Sans espoir?

Ça fait un bout de temps que je n’ai pas pondu un texte. Au moins 2 mois. Depuis la mort de Paul Desmarais. Ce ne sont pas les sujets qui manquaient. On dirait que la bêtise m’a submergé, qu’elle a pris  le dessus sur moi. Submergé par la gauche, par la droite, par le centre. Je n’arrivais plus à suivre le rythme. Coderre à la mairie, la charte, les frasques de Rob Ford, les hommages à Desmarais, les partielles, Sugar Sammy, Tout le monde en parle, les radios-poubelles, etc. Parfois, je fais des constats terrifiants et je me dis : « C’est sans espoir ». Louis Morissette écrit des films. Sans espoir. Il sera persuadé de faire de l’humour politique parce que Joël Legendre portera un masque d’André Boisclair et lui, un masque de Lucien Bouchard. Sans espoir. Miley Cyrus, candidate potentielle au titre de personnalité de l’année. Sans espoir. Philippe Bond et Mélanie Maynard sont des « personnalités » en soi et on considère leurs avis. Sans espoir. Coderre réussit à être élu sans énoncer une seule idée. Sans espoir. Les radios-poubelles sont #1 au Québec. Sans espoir.

Des fois, je me sens pas mal seul aussi. Des fois, je me dis : «  est-ce que je suis vraiment le seul? » Suis-je le seul à réaliser que Myley Cyrus, Rihanna ou Katy Perry, c’est exactement la même chose? Suis-je le seul à remarquer que Sugar Sammy n’a pas de popularité en soi, car elle est créée de toutes pièces par les Molson et Rozon, d’authentiques ultra-fédéralistes? D’ailleurs, j’ai déjà fait un article sur son agenda politique, mais il faut comprendre une chose. Son titre d’« humoriste de l’année » est censé être un choix du public. Mais s’il lui avait été attribué parce que Evenko a envoyé la notice à toute sa liste de contacts? Un prix du public préfabriqué pour un humoriste surévalué. Et il a supposément joué partout dans le monde, à L.A. et cie,  avant de « décider » de revenir au Québec… Pffff. Pensons-y deux secondes. Alors que plusieurs artistes délaissent le Québec, « trop petit pour leurs ambitions » comme dirait le vieux, lui, un gars hyper-méprisant envers les Québécois, l’aurait choisi après L.A. Foutaise. Fin de la parenthèse.

Suis-je le seul à trouver préoccupant la transaction Bell-Astral ou la vente de Spectra à Molson? Suis-je le seul à me préoccuper du vol de nos ressources naturelles (un vol subventionné d’ailleurs), entre autres via le « Nord pour tous » (anciennement le Plan Nord)? Suis-je le seul à réaliser que les compagnies ferroviaires, fleurons du Canada, nous mettent dans le cul? Suis-je le seul à ne pas se préoccuper des nouvelles applications I-phone? Suis-je le seul à me préoccuper des conditions de travail des camionneurs, des agriculteurs, des ouvriers de la construction, etc., qui ne cessent de se dégrader? Et la bouffe, qui la cultivera? Comment se rendra-t-elle dans les centres urbains? Qui réparera nos maisons? Et l’indépendance du Québec? Quelqu’un s’en préoccupe encore?

Et parfois je m’aperçois que je ne suis pas seul. Quand je réalise que d’autres personnes veulent lutter avec moi, je reprends espoir. Quand je réalise que mes collègues des Fils de liberté ou du Québécois continuent à persévérer malgré les embûches, je reprends espoir. Quand je réalise que des gens se battent, pour les droits des femmes, des autochtones, contre la corruption, contre le pillage de nos ressources naturelles, je reprends espoir. Quand j’écoute Alain Deneault parler des minières canadiennes ou parler d’une monarchie constitutionnelle comme d’un euphémisme pour parler d’une  colonie, étrangement, je ne perds pas espoir. Quand je lis Robin Philpot, Jacques Lanctôt ou Pierre Dubuc me parler de Desmarais, comme on devrait m’en parler, je garde espoir. Quand je lis les récits de Castro et du Che dans la Sierra Maestra, quand je lis les récits de Chavez ou de Sankara face à leurs bourreaux, quand je pense à Arafat confiné dans son QG, je reprends espoir. L’espoir est la chose la plus importante dans n’importe quelle lutte. L’espoir ne meurt jamais. Sun Tzu appellerait cela « le moral des troupes », moi j’appelle cela « l’espoir ». Quand bien même nous ne serions que dix à nous battre encore pour un Québec indépendant, je garderais espoir. Quand bien même Sugar Sammy serait l’humoriste le plus populaire, je garderais espoir. Quand bien même le maire serait Rozon ou Louis Morissette, je garderais espoir.

« On peut mettre un veston à une chèvre, mais ça reste une chèvre »

Nous vivrons. Nous vaincrons.

 

PS : Deux expressions que je ne suis plus capable d’entendre; l’une vient de la droite et l’autre de la gauche : « création de la richesse » et « citoyen du monde ».

 

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