Prix du patriote de l’année, je reçois aujourd’hui… Merci!

Prix du patriote de l’année, je reçois aujourd’hui. Et je dois dire que ça me touche droit au cœur. L’amour du Québec et de son territoire m’anime depuis toujours. Et le rêve de sa liberté me fait toujours vibrer autant au moment d’écrire ces lignes, et ce, même si j’ai aujourd’hui cessé de recevoir des coups de matraque pour ce grand rêve.

Tout d’abord, merci à Marie-Anne Alepin et la SSJB pour le prix qui m’est ainsi remis. Mais aussi à Maxime Laporte, qui était président au moment où la décision fut prise de m’accorder le prix. Je remercie aussi les autres qui furent impliqués dans cette décision; je ne sais pas tout du comment cela s’est décidé, mais je sais que Sophie Stanké a aussi eu son mot à dire dans le processus. Merci à elle!

En ces temps de pandémie-zombie, je reçois virtuellement le prix. Et c’est donc virtuellement que je dirai quelques mots à propos de personnes qui luttèrent avec moi, il y a 10 ou 15 ans. Ou à propos de celles qui m’accompagnent aujourd’hui dans mes nouvelles luttes. Je glisserai aussi quelques mots à l’égard de nos adversaires du temps et d’aujourd’hui. Les rouges comme les bleus.

Mais avant de me concentrer sur ces derniers-là qui sont franchement déprimants, mes pensées vont vers Pierre-Luc Bégin. Un homme fort. Un homme de l’ombre et influent. Un homme courageux et déterminé qui n’abandonne jamais. Jamais. Jamais. Tout ce qui a existé au cœur de l’Organisation du Québécois, c’est avec lui que je l’ai fait. Ce prix est tout autant pour lui que pour moi. J’étais plus fort en gueule que lui, je crois qu’il l’admettrait sans problème, donc je me suis retrouvé sur l’avant-scène de notre combat vigoureux. C’est ce qui m’a étiqueté comme la figure principale de l’organisation, mais Pierre-Luc était toujours impliqué dans tout. On a passé des centaines et des milliers d’heures à réfléchir le sens à donner à notre lutte. Nous étions prêts à tout pour cette liberté que ce peuple mérite tant et qui est le nôtre. Et nous agissions au meilleur de nos moyens pour jouer le rôle le plus romantiquement fort que nous le puissions dans ce digne mouvement de libération. Je l’ai dit et redit au fil des ans, mais Pierre-Luc est très certainement la personne la plus intelligente que j’ai croisée dans ma vie entière.

Je pense aussi à Pierre Falardeau et Jacques Parizeau. Dès le départ, ces deux Québécois immenses nous ont pris sous leurs ailes. Sans eux, notre décollage aurait été beaucoup plus laborieux. L’altitude atteinte bien moindre. Ils nous ont instantanément donné de la crédibilité en militant avec nous. Pierre, en acceptant de sauter avec passion sur le terrain, avec nous. Dans des manifs, dans des actions où on donnait des coups, et où on en recevait aussi; vous savez, ça fait partie du jeu, et il faut l’accepter ou bien se retirer (message ici). Ses chroniques percutantes dans le journal Le Québécois constituèrent des armes redoutables avec lesquelles nous militâmes fièrement. Pierre détroussait les poltrons, remettait les adversaires à leur place. Avec intelligence. Avec génie, même, j’ose affirmer.

Et je pense aussi à Monsieur Parizeau, une force plus discrète, mais une force toujours présente pour nous. À chaque nouvelle polémique qui nous concernait, et il y en eut plusieurs, je vous en passe un papier, M. Parizeau a toujours eu la délicatesse de m’appeler. Pour me rassurer. M’encourager. Me dire que nous agissions bien, malgré les condamnations de ceux d’en face, bien sûr, mais trop souvent aussi, et malheureusement, des condamnations de ceux qui prétendaient se trouver du même côté de la barricade que nous, mais qui jouaient du poignard dans notre dos. Au cours de ces années, j’ai eu l’immense privilège de côtoyer cet homme magnifique qui avait véritablement le sens de l’État, le seul qui savait comment utiliser efficacement nos institutions pour sortir le Canada de chez-nous.

