorsque j’ai été mis au courant que Sanexen pourrait avoir obtenu la permission du ministère de l’Environnement d’utiliser des sols C (donc fortement contaminés) pour le projet de la carrière Rive-Sud, une question m’est immédiatement apparue en tête: j’ai beau ne pas être un expert dans le domaine, je me demande quand même comment un spécialiste du ministère peut penser qu’il est possible de décontaminer un site si les résidus de remplissage sont eux-mêmes contaminés? À mon sens, cela dépasse l’entendement.

D’autres inquiétudes naissent aussi dans mon esprit quand je regarde la liste des entrepreneurs qui ont déjà déversé des matériaux dans la carrière de Boucherville. Cette liste, ci-bas, a été conçue par la compagnie Sanexen elle-même. On se rend alors compte que plusieurs de ces entrepreneurs ont été les grandes « vedettes » de la commission Charbonneau pour des scandales en construction ou pour leurs accointances avec des gens peu recommandables. Ils sont aujourd’hui peut-être tous réhabilités, mais cela mine quand même la confiance qu’on pouvait encore avoir dans l’opération de décontamination de Boucherville. Parmi ces entrepreneurs, on retrouve SintraBauvalMélimax, les Entreprises MichaudvilleRemblais ATLExcavation Uni-ValB-FrégeauGroupe ABSRoxboroEurovia QuébecL.A. HébertExcavations Bergevin et Laberge, etc. Plusieurs sites où ont été puisés les résidus qui se retrouvent désormais au fond de la carrière de Boucherville sont pour leur part fortement contaminés, ce qui me laisse d’autant perplexe.

Dans le lot d’entrepreneurs, le cas de Mélimax est particulièrement inquiétant. Cette entreprise et son propriétaire, Mario Landry, ont fait des millions$ avec les rebuts de construction, de démolition et de rénovation de Montréal et de la Montérégie. Mélimax a été exclu des contrats publics après qu’il eut été prouvé que les déchets étaient disposés n’importe où, n’importe comment. Dans la carrière de Boucherville, est-ce que ce sont vraiment des résidus de type A ou B que Mélimax a jetés? Bonne question. Faudrait y plonger pour le découvrir puisque même le ministère de l’Environnement ne s’est pas assuré de connaître la réponse en effectuant des vérifications fermes sur le terrain. Ce n’est guère mieux du côté de Remblais ATL qui a jeté des déchets contaminés un peu partout dans la nature. Et que dire de Groupe ABS qui a été reconnue coupable de production de rapports environnementaux bidon.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le projet de décontamination de la carrière de Boucherville soulève des inquiétudes. Peut-être que tout a été fait correctement; je considère pour ma part que des risques existent quand même que celle-ci demeure contaminée malgré ces travaux, ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour les humains qui vivent dans le secteur, ni pour les promoteurs du coin, ni pour les populations de rainettes faux-grillon qui s’abritent tout autour.

Et on retrouve bien sûr Gaétan Houle et le groupe Grilli à Contrecoeur

L’opération de décontamination menée par Sanexen à Boucherville nous amène donc à Contrecoeur, par l’entremise des sédiments de dragage qui y seront puisés afin de décontaminer une carrière à proximité d’un projet immobilier mené par messieurs Houle, Bolduc, Migliara et Grilli.

Commençons tout d’abord par présenter le projet de port de Contrecoeur, ce projet pharaonique qui doit être implanté à bout de brousse, soit à 40 km du port de Montréal. Il s’agit d’un projet piloté par l’agence fédérale qu’est l’Administration portuaire de Montréal (APM). Pour la première phase (car il y a plusieurs phases de développement rattachées à ce projet), on parle d’un terminal portuaire faisant transiter quelque 1,15 million de conteneurs par an. Pour ce faire, un quai de 675 mètres serait construit en plein coeur de l’habitat du très menacé chevalier cuivré. Ce quai pourrait accueillir des navires immenses. Dans le jargon technique, on dit que ces navires seraient de 39 000 à 75 400 tonnes de port en lourd (TPL).

Pour bien faire transiter les conteneurs, une gare ferroviaire de triage de sept voies serait aussi construite. Une voie ferrée du CN passe déjà par là et serait impliquée dans le projet. On construirait aussi une structure permettant d’accueillir les quelque 2000 camions qui circuleraient quotidiennement dans le secteur, ce qui ne manquerait pas de perturber grandement les espèces présentes sur le site, dont la minuscule rainette faux-grillon qui est très sensible au vacarme lors de sa période de reproduction. L’autoroute 30 se trouve tout juste à côté et serait directement impliquée dans le projet. Le coût de ce nouveau port est estimé entre 700 et 975 millions$. Le fédéral (Banque de l’infrastructure) s’est déjà engagé à financer à hauteur de 300 millions$ la construction du port de Contrecoeur, l’annonce ayant été faite avant toute évaluation environnementale digne de ce nom. Le gouvernement québécois, lui, a accordé 55 millions$ au projet de port, et ce, au lendemain de l’annonce faite par la Société pour la nature et les parcs du Canada et le Centre québécois du droit de l’environnement qui traînent le gouvernement fédéral devant les tribunaux à cause de ce projet qui heurte la loi sur les espèces en péril (chevalier cuivré notamment).

