En fin de semaine, il pleuvait ; un temps maussade qui donne le goût de rien. Et la politique ? Bof. J’ai vu nos péquistes faire des pitreries et des tatas destinés à François Legault, pis ça m’a écoeuré ben raide. Je me suis donc tapé, en rafale et bien au chaud, quelques documentaires animaliers.
Le premier ? Sur le magnifique parc de Yellowstone, aux Etats-Unis (oui, oui, y’a des belles choses même aux États). L’environnement du parc est extraordinaire…mais trop petit. Les animaux sauvages, surtout l’hiver, doivent trouver des endroits plus cléments pour passer à travers ces mois difficiles. Et là, c’est le bordel qui commence pour eux. En particulier pour les antilopes qui parcourent des centaines de kilomètres pour hiverner en sécurité. À quel endroit ? Bien en dehors du parc. Elles s’y rendent en déambulant, le regard hagard,…à travers des centaines de puits de gaz naturels ; vous savez, la cochonnerie de gaz de schiste. Les animaux sont effrayés par tout ce remue-ménage et se font bien souvent écraser par les voitures et les camions ; les cadavres jonchent les accotements des autoroutes. Quel gaspillage !
Pour les wapitis, ce n’est pas plus gai. Ils doivent réinventer leurs façons de vivre à chaque nouvelle saison froide qui se pointe, et ce, principalement pour dénicher de nouveaux pâturages, qui se trouvent eux aussi bien en dehors du parc. À chaque nouvelle année qui se pointe, les quartiers résidentiels empiètent un peu plus sur les habitats sauvages, ce qui mine les chances de survie du troupeau de wapitis. Mais les gens sont quand même gentils, ils les tolèrent -un peu- sur leurs pelouses…Des animaux sauvages dans votre jardin personnel, on en est rendu là !
Et ajoutons que le bétail des éleveurs n’aide pas vraiment non plus les wapitis à survivre dans cet environnement qui leur était si doux il n’y a pas si longtemps, car il consomme leur nourriture. Un jour ou l’autre, ce système précaire va s’effondrer, emportant les wapitis dans sa chute. Pas besoin d’être un génie pour le comprendre.
Bien sûr, qui dit grands herbivores dit prédateurs. Enfin, c’est comme ça que la nature a prévu le fonctionnement des écosystèmes. Les loups qui ont été ré-introduits à Yellowstone en 1995 se doivent par conséquent de suivre les troupeaux de wapitis ou d’antilopes pour se nourrir…Ils doivent les suivre bien en dehors du parc. Et dès qu’ils en sortent, les carabines les attendent. Pour des raisons qui relèvent bien davantage du folklore qu’autre chose, on n’aime pas cet animal pourtant si utile. Alors, on se permet de le flinguer dès qu’il n’est plus protégé par les frontières d’un parc naturel, les éleveurs croyant ainsi sauver de leurs crocs un veau ou un agneau qui est destiné aux étales de nos épiceries. Quelle connerie !
À cause de l’étalement urbain et de l’exploitation des ressources naturelles, la vie sauvage parvient de plus en plus difficilement à survivre à Yellowstone…par manque d’espace. Comme c’est aussi le cas dans bien d’autres régions du monde d’ailleurs. Et l’humain en est directement responsable.
Je me suis ensuite tapé un documentaire sur les lions du Kenya et les proies qu’ils consomment. Depuis quelques années, les animaux de la savane ont de plus en plus de difficulté à survivre. Pourquoi ? Parce que la saison des pluies est de plus en plus en retard à chaque année et dure de moins en moins longtemps. Pis c’est ben plate, mais un éléphant, ça doit boire environ 200 litres d’eau par jour pour survivre ! Il faut donc qu’il pleuve pour assurer la survie des grands animaux africains. La raison expliquant cette sécheresse ? Le réchauffement climatique bien sûr ! Il n’y a pas que les ours polaires qui sont menacés par ce phénomène, mais tous les animaux de la planète le sont également.
À cause des activités industrielles et urbaines, les animaux d’Afrique meurent littéralement de soif. Et l’humain en est directement responsable.
J’ai ensuite visionné un documentaire sur les animaux de laboratoire. On racontait l’histoire d’un groupe de singes de type bonobo sur lesquels toutes sortes d’expériences avaient été menées (même des mutilations). Des amoureux des grands primates les avaient libérés de cet enfer où ils avaient passé les 15 dernières années, leur procurant de ce fait un minuscule refuge à l’environnement enfin -un peu- sauvage. Les animaux durent être complètement ré-initiés à la vie. À cause des mauvais traitements qu’ils subirent au quotidien, durant 15 ans je le répète, ils étaient devenus complètement fous et agressifs. Un grand singe, ce n’est pas fait pour vivre dans une minuscule cage, en attendant son prochain tour sur la table d’opération, tout comme un chien n’est pas fait pour vivre constamment attaché au fond d’une cour (certains devraient ici se sentir visés).
À cause des humains qui aiment se maquiller (pratique complètement futile) ou que l’on doit soigner d’une maladie X ou Y (ce qui est bien en soi), des animaux sont torturés (ce qui l’est beaucoup moins), à chaque jour. Et l’humain en est directement responsable.