Je pense aussi à René Boulanger. Écrivain patient et acharné dont l’oeuvre entière est tournée vers ce pays à faire. Un homme qui a accepté de se sacrifier pour cette grande cause. Pierre-Luc, René et moi, nous étions en contact quotidiennement. Quand je pense à René aujourd’hui, il me vient instantanément en tête le coup de poing qu’il a servi à la gouverneure générale Michaëlle Jean. Avec un seul texte, il l’a fait tomber de son piédestal, au plus grand dam du premier ministre d’alors, Paul Martin. J’entends encore rire M. Parizeau quand il me parlait de ce coup fumant.

Et je pense aussi à tous les militants qui nous rejoignirent quasi anonymement dans l’organisation du Québécois. À eux qui foncèrent avec nous vers les matraques qui fracassaient nos têtes sans vergogne. La peur ne nous freina jamais quand l’occasion se présentait de renverser les monuments de ce Canada construit au détriment de nous. En se dressant face à la violence policière, ces militants forcèrent un prince d’Angleterre à passer par la porte arrière d’une caserne de l’armée canadienne. On ne voit pas ça tous les jours! Ce jour-là, ils sauvèrent l’honneur du Québec. Et les Irlandais et les Écossais nous en étaient fort reconnaissants. Le courage infaillible et le degré d’engagement immense de mes camarades du Réseau de Résistance m’impressionneront toujours. Parmi les plus présents parmi tous ceux-là, je tiens à garocher quelques noms: Julien Gaudreau, Ben Tessier, Carlo Mosti, Ludovick Schneider, Louis-Philippe Dubois, Bernard Desgagné, Yannick Zurek, Jules Falardeau, Maxime Laporte. Et tous les autres. Bien sûr.

Un mot aussi dirigé vers Fred Deroy. Il passait ses samedis soirs en ma compagnie, alors qu’on animait une émission de radio internet dont de grands passages se retrouvaient régulièrement sur les ondes de certaines radios de Québec. À chaque mot prononcé, on risquait le déchaînement d’animateurs de fond de poubelle. Mais il était quand même là, à chaque samedi soir, durant des années, malgré les risques qu’il encourait à me côtoyer ainsi, moi, l’infréquentable!

Tous ces militants qui ont si bien travaillé des années durant ont forcé le respect des Catalans qui demandèrent dès lors au Réseau de joindre la délégation internationale en faveur de l’indépendance de leur pays. C’est grâce à votre courage et votre implication qu’on a pu travailler avec le Sinn Fein, le Scottish National Party, avec les Corses, les Basques, les Galiciens, les Bretons, les Kabyles… Ces peuples disaient vouloir apprendre du Québec combattant que nous incarnions. Mais on a surtout appris de ces peuples fièrement en lutte.

Je pense aussi aux artistes qui n’eurent pas peur de notre réputation sulfureuse et qui acceptèrent de publier chez nous, dans notre maison d’édition, ou de se montrer en public avec nous lors d’une action ou une autre. Je pense à Ghislain Taschereau, à Denis Trudel, à Raoul Duguay, à Raymond Lévesque, à Sylvain Rivière, à Victor-Lévy Beaulieu, à Brigitte Haentjens (qui a fait face au maire Red Bull et défendu ma présence au Moulin à paroles), à Sébastien Ricard, à Andrée Ferretti, à Hélène Pedneault. Et aux autres aussi.

En ce jour de remise de grand prix, j’ai aussi quelques pensées pour Jean Charest. La répression qu’il a tournée vers nous nous a rendus beaucoup plus forts. Le battre sur son propre terrain, en faisant savoir aux Québécois qu’il touchait malhonnêtement un salaire secret de 75 000$ par année ou en faisant plonger les finances de son parti dans le rouge grâce à l’action que nous dirigeâmes contre les grands donateurs libéraux, nous rendit plus grands, plus forts, plus confiants en nous-mêmes et nos moyens. Merci, M. Charest, d’avoir perdu si souvent contre nous! À votre façon, vous avez grandement servi notre cause et celle du Québec libre! (Ici, un merci particulier à Me Guy Bertrand qui m’a toujours conseillé et défendu pro bono contre les sbires des premiers ministres et contre les forces répressives du Canada liberticide (SCRS, GRC, EISN et compagnie).