Trois groupes d’entreprises se sont qualifiées à l’issue du processus de sélection organisé par l’APM. L’un de ces trois groupes se chargera de la construction du port de Contrecoeur et empochera tout près d’un milliard$. La décision reste encore à être prise. Il s’agit de:

  • Ancre Contrecœur, représenté par l’entreprise Dragados Canada, à laquelle s’associe AECOM Consultants
  • CAP Contrecœur, composé des entreprises Eurovia Québec Grands projets, Janin Atlas, Soletanche Bachy International et VINCI Infrastructure Canada, auxquelles s’associent GHD Consultants, COWI North America, et CH2M Hill Canada
  • Kiewit-Pomerleau, composé des entreprises Construction Kiewit et Pomerleau, auxquelles s’associent CIMA+, Englobe, Hatch et Solmatech

(Je mise un petit 2$ sur le 3e groupe. On s’en reparlera quand la décision sera prise)

En novembre 2020, l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AEIC), qui à l’instar de l’Administration portuaire de Montréal est une agence FÉDÉRALE, a conclu que le projet de port de Contrecoeur n’aurait pas d’impacts négatifs significatifs sur les milieux humides du secteur, ni sur le chevalier cuivré ou la rainette faux-grillon. 2000 camions circulant dans le secteur, le dragage de sédiments qui sont destinés à Boucherville, les navires toujours plus nombreux dans le secteur, de même que la destruction d’herbiers et de milieux humides ne seraient donc pas néfastes pour les écosystèmes de Contrecoeur. Permettez-moi d’en douter quand même un peu.

Surtout que quelques années auparavant, Environnement et Changement climatique Canada avait émis plusieurs critiques sévères à l’égard des impacts environnementaux reliés à ce projet. Dans ce rapport, on pouvait lire des formules du genre:

(Le rapport en question)

Puis vint 2020, et comme par magie, tous les problèmes environnementaux liés au projet disparurent. L’Agence d’évaluation d’impact du Canada clame désormais que ce projet n’aura aucun impact négatif sur les espèces en péril du secteur. Alors qu’Environnement Canada stipulait clairement le contraire seulement quelque temps auparavant. Mais si l’AEIC le dit, alors on peut foncer tête baissée et construire ce port en toute paix d’esprit.

Je trouve quand même très préoccupant qu’une agence fédérale soit mandatée afin de cautionner un projet piloté par une autre agence fédérale, surtout quand on considère le fait que la Banque d’infrastructure du Canada a déjà annoncé 300 millions$ pour ledit projet de ladite agence fédérale qui cherche l’aval d’une autre agence fédérale pour mener à bien son projet; vous me suivez toujours? C’est vrai qu’il y a là de quoi y perdre son latin! Car un moment donné, ça devient intenable de simultanément jouer les rôles de juge et partie. Le jupon finit toujours par dépasser. Et la complaisance d’ainsi faire office d’attitude maîtresse chez les acteurs concernés. Ce qui est très précisément le cas ici.

Les inquiétudes soulevées eu égard à ce projet deviennent encore plus grandes quand on se tourne vers la composition du conseil d’administration de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AEIC). Le vice-président de l’agence est un certain Terry Hubbard.

M. Hubbard s’est joint à l’agence en 2018. Auparavant, il était directeur général au sein de la Direction des ressources pétrolières à Ressources naturelles Canada. En termes plus précis, c’est lui qui était directement en charge de la politique pétrolière et gazière du Canada. Il s’occupait entre autres de la sécurité des pipelines et des forages extra-côtiers. M. Hubbard est certainement très compétent dans son domaine, mais il n’en demeure pas moins qu’il a un profil assez particulier pour agir à titre de caution fédérale en matière de protection environnementale concernant un projet qui est lui aussi de nature fédérale.

Une chose demeure, et c’est que M. Hubbard doit bien s’entendre avec le vice-président de l’Administration portuaire de Montréal (APM), Ryan Dermody. C’est ce dernier qui est responsable d’orienter, de planifier, de diriger et de contrôler les activités du projet Contrecoeur. Simultanément à ses charges à l’APM, M. Dermody est président du groupe pétrolier Norcan.

Norcan exploite un dépôt pétrolier dans l’est de Montréal. Il s’agit du plus gros terminal pétrolier indépendant au Canada; il existe depuis 1932. Deux pipelines – domaine d’expertise de M. Hubbard, rappelons-le – lui assurent un accès au Port de Montréal afin de recevoir les produits raffinés par navire. En 2013, Irving Oil annonçait avoir acquis une participation dans Groupe Pétrolier Norcan, propriétaire du Terminal Norcan à Montréal. Irving s’assurait de ce fait un meilleur accès au port de Montréal.

Évidemment, tous les investissements prévus dans le cadre du projet de port de Contrecoeur font saliver les promoteurs. La valeur des terrains des environs progresse fortement depuis plusieurs années maintenant. Gaétan Houle et son groupe de Boucherville s’y sont par conséquent précipités. Il faut dire que l’Administration portuaire de Montréal a identifié Contrecoeur comme étant le meilleur site pour accueillir un second port quand celui de Montréal serait occupé à son maximum. Pour ce faire, 468 hectares de terrains ont été acquis, et ce, dès les années 1980. Cela a laissé tout le temps voulu aux spéculateurs pour bien placer leurs billes dans le secteur.

M. Houle prévoit construire quelque 450 maisons « dans une région qui connaît un formidable développement industriel », selon ses propres dires. Il s’agit du projet « Les Sentiers boisés de Contrecoeur », projet devant être construit tout près d’habitats de rainettes faux-grillon. Et tout juste à côté des terrains du groupe Grilli, groupe qui est son partenaire dans le projet résidentiel de Boucherville.

