Il abandonne le plancher des vaches au règne de l’auto solo privé
Le REM est une arnaque, et le REM de l’Est encore plus, enrobé dans une tonne de sucre soit-disant écologique: « … le REM de l’Est permettra de réduire les gaz à effet de serre (GES) de 35 000 tonnes par année, selon la Caisse, ce qui équivaut à retirer environ 12 500 voitures des routes. Ce volume, c’est 0,25 % du parc automobile actuel ou encore 0,14 % de notre objectif québécois de réduction des GES d’ici 2030 » (Francis Vailles, REM de l’Est Ce projet de 15 milliards sera-t-il rentable ?, La Presse, 16/12/20). Le REM en construction ne vaut guère mieux selon le test climat fait en 2018 par la Coalition Climat Montréal et le Syndicat canadien de la fonction publique. En plus de ne contribuer en rien à la réduction des GES, le REM coûte les yeux de la tête, tant pour la construction des infrastructures que pour les frais d’exploitation, et ce sera au détriment du contribuable comme l’explique Francis Vailles et l’étude des deux experts responsables du test climat.
Le tracé prévu du nouveau REM délaisse les quartiers populaires à l’est du centre-ville pour passer par la zone industrielle à redévelopper et peu habitée avant d’arriver à Pte-aux-Trembles. Ce qui intéresse la Caisse c’est le re-développement lucratif de cette zone désindustrialisée où les logements sociaux ne seront certainement pas
en vedette. Quant à l’antenne vers Montréal-Nord, c’est un attrape-nigaud pour avoir l’appui populaire quand on réalise que son tracé est parallèle pour la majorité de son parcours avec le SRB-Pie IX actuellement en construction sans compter le prolongement de la ligne bleue qui l’alimentera. Ajoutons que l’échéance est lointaine (2029) pour ce type de projet long à construire à cause de son ampleur. Les grands gagnants sont le capital financier qui avancera les fonds et surtout cette «industrie de la corruption» qui récoltera à la pelle les contrats faramineux de construction.
Les interdictions partielles et totales des voitures à essence à une certaine date, combinées il va sans dire à de généreuses subventions pour les voitures électriques (13 000$ au Québec), en plus de pénaliser les plus pauvres qui doivent garder leur autos longtemps ou qui doivent acheter celles à essence tant qu’elles sont meilleur marché, ne font que dérouler le tapis rouge aux transnationales de l’automobile anciennes ou nouvelles à la Tesla soutenues par les GAFAM en assurant par avance la rentabilité de leur tournant électrique. La consommation de masse des véhicules électriques privés est au cœur de la relance de l’accumulation du capital avec son extractivisme (mines de lithium, nickel, cobalt, minerais et terres rares…) et son étalement urbain dévoreuse de forêts (conjointement avec la consommation de viande) à la source des zoonoses et des pandémies.
Il existe pourtant une alternative pro-climat, bon marché, à déploiement rapide et populaire
Il existe pourtant une alternative pro-climat, anti-char, dans la trame urbaine, bon marché, déployé rapidement et populaire à mettre en place si on a le courage de réduire la circulation automobile sur les boulevards et grandes rues menant vers l’est tel Sherbrooke ou Notre-Dama ou Gouin et d’autres dans l’axe nord-sud. Il suffirait d’autobus électriques ou tramways en voie réservée construits au Québec. Le transport collectif (et un complément d’autopartage communautaire) ne sera pas aérien ou sous terre mais en surface sur tous les autoroutes, boulevards et rues importantes plus le transport actif (pistes piétonnières et cyclables).
Il faut aller très rapidement étant donné l’urgence climatique, soit 10 ans (2030), vers l’interdiction de la propriété privée des véhicules tant routiers que hors route, pour le plus grand soulagement du budget des ménages et pour une urbanité à taille humaine et des forêts redevenus silencieuses et ré-humanisés, et son complément l’interdiction des maisons unifamiliales et même en rangées en zones urbaines. Cette radicalité est indispensable comme nous le rappelle Greta Thunberg en ce cinquième anniversaire de l’Accord de Paris sur le climat :
La planète Terre « va à contre-courant » face à la crise climatique, a averti la jeune militante Greta Thunberg à l’occasion du cinquième anniversaire de l’Accord de Paris. Au cours des cinq années qui ont suivi l’Accord, le monde a enregistré ses températures les plus élevées jamais enregistrées et a émis plus de 200 milliards de tonnes de CO2, a déclaré Mme Thunberg. De plus, les émissions de gaz à effet de serre devraient rebondir l’année prochaine après avoir chuté de façon spectaculaire en raison de la pandémie de coronavirus a déclaré M. Thunberg : « Des objectifs hypothétiques lointains sont fixés, et de grands discours sont prononcés. Pourtant, en ce qui concerne les mesures immédiates dont nous avons besoin, nous sommes toujours dans un état de déni complet, car nous perdons notre temps, en créant de nouveaux échappatoires fiscaux avec des mots vides et une comptabilité créative. » (The Guardian, 11/12/20)
Mais Québec solidaire n’a pas dénoncé le REM durant la campagne électorale et jusqu’ici n’a pas dénoncé le REM de l’Est. Pour cela il faudrait promouvoir l’alternative dans la trame urbaine qui nécessite de soustraire des voies pour les automobiles et camions ce qui pour les partis politiques, Québec solidaire compris, est un crime électoraliste de lèse-char. Est-ce ce blocage qui explique que Québec solidaire n’a pas dénoncé tous ces projets d’allongement et d’élargissement autoroutiers annoncés dans la loi 66 comme ayant droit à une approbation environnementale expéditive alors que ces projets encouragent l’étalement urbain ?