Je me rappelle notamment de ce sondage dans les années 1990 qui demandait aux Québécois quelle ville était la capitale du Québec… Résultat : environ le tiers des citoyens de la ville de Québec ne savaient même pas que leur cité était la capitale de leur patrie! J’en avais été sidéré. Depuis, avec les radios-poubelles pour faire l’éducation citoyenne, cela a bien dû s’améliorer, j’imagine…
Un sentiment semblable d’ahurissement m’a envahi à la lecture des résultats du dernier sondage Le Devoir – Léger Marketing. Dans le lot, la question suivante : « Personnellement, sur la question nationale du Québec, est-ce que vous vous sentez plus proche de…? » Et les choix de réponse étaient la position de François Legault, celle de Pauline Marois, celle de Jean Charest, ou le classique Ne sait pas/refus.
Tout d’abord, on peut noter que 24% des sondés refusent de répondre ou ne savent même pas. C’est énorme! Ensuite, on apprend que 3% des électeurs du PQ préfèrent la position de Jean Charest, ce qui est déjà estomaquant, alors que pas moins de 11% des électeurs de Charest préfèrent celle de la chef du PQ ou que 20% des électeurs de l’ADQ préfèrent la position de Marois (10% ) ou bien de Charest (10%) sur la question nationale! Mais quel est ce peuple sans boussole? Où allons-nous, bordel?! Déprimant, profondément déprimant. Et surtout révoltant.
Révoltant, car il ne faut pas trop en vouloir aux Québécois d’être si mêlés. Bien sûr, nous avons tous une responsabilité de nous informer et de comprendre le plus possible les tenants et aboutissants de nos débats politiques. Or, il ne faut pas oublier que l’État doit jouer un rôle fondamental en cela. Le système d’éducation, notamment, doit donner une solide formation en histoire et en éducation à la citoyenneté pour faire de nos jeunes Québécois des citoyens éclairés pour demain. Sur ce plan, notre système est une faillite depuis longtemps : les politiciens préfèrent former des travailleurs et des consommateurs, et non des citoyens. Ça nous pète au visage de partout.
Par ailleurs, l’État doit aussi s’assurer que le citoyen ait facilement accès à une diversité de sources d’information pour accroître sa compréhension de nos enjeux sociaux et politiques. Or, jamais aucun gouvernement n’a fait face au problème de la terrible concentration de la presse qui sévit au Québec depuis des décennies. On n’en parle même plus! Plutôt que de régler ce problème fondamental, ce qu’on doit faire en priorité si on prétend construire une société démocratique, nos politiciens l’ignorent. C’est pitoyable!
Je n’accuse donc pas les Québécois d’être un peuple perdu, je le constate. Tristement et simplement. Mais, par contre, j’accuse férocement nos élites d’avoir débilisé ce peuple qui ne sait maintenant plus vers où se diriger. Dans de récents sondages, on était même prêt à porter au pouvoir un François Legault qui n’avait même pas encore dévoilé ses orientations… C’est dire!
Et pendant que les Québécois comprennent de moins en moins leur situation politique, au PQ de brillants cerveaux tels Nicolas Marceau et Pascal Bérubé ne trouvent rien de mieux que de réclamer une hausse des frais de scolarité au Québec nous apprend Rue Frontenac. Restreindre l’accès aux études, voilà la voie d’avenir! Dire que ce Bérubé est un ancien leader du mouvement étudiant… C’est à vomir.