Le groupe Grilli, partenaire d’affaires de Gaétan Houle dans la Société en commandite Le Terroir de Boucherville, a eu la main vraiment très heureuse à Contrecoeur. En 2010, le groupe Grilli Samuel signait une entente de partenariat avec la Ville de Contrecoeur. C’est ce qu’a révélé François Handfield, directeur général de la Ville de Contrecoeur, dans un document rendu public en 2016. Selon cette entente, Grilli Samuel devenait le développeur exclusif du parc industriel de la ville. Une bonne affaire s’il en est une!

Dans le cadre de cette première entente, la Ville demeurait propriétaire des terrains. Mais les choses devaient bouger avec l’annonce par Québec de sa nouvelle Stratégie maritime. À partir de 2015, le premier ministre libéral Philippe Couillard affirmait vouloir investir quelque 500 millions dans l’économie maritime du Québec. C’était son genre de Plan nord à lui. Il y avait là de quoi stimuler les appétits des promoteurs les plus dynamiques! Et c’est ce qui est arrivé à Contrecoeur, ville qui était nommément identifiée comme un pôle important par le gouvernement Couillard dans le cadre de ladite Stratégie maritime.

Afin d’encore mieux tirer son épingle du jeu, le Groupe Grilli s’est entendu avec le Fonds immobilier de solidarité de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ). Ils ont conjointement demandé à la Ville de Contrecoeur qu’elle leur vende des terrains à proximité du projet concernant le nouveau port de Contrecoeur. La Ville acquiesça, en soulignant « la capacité financière du groupe, la connaissance du fonctionnement de Grilli Samuel et l’implication du Fonds dans le cadre de la Stratégie maritime ».

Yves Samuel (Grilli Samuel Consortium Immobilier), Mayor Suzanne Dansereau (City of Contrecoeur), and Guy Poulin (Fonds immobilier de solidarité FTQ) – (Louis-Étienne Doré, photographer) (CNW Group/Fonds de solidarité FTQ)

De ce fait, le nouveau Groupe Grilli-FTQ a pu acheter 4,3 millions de pieds carrés de terrain pour leurs projets commerciaux et industriels dans ce secteur. Le montant de la vente? 200 millions$. Les terrains devant servir à leurs projets commerciaux se trouvent, sur la carte ci-bas, à droite de la montée de la pomme d’or.

Cité 3000 recouvre une superficie de 2 millions de pieds carrés. Dans Cité 3000, la FTQ et Grilli espèrent attirer de gros joueurs. Canac a déjà annoncé qu’elle y installerait une succursale. Ils veulent aussi construire un centre-d’achats. À ce jour, IGA, les bannières A&W, Eggspress, Opto-Réseau, Banque Nationale, Dollarama ainsi que Boutique d’animaux Chico ont déjà réservé des espaces dans ce tout nouveau centre commercial.

Dans le Technopole, qui recouvre une superficie de 2,3 millions de pieds carrés et qui est situé aux abords du fleuve Saint-Laurent, de la ligne ferroviaire du CN, du réseau de gaz naturel de Énergir et de la route 132, les partenaires espèrent attirer de plus petits commerces, comme des électriciens, des plombiers, ou de petites usines de fabrication.

Mais ce qui est le plus extraordinaire pour Grilli, c’est que le groupe possède aussi 4 million de pieds carrés dans le secteur du pôle logistique de Contrecoeur; cela est indiqué dans la zone en rouge sur la carte ci-bas. Or, c’est justement sur ces terrains que l’on retrouve les habitats de rainettes faux-grillon qui se trouvent dans le secteur de Contrecoeur. Et le plus beau de l’affaire, c’est que l’arrêté ministériel fédéral imposant la protection de l’habitat de la rainette faux-grillon s’applique aussi à Contrecoeur, pour ce qui est des terres possédées par le fédéral. Sur la carte ci-bas, on voit les terrains que contrôle l’Administration portuaire de Montréal (APM). Tout le secteur en rouge, dans la portion de gauche, lui appartient. Et on retrouve là aussi des rainettes faux-grillon. Mais l’arrêté devrait empêcher l’APM de les développer sans prendre certaines précautions eu égard à la rainette. C’est donc dire que Grilli, qui possède les terrains en rouge, à droite, est le seul qui pourrait développer ses terrains sans coup férir lors des phases ultérieures de construction du port, et ce, même si des rainettes faux-grillon se trouvent sur son terrain. C’est que l’arrêté ne s’applique pas sur les terres privées.

Les lots en rouge de Grilli font partie de la circonscription foncière de Verchères. Les numéros de ces lots sont les suivants: 6 288 299, 6 288 300 et 6 288 301. Il y a eu beaucoup d’action concernant ces lots au cours des derniers mois. La Ville de Contrecoeur et la multinationale ArcelorMittal se sont d’abord échangé le lot 299 (puis ce lot a été donné au groupe Grilli). Le 300 a été créé et aussi donné au groupe Grilli. Finalement, le 301 a été vendu par ArcelorMittal au groupe Grilli jusqu’à concurrence de 2,5 millions$. Voici des contrats précisant tout cela.