Comme je n’avais pas encore le moral complètement à plat, je me suis dit qu’un documentaire sur les abeilles ne pourrait pas me faire plus de tort. J’avais tout faux. Ces dernières tombent comme des mouches – sans mauvais jeux de mots – depuis des années maintenant. Si elles disparaissent, c’est tout le système qui foutra le camp, et pour vrai cette fois. On nous dit que les experts ne connaissent pas la cause de cette hécatombe. Ça pourrait être le parasite varroa, les ondes satellites, un virus, bref, on pointe dans plusieurs directions en même temps. Mais la seule direction qui permet vraiment d’expliquer les problèmes qui assaillent les abeilles, c’est l’agriculture industrielle qui se développe depuis des décennies maintenant. Toutes les cochonneries dont le nom se termine en « cide » et que l’on diffuse dans l’environnement, de même que les monocultures, sont en train de venir à bout des colonies les plus solides. Les abeilles meurent à cause de l’industrialisation de l’agriculture, c’est clair.
Et l’abeille, c’est une espèce baromètre. Si l’abeille va mal, c’est le système naturel au complet qui va mal. Et à les voir mourir par millions, force est de constater que ça ne tourne pas rond sur la planète terre. Et l’humain, encore une fois, en est directement responsable.
À partir de là, j’en avais vraiment marre de ma séance « documentaire » ! J’ai alors décidé de zapper, question de me changer les idées. Je tombe alors sur les nouvelles. On parle du Japon. Abondamment. Et surtout des centrales nucléaires qui sont en train de péter les unes après les autres. On nous avait pourtant dit que le nucléaire était à peu près sans risque. On découvre quand même qu’une simple vague a tout foutu le système à terre, et que des radiations émanent dès lors du site ; polluant tout sur leur passage.
Tout fout vraiment le camp ! Rien ne va plus.
Et je préfère ne pas vous parler ici de la mer que l’on vide pour nous nourrir, des forêts que l’on coupe pour construire ceci ou cela ou pour imprimer un canard X ou Y, et je ne vous parle pas non plus de l’air ou de l’eau ou des sols que l’on pollue afin de mener toujours mieux nos activités humaines ô combien importantes.
Face à tous ces problèmes, l’on cherche des solutions. Enfin, certains en cherchent. Ceux qui n’essaient pas de nous faire croire que tous ces problèmes environnementaux ont été inventés par David Suzuki ou Laure Waridel pour s’auto-promouvoir et se faire ainsi une carrière enviable.
Ceux qui aspirent à un rétablissement de la situation nous demandent de consommer moins, de recycler, de faire couler l’eau moins longtemps lorsque nous nous brossons les dents, d’acheter plus de produits locaux, etc. Or, toutes ces propositions ne sont qu’autant de sparadraps que l’on applique sur une jambe profondément gangrenée.
La réalité est qu’il y a tout simplement trop d’humains sur notre petite planète et que tous ces humains aspirent en plus à vivre, un beau jour, comme les Occidentaux qui ne sont rien d’autre que des machines à consommer toujours plus d’énergie. La population humaine se décuple de décennie en décennie, accentuant de ce fait la pression sur la planète. Pour faire vivre toutes ces bouches à nourrir, on doit développer des techniques agricoles de plus en plus performantes (lire chimiques) en misant essentiellement sur les monocultures, détruisant ainsi la diversité naturelle. Mais on doit également produire plus d’énergie et loger tout ce beau monde. Résultat : les terres agricoles servent de plus en plus à autre chose qu’à produire des légumes. Des gens crèvent de faim partout autour du monde et cela n’ira certainement pas en s’améliorant si l’on considère les changements climatiques et la hausse des prix dans l’industrie alimentaire.
Sans tomber dans le malthusianisme pur, doctrine prônant le contrôle de la procréation chez les familles pauvres de par le monde, il nous faut nous rendre à une évidence : la planète ne pourra pas faire vivre 10 ou 15 milliards d’humains sans que de graves conséquences sur les écosystèmes s’en suivent ; en fait, le désastre est déjà bien entamé et nous ne sommes qu’un peu moins de 7 milliards.
À chaque nouveau milliard d’humains que l’on accueille sur la planète, ce sont de nouvelles terres sauvages que l’on doit saccager pour permettre à l’humanité de toujours fonctionner, un tant soit peu. Ce sont de nouveaux territoires qui doivent servir à la production d’énergie. Ce sont des nouvelles terres qui doivent accueillir de nouvelles maisons. Ce sont des nouvelles mers qui doivent être sillonnées par des chalutiers qui détruisent tout sur leur passage, et ce, pour nourrir des humains toujours plus nombreux. C’est une course folle vers la destruction totale du monde tel que nous le connaissons dont il s’agit. Une véritable catastrophe comme les films d’Hollywood les aiment tant mais qui ne font plus rigoler du moment qu’elles sont bien réelles.
À la fin de sa vie, le géant Claude Lévi-Strauss, sur les ondes de France 2, avait dit : « Ce que je constate : ce sont les ravages actuels ; c’est la disparition effrayante des espèces vivantes, qu’elles soient végétales ou animales ; et que du fait même de sa densité actuelle, l’espèce humaine vit sous une sorte de régime d’empoisonnement interne -si je puis dire- et je pense au présent et au monde dans lequel je suis en train de finir mon existence. Ce n’est pas un monde que j’aime ».
On n’a tout simplement pas le droit de continuer comme ça. Devra-t-on imiter le Rwanda qui vient de procéder à une vaste campagne de stérilisation des jeunes hommes ? Je ne sais pas.
Ce que je sais par contre, c’est que tout ça est hyper compliqué. Encore plus que d’essayer de faire du Québec un pays. Alors, à tout prendre, je préfère encore dire : Vive le Québec libre.