Je me dois aussi d’adresser quelques mots à nos supposés alliés du temps. Je pense principalement à Gilles Duceppe et Pauline Marois, mais bien d’autres mériteraient ici aussi des critiques acerbes. Ces deux-là n’eurent jamais assez de salive dans le fond de la bouche pour prononcer leurs anathèmes contre nous. Ils magouillèrent. Nous poussèrent dans un coin ou l’autre, quand ils ne nous condamnaient pas publiquement, dans des journaux contrôlés par des intérêts opposés à notre libération en plus. Pour eux, l’organisation du Québécois et Pierre Falardeau nuisaient à la cause. Ils voulaient nous voir disparaître, pour avoir toute la place pour eux seuls. Et ils furent finalement exaucés. Aujourd’hui, quand je compare le bilan des patriotes nombreux du Québécois-Falardeau et le leur, je dois dire que je suis fier du nôtre. Et que j’aurais honte d’avoir à traîner le leur comme un boulet incarnant parfaitement l’échec immense qui leur sied si bien. En condamnant ceux qui se battaient, ils refusèrent d’agir. Le champ de ruines qu’est aujourd’hui le mouvement indépendantiste est en grande partie leur création, leur héritage. Franchement, je suis toujours autant révolté aujourd’hui de constater à quel point ils ont été nuisibles à la libération du Québec.

Ceci étant dit, et cela devait être dit, je retombe drette là dans le positif. Et ce, en remerciant Jean-Martin Aussant de m’avoir fait une place chez Option nationale. Ce parti agit alors comme un baume sur mon cœur de patriote meurtri. J’y ai rencontré des militants admirables qui me redonnèrent espoir en la victoire. Je salue d’ailleurs Sol Zanetti qui, avec sa grande candeur intelligente et passionnée, m’a très souvent confondu en réalisant ce que je croyais impossible de faire jusque-là.

Je souligne aussi la force de la grande dame qu’est Martine Ouellet. Depuis des années maintenant, elle ne désarme pas. Elle se dresse. Elle rêve du Québec libre et agit afin qu’il advienne. Elle aussi nous redonne de l’espoir.

Je termine en soulignant l’influence de deux personnes qui m’ont permis de réorienter mon combat ces dernières années. Tout d’abord la comédienne Geneviève Bilodeau qui m’a convaincu qu’il me serait possible de faire des films, même si je traînais la réputation d’ennemi public numéro 2 ou 3 dans ma besace. Je ne la croyais pas vraiment au départ, mais son caractère obstiné m’a finalement fait lui obéir. J’ai agi et j’ai ainsi obtenu la Bourse Canal D aux Rendez-vous internationaux du documentaire de Montréal. Cela m’a permis de faire deux films pour cette chaîne. Le premier (Québec profond), qui misait sur la grandiose beauté du territoire québécois, et de son Saint-Laurent incroyable, afin de convaincre les gens d’ici qu’il urge d’en prendre enfin soin, et ce, en détroussant ceux qui se proposent de le saloper pour mieux l’exploiter, à notre détriment à tous. J’ai aussi fait un film sur la Côte-Nord qui sauva la Nouvelle-France en 1711 (Le naufrage de l’île-aux-œufs).

Tommy Montpetit est l’autre personne qui m’a permis de me réorienter ces dernières années. Il est aujourd’hui mon fidèle camarade de combat. En sa compagnie, je me frotte aux mêmes genres de corrompus qui finançaient le PLQ dans mon autre vie, mais cette fois,on le fait afin de sauver des écosystèmes qui tentent de survivre aux abords de la métropole. Des écosystèmes qui abritent l’animal le plus politique du Québec: la rainette faux-grillon.

Et c’est ainsi qu’aujourd’hui, et grâce à eux deux, j’ai repris le bâton du pèlerin. J’ai trouvé une nouvelle façon de militer, de combattre. Avec une caméra à la main, cette fois. J’espère ainsi pouvoir stimuler suffisamment l’amour des Québécois pour le territoire magnifique qu’ils ont la chance d’habiter. On dit que l’amour est à même de déplacer les montagnes. L’amour pourrait aussi briser les chaînes de notre soumission à ce Canada liberticide. J’en demeure convaincu.

Continuons le combat. Sur tous les terrains. Sur tous les fronts. Sous toutes ses formes. Et vive le Québec enfin libre.

Merci!

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Je m’en voudrais de conclure ce texte sans remercier mes parents qui, depuis des décennies maintenant, endurent tout ça.

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Un commentaire

  1. Je le disais ailleurs, le Saint-Laurent est notre artère coronaire! Influenceur reconnu, tu dois, par en-dessous, rappeler que le fleuve sera la voie de passage et de douane, pour les Canadians quand le Québec se reconnaîtra! Nous vaincrons!

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