Bien sûr, l’Administration portuaire pourrait prétendre qu’il n’y a pas de rainettes faux-grillon dans le secteur en question, et qu’on doit par conséquent les laisser agir à leur guise; un peu à l’instar de ce qu’ont fait les promoteurs dans le cas des travaux illégaux de Longueuil. On se souvient que dans la mise en demeure qui m’a été acheminée, Houle et Shathony me reprochaient d’avoir inventé la présence de la rainette faux-grillon sur le site en question, même si j’ai pris des photos de cette espèce à cet endroit, même si des inventaires officiels notaient là sa présence. Dans le cadre du projet de Contrecoeur, il leur sera impossible de mentir de la sorte, et ce, parce que l’Administration portuaire de Montréal s’est fait remettre en 2017 un rapport d’impact environnemental qui note officiellement la présence sur le territoire de plusieurs espèces menacées, dont la rainette faux-grillon. Qui plus est, les inventaires qui sont effectués là chaque année dénotent que la population de rainettes faux-grillon y est en forte progression! Il leur sera donc impossible de prétendre que la population de rainettes faux-grillon est non viable à cet endroit, ce qui justifierait la destruction des habitats concernés.

L’Administration portuaire sait également que l’endroit où elle projette la construction du port est un secteur à haute valeur écologique. Le chevalier cuivré fréquente notamment ce secteur afin de s’alimenter. Tout cela est consigné dans le rapport qui lui a été remis.

Dans ce même rapport, on indique clairement que le dragage prévu pour la construction du port de Contrecoeur se situera à l’endroit exact où l’on note la présence de sédiments qui atteignent le pire degré de contamination dans le Saint-Laurent (Vous référer à la carte présentée plus haut). Draguer à pareil endroit remettra des polluants en circulation dans le fleuve, menaçant la santé de toutes les espèces en aval, dont l’humaine soi-dit en passant. Tout juste à proximité, on note la présence de la Réserve nationale de faune des îles de Contrecoeur. Cette réserve a pour mission de protéger les nombreux herbiers que l’on retrouve dans le secteur, et les espèces qui s’y abritent. Or, les travaux du port de Contrecoeur affecteront durement ces écosystèmes. Mais ce n’est pas seulement eux qui seront touchés. Un expert en la matière m’a confié que les opérations de dragage de Contrecoeur pourraient remettre en circulation des polluants extrêmement toxiques qui pourraient se rendre aussi loin que la ville de Québec.

Ce dernier rapport a été produit par la firme SNC LavalinCette firme a été accusée de corruption en Libye afin d’y obtenir des contrats entre 2001 et 2011. Le 7 février 2019, l’affaire SNC Lavalin éclaboussait le premier ministre Justin Trudeau parce qu’il aurait fait des pressions sur la ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould afin d’organiser un tour de passe-passe permettant à SNC Lavalin d’éviter d’être criminellement reconnue coupable pour ses gestes passés. Si les condamnations avaient été de nature criminelle, la firme n’aurait pu poser sa candidature pour des contrats publics durant 10 ans au Canada.

À cause de tout cela, j’étais fort étonné de retrouver SNC Lavalin dans ce dossier. En soi, qu’une agence fédérale fasse affaire avec SNC Lavalin en 2017, après que des actes de corruption concernant cette compagnie eurent été connus publiquement, est éthiquement questionnable. Mais j’ai été beaucoup plus surpris quand j’ai découvert que plusieurs anciens cadres de SNC Lavalin sont directement impliqués dans le dossier du port de Contrecoeur, et pas seulement au niveau de la production d’un simple rapport.

 

Qui s’enrichira avec le port construit au détriment d’espèces menacées?

L’Administration portuaire de Montréal (APM) est responsable du projet. Il s’agit d’une agence fédérale autonome qui a pour mandat de construire et d’entretenir des installations portuaires qu’elle loue à des compagnies privées. Comprendre ici que les fonds publics permettent au privé de faire des profits avec des installations portuaires.

Au premier plan, ceux qui feront des profits avec le nouveau port de Contrecoeur sont donc les compagnies, et leurs actionnaires, qui le construiront et l’opéreront.

En 2019, l’Administration portuaire de Montréal annonçait que les deux opérateurs du port de Montréal seront priorisés pour opérer le nouveau port de Contrecoeur. Ces opérateurs sont la Société Terminaux Gateway de Montréal et la société Termont.

Bien avant cette annonce, la FTQ investissait déjà dans le secteur maritime. En mars 2015, la FTQ s’allia à Feria Axium Infrastructure qui dirigeait alors un consortium pour mettre la main sur la Société Terminaux Gateway de Montréal. Dans ce consortium, on retrouvait Axium, la FTQ, Desjardins, les assureurs Manuvie et Industrielle Alliance. Le consortium eut gain de cause. Mais le montant de la transaction n’a pas été dévoilé, même si les experts l’estiment à quelque 600 millions$US. On sait seulement que la transaction a été financée par les gros joueurs que sont la Banque CIBC, la Banque Royale, la Caisse de dépôt et placement ainsi que la Banque Scotia.

Sur le conseil d’administration du Fonds de solidarité de la FTQ, on retrouve plusieurs anciens de la Caisse de dépôt, dont Jean-Claude Scraire qui en a assuré la direction générale de 1995 à 2002.

Pour s’assurer que son investissement dans Alliance Terminaux Gateway en vaille vraiment la peine, la FTQ, par l’entremise de son Fonds de solidarité, a aussi investi quelque 100 millions$ dans la Stratégie maritime du gouvernement de Philippe Couillard, et ce, quelques mois après avoir mis la main sur Montreal Gateway; la FTQ souhaitait ainsi s’investir plus fermement dans le développement des pôles logistiques inhérents à cette politique, et dont Contrecoeur faisait pleinement partie.

Quand on sait que la FTQ joue les promoteurs immobiliers à Contrecoeur et qu’elle est en partie propriétaire de Montreal Gateway qui gérera le nouveau port, on peut aisément comprendre pourquoi elle tient autant à ce que la Stratégie maritime du gouvernement du Québec fonctionne.

