Bien sûr, je comprends – je n’appuie pas mais je comprends – ce qui a poussé Bernard Drainville, François Rebello, Nicolas Marceau, Stéphane Bédard et Pauline Marois à souhaiter voir François Legault abandonner son projet à la con pour mieux réintégrer les rangs du PQ. Ceux-là craignent comme la peste que la Coalition pour l’avenir du Québec se transforme prochainement en parti politique, ce qui minerait considérablement les chances du PQ de former le prochain gouvernement, et ce, parce qu’un tel parti diviserait encore davantage le vote francophone, là où le PQ récolte ses appuis. Comme on sait que les appuis du PLQ, eux, se comptent principalement dans le Québec anglophone et allophone, et que ces appuis leur sont toujours gagnés d’avance, on peut comprendre la frousse qui tenaille les péquistes. Le vote libéral ne se divise pas, alors que celui du PQ est en phase intensive de morcellement depuis des années maintenant. L’arrivée d’un parti dirigé par Legault, c’est la meilleure façon de contraindre le PQ à la défaite, tout en permettant à Charest de rêver à un quatrième mandat…Voilà ce que les ouailles – ou les patrons ? – de Legault ont compris…
Maintenant que l’on saisit cela, il y a deux façons d’aborder le problème. Celle que préconise le PQ et qui pousse des députés à faire les yeux doux à un traître, et celle qui consiste à le combattre avec l’énergie du désespoir s’il le faut. Pour reprendre la formule d’un « grand homme »: dans mon livre à moi, les traîtres, mieux vaut les tenir le plus loin de soi possible. S’il fallait que Légault – ce qui n’arrivera pas, soyons clairs – revienne au PQ, quel climat de travail et de confiance cela créerait-il ? Et considérant que cet homme n’est intéressé que par une chose : lui-même, et sous les plus gros projecteurs SVP, jusqu’à quand devrions-nous attendre avant son prochain retournage de veste ?
Quand la gangrène est prise aux plus hauts échelons d’un parti, ce n’est jamais de bon augure. Mais semblerait que la troupe à Pauline puisse envisager quand même la chose. Il faut dire que cette culture est bien enracinée au PQ, et ce, depuis des lustres. Même si l’on sait aujourd’hui que Claude Morin était sur la liste de paie de la GRC alors qu’il était ministre péquiste dans les années 1970 et 1980, ce dernier est toujours le bienvenu au PQ depuis des années maintenant. Assez renversant quand on y pense deux minutes.
Alors moi je crois qu’au lieu de s’acoquiner avec des traîtres, le PQ devrait les pourfendre. Les troupes de Pauline Marois devraient tirer à boulets rouges – quand cela est pertinent bien sûr, il ne faut quand même pas faire plus de publicité au petit homme qu’il n’en a déjà, gracieuseté de certains médias qui combattent le PQ de diverses manières– sur François Legault. Ce dernier a passé des années au sein du PQ, il est temps de sortir les histoires les plus déstabilisantes pour lui et qui étaient conservées dans des cartons, il est temps de jouer sale. Très sale. Il faut démolir le fédéraliste qu’il est devenu. Et la meilleure façon d’y parvenir, c’est de le mettre face à ses contradictions, en ressortant entre autres ce qu’il disait alors qu’il militait toujours pour la souveraineté, en comparaison avec ce qu’il dit maintenant. Il faut démontrer très clairement à la population que ce type n’est qu’un vendeur de chars usagés qu’on ne peut jamais croire. Hier, il vendait la souveraineté, aujourd’hui il dit vendre l’unité canadienne. Hier il disait vouloir son propre parti, aujourd’hui, les rumeurs le disent prêt à coucher- contre une poignée de nouveaux appuis et, surtout, contre des militants – avec l’ADQ. Mais tout le monde doit comprendre que ce tartuffe québécois ou canadien ( on ne sait plus trop) n’a jamais vendu autre chose que lui-même. Voilà ce qui doit être démontré, et voilà tout ce que mérite un traître de cette espéce.
Les événements des derniers jours m’ont rappelé ce qui s’était produit sur la scène fédérale au début des années 2000. Lorsque Paul Martin est devenu chef du Parti libéral du Canada, le Bloc Québécois a sorti l’artillerie lourde; il ne lui a pas fait des mamours parce qu’il le craignait – et Dieu sait si Duceppe avait alors peur de Paul Martin. Décision avait quand même été prise que les bloquistes devaient surmonter leurs peurs et combattre le nouveau messie du mois. Un livre avait été écrit sur le chef Martin, question de le torpiller solidement. J’avais beaucoup aimé cette attitude gagnante, attitude que devrait aujourd’hui adopter le PQ à l’encontre du traître Legault.
Après tout, à la guerre, il faut bien combattre de temps en temps…