Des opérateurs de port au coeur desquels on retrouve SNC et la FTQ

Rendu au stade où nous en sommes, ce qui est particulièrement intéressant, c’est d’examiner la direction du partenaire d’affaires de la FTQ dans ce dossier, c’est-à-dire Feria Axium Infrastructure, firme dont la FTQ possède d’ailleurs des actions.

Feria Axium Infrastructure investit dans les projets d’infrastructures et participe à la gestion et à la mise en place d’installations. La direction de ce groupe est en bonne partie constituée d’anciens de…SNC Lavalin. Cette dernière firme a produit le rapport d’impact environnemental concernant le port de Contrecoeur et remis à l’Administration portuaire de Montréal (APM). La direction d’Axium est aussi composée d’anciens de la Caisse de dépôt et placement, institution qui a financé l’achat de l’opérateur Montréal Gateway par le consortium dirigé justement par Axium infrastructure.

Le président et chef de la direction de Feria Axium Infrastructure et cofondateur de la compagnie est nul autre que Pierre Anctil. Anctil a été ingénieur et vice-président de SNC Lavalin de 1997 à 2008. Auparavant, il a été directeur général du Parti libéral du Québec (PLQ) de 1988 à 1993. Lors de la période référendaire de 1995, il était chef de cabinet de Daniel Johnson, chef du PLQ. En 2014, dans le cadre de l’enquête Mâchurer concernant Jean Charest, il avouait aux enquêteurs de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) avoir trempé dans des stratagèmes douteux permettant à SNC Lavalin de financer le PLQ à coups de sommes généreuses. À plusieurs reprises, Anctil a remis des enveloppes d’argent à l’ex-argentier libéral Marc Bibeau, homme qui a récolté des millions de dollars pour les libéraux et qu’on disait beaucoup plus influent qu’un ministre.

Lorsque vient le temps pour le directeur d’Axium Infrastructure, le libéral notoire Pierre Anctil, de négocier avec l’Administration portuaire de Montréal (APM) au sujet du projet de port de Contrecoeur, il doit trouver une oreille très sympathique chez l’un des administrateurs de l’agence fédérale: John Parisella. John Parisella a servi plusieurs chefs du Parti libéral du Québec au fil des décennies. Que ce soit Robert Bourassa, Claude Ryan, Daniel Johnson ou Jean Charest. À ce titre, Parisella a collaboré avec Anctil. Ils sont même devenus de bons amis.

M. Anctil doit aussi être heureux de retrouver sur le bureau de direction de l’Administration portuaire de Montréal (AMP) M. Oumar Diallo. Ce dernier est un ancien de SNC Lavalin. Cela ne doit pas nuire non plus que Marie-Claude Boisvert, présidente du conseil d’administration d’APM et présidente du comité du port de Contrecoeur, soit aussi la première vice présidente du Mouvement Desjardins. On sait que Desjardins fait partie du consortium qui a permis au groupe Axium de mettre la main sur Montréal Gateway. Autre bon allié: Paul Bird. C’est un des gestionnaires de l’APM et le vice-président du comité Contrecoeur. Il a auparavant été responsable de l’infrastructure pour les secteurs minier, ferroviaire et portuaire chez ArcelorMittal pendant près de 10 ans. Or, ArcelorMittal, multinationale présente à Contrecoeur, profitera pleinement de la construction de ce nouveau port.

Le président et chef des opérations d’Axium Infrastructure est Stéphane Mailhot. C’est un comptable qui est entré au service de SNC Lavalin en 1999. Chez SNC Lavalin, il était responsable de l’évaluation, de la négociation, de la gestion des investissements en infrastructure et des projets de partenariat public privé. Jean Éric Lafferière est lui aussi un ancien de SNC Lavalin. Il y a été de 2000 à 2016. Chez Axium, il est chef des affaires juridiques et de la conformité.

Cyrille Vittecoq est le vice-président et directeur principal des investissements chez Axium, firme à laquelle il s’est joint en 2017. Ce n’est pas un ancien de SNC Lavalin. C’est plutôt un ancien cadre de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ). De 2006 à 2014, il a été membre du comité exécutif du groupe de placements privés de la CDPQ.

Jean-François Poisson occupe chez Axium le poste de vice-président, gestion d’actifs. C’est un ancien de SNC Lavalin.

Avant de se joindre à Axium à titre de directrice, Christiane Reid était fiscaliste à la Caisse de dépôt et placement du Québec. Elle s’impliquait au niveau des investissements en placements privés et en infrastructure.

Josée Lévesque occupe le poste de directrice, fiscalité des investissements chez Axium. Auparavant, elle occupait le poste de gestionnaire, fiscalité internationale, chez SNC Lavalin. Charles Lizotte, direction comptabilité chez Axium, est un autre ancien de SNC Lavalin. Maude Mondou, directrice principale fiscalité chez Axium, est elle aussi une ancienne de SNC Lavalin. Nathalie Pelletier, directrice comptabilité chez Axium vient de la SITQ, qui est une filiale de la Caisse de dépôt et placement.

Et à tout seigneur, tout honneur; on termine donc ce tour d’horizon du bureau de direction de Axium infrastructure avec nul autre que Thierry Vandal. M. Vandal est président d’Axium infrastructure États-Unis. Dans les années 1980, il présidait la commission politique du Parti libéral du Québec. Dans les années 1990, il oeuvrait pour Gaz Métro, compagnie qui a des installations dans le secteur du projet de Contrecoeur. Jean Charest l’a nommé grand patron d’Hydro-Québec en 2005. Il a quitté la société d’État pour Fiera Axium en continuant d’empocher une retraite dorée qui a soulevé la polémique a bien des occasions.

Il s’agit là, bien sûr, d’anciens cadres de SNC Lavalin. Et seulement anciens.

Mais le cas de Jean Raby est encore plus intéressant. Il est présentement membre du comité d’audit, du comité des risques associés à la sécurité, au milieu de travail et aux projets chez SNC Lavalin. Et simultanément, il est un membre influent du bureau de direction de Fiera Capital, compagnie dont Axium infrastructure est une filiale. Fiera Capital a été fondée en 2003 par l’homme d’affaires Jean-Guy Desjardins, membre honorable de l’Ordre du Canada. Sur le conseil d’administration de Fiera, l’on retrouve aussi John Valentini et Jean-Philippe Lemay, deux anciens de la Caisse de dépôt et placement du Québec,

Lucas Pontillon et Sebastian Blandizzi, administrateurs de Fiera, se retrouvaient pour leur part du côté de Manuvie, compagnie d’assurance qui a participé au rachat par Fiera Axium infrastructure de Montréal Gateway. Chez Manuvie, Blandizzi était chef de la division informatique, premier vice-président et chef de la mise en service de solutions mondiales, pour les divisions du groupe Placements et Monde.

Et finalement, l’on retrouve aussi sur ce même conseil d’administration de Fiera Monique F. Leroux. Cette dernière a été présidente du conseil et chef de la direction du Mouvement Desjardins de 2008 à 2016. Desjardins est aujourd’hui en partie propriétaire de Montreal Gateway.

L’autre opérateur du port de Contrecoeur sera la compagnie Termont. Termont est une filiale de Logistec, compagnie qui possède la compagnie Sanexen dont on a déjà parlé dans le cadre de Boucherville et qui rêve des sédiments de dragage de Contrecoeur. Logistec est présente dans 37 ports et 61 terminaux en Amérique du Nord

En 2019, Madeleine Paquin, la tête dirigeante de Logistec, a rencontré le ministre de l’Économie et de l’Innovation du gouvernement du Québec, Pierre Fitzgibbon. Le but de la rencontre? Discuter des projets de la firme Logistec.

Quelques mois plus tard, le gouvernement de François Legault reprenait pleinement à son compte la Stratégie maritime du gouvernement précédent, stratégie généreusement financée par la FTQ (100 millions$). Dans cette stratégie, le port de Contrecoeur est identifié comme un pôle fort important de développement. Dans un premier temps, 300 millions$ devaient être accordés par Québec à cette stratégie maritime. À cette somme, le gouvernement Legault ajouta 55 millions$ pour Contrecoeur très précisément.

SODES: un organisme sans but lucratif qui réunit tout ce beau monde

En juin 2018, Jean Wilhelmy était toujours vice-président principal aux investissements – Capital de développement à la FTQ. À ce titre, il a accordé une entrevue fort intéressante et révélatrice à la Société de développement économique du Saint-Laurent (SODES), société fondée en 1985.

Tout d’abord, voici le mandat de la SODES:

« La Sodes est un organisme sans but lucratif dont le mandat est de protéger et de promouvoir les intérêts économiques du Saint-Laurent. Elle représente la communauté maritime, ce qui inclut des intervenants privés et publics dont les activités ont un impact direct ou indirect sur l’économie du fleuve, et ce, dans toutes les régions du Québec. La Sodes se veut l’interlocutrice privilégiée des gouvernements en ce qui a trait au développement et à la vie économique du Saint-Laurent, que ce soit en matière de transport des marchandises et des passagers, de développement régional ou d’environnement.«

L’une des questions qui fut posée à M. Wilhelmy dans le cadre de cette entrevue avait pour but de l’amener à expliquer le soutien de la FTQ envers la stratégie maritime du Québec et des compagnies qui l’animent. C’est alors que M. Wilhelmy souligne que la FTQ a acheté en 2015, en partenariat avec Axium infrastucture, l’opérateur Montreal Gateway. Ce qu’on savait déjà. Mais là où ça devient particulièrement intéressant, c’est quand M. Wilhelmy explique que la FTQ a aussi financé, dans un second temps, le compétiteur de Montreal Gateway, c’est-à-dire la compagnie Logistec de Madeleine Paquin.

Ce qui est fascinant dans ce dossier, c’est que tout le monde est copain avec tout le monde. De prime abord, on pourrait penser que FTQ-Axium-Montreal Gateway et Logistec-Termont sont des compétiteurs. Mais quand on y regarde de plus près, on se rend compte que la FTQ les relie en achetant la première et en finançant la seconde. On aurait aussi pu penser que l’Administration portuaire de Montréal (APM) aurait la liberté de choisir avec quel opérateur elle aurait voulu faire affaire à Contrecoeur. Mais la décision de retenir un autre opérateur que ces deux-là liés à la FTQ aurait certainement été délicate à prendre quand on constate que la FTQ se vante d’être un partenaire privilégié de l’APM:

SNC Lavalin est aussi une compagnie qui jette des ponts entre l’Administration portuaire de Montréal (APM), la FTQ et les opérateurs Montréal Gateway et Termont. D’une part, c’est SNC Lavalin qui a produit le rapport d’impact environnemental concernant le projet de port de Contrecoeur et commandé à l’interne par l’APM. Puis il faut souligner que la FTQ est actionnaire de SNC Lavalin. Au début de l’année 2020, la FTQ avait investi pas moins de de 50 millions$ dans SNC Lavalin. Or, la direction d’Axium, firme propriétaire de Montreal Gateway, est remplie d’anciens cadres de SNC Lavalin. Et comme si ce n’était suffisant, notons que la FTQ est aussi actionnaire de Fiera Capital qui est la maison-mère d’Axium Infrastructure et partenaire de la FTQ dans l’achat de Montreal Gateway.

Si tout cela ne vous convainc pas encore que tous ces acteurs sont reliés d’une manière ou d’une autre et que vous me demandez de trouver encore davantage de liens unissant tout ce beau monde, je n’aurais alors d’autre choix que de me tourner vers la SODES. Parmi les membres de cet organisme sans but lucratif, on retrouve la FTQ, l’APM, la Ville de Contrecoeur, Logistec, ArcelorMittal, le ministère des Transports du Québec, CargoM (sur le conseil d’administration siège la propriétaire de Logistec, Madeleine Paquin), le CN (dont une voie ferrée traverse le chantier de Contrecoeur), etc.

À la lumière de toutes ces informations qui soulèvent, il est vrai, bien davantage de questions qu’elles ne procurent de réponses, on peut toujours croire que ce dossier de Contrecoeur est mené dans les règles de l’art, mais vous me permettrez quand même de dire qu’il serait pertinent d’en douter. Ne serait-ce qu’un tout petit peu…

Philippe Couillard a pavé la voie aux promoteurs

Durant la campagne électorale de 2014, le chef libéral Philippe Couillard promettait une Stratégie maritime s’il était élu, stratégie qu’il avait puisée dans un livre écrit par François Legault quelques années auparavant. Couillard fut élu. Et il alla de l’avant. En juin 2015, Couillard présenta son projet maritime qui impliquait des investissements de tout près de 9 milliards$. Cette stratégie maritime impliquait la création de deux pôles logisitiques dans la grande région de Montréal. Celui de Contrecoeur et celui de Vaudreuil-Soulanges.

Pour bien relier les deux pôles, le projet de loi 85 fut présenté. Il permettait le développement industriel et commercial tout le long de l’autoroute 30 entre Contrecoeur et Les Cèdres. Pour facilier les choses, le gouvernement Couillard voulait imposer des assouplissements aux règles protégeant le territoire. Voici comment la chose était présentée:

« Le projet de loi permet au gouvernement de fixer, à l’intérieur de territoires définis, des règles d’urbanisme propres à favoriser l’implantation d’entreprises du secteur de la logistique. Il permet également au gouvernement d’établir, à l’égard de ces mêmes territoires, des règles dérogeant à la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles. »

Les libéraux ont toutefois perdu le pouvoir en 2018 avant d’avoir pu faire tout ce qu’ils voulaient avec le projet de loi 85. Mais les promoteurs n’avaient pas à s’inquiéter outre mesure de la nouvelle situation politique puisque Legault avait été conçu sensiblement dans le même moule. La Stratégie maritime a donc été reprise au compte de la CAQ, la ministre Chantal Rouleau étant maintenant responsable du dossier. Celle-ci a les coudées encore plus franches que ses prédécesseurs puisque l’impact économique dévastateur provoqué par la covid-19 permet au gouvernement Legault d’accélérer la démarche. Afin de relancer l’économie, nombreux sont ceux qui sont prêts à accepter n’importe quoi.

C’est ainsi que le principe du développement accéléré de l’autoroute 30 fut intégré au projet de loi 66 qui, lui, fut adopté en décembre 2020. Cette loi soustrait l’élargissement de l’autoroute 30 à toutes mesures d’évaluation environnementale en général, et au Bureau d’audience en protection de l’environnement (BAPE) en particulier. L’autoroute 30 devient de ce fait le canal par le truchement duquel le développement sauvage peut se faire, sans aucune considération environnementale. Et cela est vraiment inquiétant puisque plusieurs des derniers milieux humides ou naturels de la grande région de Montréal se retrouvent justement aux alentours de l’autoroute 30.

Le Groupe Grilli-FTQ a bien sûr compris l’importance de l’autoroute 30 dans les projets de construction à venir. Ils ont de ce fait annoncé la construction d’un carrefour giratoir au printemps 2021 permettant de relier leur Cité 3000 à l’autoroute 30.

Ils ne sont pas les seuls promoteurs à avoir flairé la bonne affaire.

En lien avec le projet de port de Contrecoeur, le gouvernement Couillard avait prévu le développement de plusieurs pôles tout le long de l’autoroute 30, et ce, jusqu’aux Cèdres. Les principaux développements étaient même indiqués sur une carte qui se trouve toujours sur le site de l’Assemblée nationale.

Tout cet aspect du dossier exigerait des heures de travail afin de vérifier un élément ou un autre de nature à soulever des inquiétudes. Pour l’heure, on va se concentrer sur ce qui nous saute aux yeux, sans vérifier la propriété de chacun des lots concernés et se trouvant tout près de l’autoroute 30. On va pour l’instant faire quelques vérifications sommaires, en se rendant par exemple sur le site du groupe Shathony.

Shathony est actionnaire avec Gaétan Houle de la compagnie ayant mené les travaux illégaux à Longueuil, dans un habitat de rainettes faux-grillon. Je vous le rappelle. Ce sont eux qui m’ont fait parvenir une mise en demeure. Je vous le rappelle aussi. Sur leur site internet, plusieurs projets de développement résidentiel sont présentés. Dont un à Delson, tout juste à côté de l’autoroute 30. Le groupe prévoit un développement à haute densité aux abords de la rivière à la tortue, là où on retrouve la rarissime tortue géographique.

Bien sûr, le gouvernement a indiqué ce secteur comme étant l’un des pôles importants à développer sur une carte qui a été produite pour lui. Les lots de Shathony étant même indiqués sur la carte du gouvernement comme étant en partie propice au développement industriel.

Dans la loi 66 du gouvernement Legault, une série de projets en lien avec l’autoroute 30 sont annoncés. À St-Jean-sur-Richelieu, par exemple, le gouvernement financera le réaménagement de la route 104 jusqu’à l’autoroute 30, à La Prairie. Or, Shathony a un projet immobilier dans le secteur.

D’autres vérifications et d’autres enquêtes inhérentes à l’autoroute 30 seront réalisées dans le futur.

C’est donc un dossier à suivre.

Conclusion

Ce dossier couche sur papier virtuel le fruit des vérifications que j’ai effectuées depuis quelques semaines déjà et qui avaient pour but de me faire un peu mieux comprendre à qui on a affaire quand il est question de protection des milieux humides et des espèces qui les habitent.

C’est vrai, mon dossier soulève bien davantage de questions qu’il ne vous propose de réponses. Il n’en demeure pas moins qu’il fait naître en moi – et chez vous aussi, j’imagine – de fortes inquiétudes. Ces inquiétudes façonnent chez moi de fortes opinions; qui pourraient donner naissance à un ton polémique. C’est mon style. Je vais toutefois garder mes opinions tranchées pour moi. Et faire l’économie du ton polémique. Je considère que vous êtes tout aussi bien placés que moi pour tirer les conclusions qui s’imposent dans ce dossier. Nul besoin ai-je de vous imposer les miennes.

Ce que je puis quand même dire, c’est que toutes les ramifications que j’ai ici exposées et qui permettent de bien comprendre que la plupart des acteurs impliqués dans ce dossier sont dans les faits liés les uns aux autres, d’une manière ou d’une autre, sont en soi suffisamment inquiétantes pour qu’on continue de se pencher sur cette affaire. Pour découvrir ce qui reste encore à être exposé à la lumière du jour. Il faudra continuer de fouiller, de chercher, de réfléchir. Question d’éviter l’émission de chèques en blanc.

À mes yeux, il est anormal que toutes ces informations ci-haut ne se retrouvent pas franchement et de manière transparente sur la place publique. Si tel n’est pas le cas, c’est parce qu’on a un grave problème au Québec attribuable à une industrie médiatique qui est la nôtre et qui est en profond déclin. Ce problème dessert grandement les impératifs démocratiques auxquels on se dit pourtant attachés, ici, au Québec.

Qu’on soit d’accord ou pas avec le développement résidentiel, commercial et industriel débridé, encore faut-il que l’on puisse tous nous faire notre propre idée, en toute connaissance de cause de tous les éléments qui concernent un dossier x ou y. Il en va du gros bon sens.

Détruire la vie n’est pas un geste anodin. Le faire pour des considérations économiques liées au profit de quelques-uns encore moins. Si on décide collectivement de laisser faire les promoteurs qui se proposent, sans jamais l’avouer bien sûr, d’abattre les derniers habitants des milieux humides de la région de Montréal afin de faire rouler l’économie à leur façon, encore faudrait-il qu’on le fasse en sachant bien ce que cela implique vraiment. Ce qui n’est actuellement pas le cas.

Les milieux humides rendent des services importants en matière de filtration des eaux. Ils diminuent les risques d’inondation. Ils ont une grande valeur économique. Ils abritent en plus efficacement la vie. Ils sont franchement importants. Pour les animaux. Et pour les humains aussi. Les détruire ne peut se faire qu’à des coûts importants. On doit collectivement en prendre conscience.

Dans le cas qui nous concerne ici, jamais on ne me fera croire qu’il était collectivement utile de détruire les milieux humides de Longueuil qui sont à l’origine de la présente affaire. Ceux-là étaient liés au refuge faunique du Boisé du Tremblay qui a été développé à l’aide des taxes des citoyens de Longueuil. Construire là des condos tuera la vie, certes, mais cela endommagera aussi l’investissement dans l’avenir des citoyens de Longueuil.

Ne pas prendre des précautions pour protéger les marais de Boucherville qui sont situés à côté d’une carrière que les autorités laissent décontaminer sans vérifications dignes de ce nom n’est pas davantage profitable aux résidents de cette ville. Boucherville s’évertue à protéger cet îlot de nature où l’on retrouve des populations de rainettes faux-grillon. Je trouve déplorable que la Ville soit abandonnée par le ministère de l’Environnement dans cette mission importante.

Et je ne suis pas davantage d’accord avec le fait qu’on construise le port de Contrecoeur en plein milieu d’un habitat fréquenté par un poisson menacé, qui n’existe qu’au Québec, le chevalier cuivré. Ne penser qu’au développement économique amène les décideurs à porter des oeillères. Si un nouveau port est vraiment nécessaire dans la région de Montréal, alors pourquoi ne pas plutôt envisager les terrains de Montréal-Est pour l’accueillir? Cela serait beaucoup moins dommageable pour l’environnement que de le faire à Contrecoeur.

Mais est-ce que cela ferait l’affaire de la FTQ et de ses associés si on devait ainsi déplacer le projet de port, eux qui ont déjà fort bien placé leurs billes à Contrecoeur? Poser la question, comme on dit, c’est pas mal y répondre…

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