Les salauds à cravate ont un œil sur Anticosti !

Quand cela a eu lieu, j’avais déposé une série de demandes d’accès à l’information afin de savoir ce qu’avait obtenu en échange Hydro-Québec.  C’est Marie-José Nadeau, épouse de l’ex-ministre libéral Yves Séguin, qui m’avait répondu.  Grosso modo, elle m’envoyait me faire cuire un œuf, ne prenant quasiment pas de gants blancs pour le faire.  J’étais un simple citoyen et je n’avais pas à savoir ce qu’une société d’État foutait avec notre avenir collectif.  Je n’ai donc jamais su à quel point Hydro-Québec (et donc le peuple québécois) s’était fait fourrer dans ce dossier-là.  Quelques années plus tard, Le Devoir a tenté la même manœuvre, sans plus de succès.

Ce que Le Devoir nous apprend, par contre, c’est que Pétrolia, depuis qu’elle a chapardé les permis d’exploitation d’Hydro-Québec sur Anticosti, recrute parmi les cadres de cette même société d’État.  Éric Adam était jusqu’à peu géophycisien pour Hydro-Québec.  Bernard Granger était lui chef géologue.  Ils oeuvrent désormais tous deux pour Pétrolia.  À quel point ces deux hommes ont été des atouts pour Pétrolia lorsqu’elle a mis sa patte sale sur l’île d’Anticosti, nul ne le sait mais le diable s’en doute.

Surtout quand on sait qu’Hydro-Québec était, et est toujours, aux mains des amis à Charest, on ne s’étonne pas du triste sort qu’on y réserve au trésor québécois et du traitement de faveur dont jouissent les compagnies oeuvrant dans les ressources naturelles (par exemple Gastem, compagnie soeur de Pétrolia, est dirigée par l’ancien ministre libéral des mines, Raymond Savoie) ; après tout, Charest c’est le premier ministre des amis d’abord et avant tout.  Et depuis qu’il est premier ministre, c’est en plus Thierry Vandal qui dirige les destinées d’Hydro-Québec, ce qui n’est pas pour nuire aux compagnies qui veulent mettre la main sur le butin des Québécois.  Qui est Thierry Vandal ?  Un ancien vice-président de Gaz métropolitain ( et donc un pote d’André Caillé qui dirigeait alors cette même compagnie, ce même Caillé qui défendait jusqu’à tout récemment et de toutes ses forces les merdeux gaz de schiste) et ancien militant libéral voyons donc ! 

C’est sous Lulu premier, en 1997, que tout ce branle-bas de combat a débuté.  Lucien Bouchard, qui travaille aujourd’hui pour l’industrie gazière (tiens donc !), avait alors demandé à Hydro-Québec de s’investir dans le gaz.  Des travaux d’exploration avaient été de ce fait effectués.  L’autre conservateur qu’on a à la tête de l’État québécois aujourd’hui, Jean Charest celui-là, n’a fait que compléter la job déjà entamée.  Il a donné en cadeau à ses amis du grand capital (ah les amis, c’est important dans la vie) tout le labeur d’Hydro-Québec pour une bouchée de pain (assurément) qu’on a bien cachée au fond de la huche.  Ce sont les Gastem, Pétrolia, Corridor Resources, etc. qui s’en frottent aujourd’hui les mains d’aise.  On peut les comprendre.  Ils sont fort probablement assis sur des milliards qui partiront dans les coffres du privé (et donc de l’étranger) pendant que les caves que nous sommes récolteront les miettes.

Tout cela est prévu dans les moindres détails, n’en doutons point.  Les véreux à cravate nous manigancent ce mauvais coup depuis longtemps. Mais ce n’est qu’aujourd’hui que le chat sort du sac.  Pas pour rien que la ô combien respectable Nathalie Normandeau se refuse à scrapper enfin la loi sur les mines du Québec (le PQ le fera-t-il lorsqu’il sera au pouvoir, bonne question!) qui place bien haut le droit au « free mining », c’est-à-dire la liberté totale – ou à peu près – pour le grand capital de faire n’importe quoi avec notre sous-sol. Cette loi est ce qui permet tout le reste.  C’est le rouage principal de la crosse qu’on nous prépare depuis des années.  

Pendant que les Français viennent d’instaurer un moratoire sur l’exploitation du gaz de schiste, pendant que les Américains constatent l’ampleur des dégâts causés à l’environnement et à la santé humaine par cette industrie, nos ti-casses de Québec, eux, plient l’échinent devant le dieu argent.  À n’en point douter, les z’élites politiques servent ici très bien les z’élites capitalistes.  Mais les z’élites médiatiques le font très bien aussi.

Il faut savoir que Quebecor, dont le conseil d’administration est sous la coupe des conservateurs ( et donc, des contacts de Lulu le défenseur du gaz et Charest l’ancien chef conservateur), accorde une chronique à Pétrolia dans ses journaux hebdomadaires qui sont diffusés en région, exactement là ou le forage est prévu.  Il est odieux de lire, semaine après semaine, la propagande de Pétrolia qui prend tous les moyens pour endormir le bon peuple pour qu’il le laisse détruire l’environnement du Québec à sa guise et à son profit seul ; et au profit bien sûr de son principal actionnaire qui est Pilatus Energy de Suisse et des Émirats arabes unis.  Cette semaine dans le journal Le Riverain, tout juste à côté d’un concours pour aller voir Céline Dion je ne sais plus trop où et de Fred la marmotte qui nous prédit un printemps tardif (et je n’invente rien), Isabelle Proulx, vice-présidente de Pétrolia, jure aux gens que son entreprise enrichira la région et même les entreprises qui n’ont rien à voir avec l’industrie pétrolière. Ces gens-là garantissent faire quasiment oeuvre de mécénat, faudrait donc les remercier. On peut la croire m’dame Proulx, sur sa tite photo qui coiffe sa chronique, elle a un joli minois, elle est relativement jeune et blonde et elle souris.  Une telle femme ne pourrait jamais nous empoisonner tous, pour des milliers de poignées de fric, franchement !

Maintenant, à quand une chronique pour Greenpeace?  On peut toujours rêver…

Ce que ces salauds à cravate (ou à jupette) ne disent jamais, c’est que les mauditement modestes redevances qu’ils accordent à l’État québécois pour piller les ressources naturelles des Québécois ne sont jamais suffisantes pour payer ne serait-ce que le nettoyage des sites qu’ils souillent.  Il faut en effet savoir que la loi sur les mines n’oblige pas les compagnies à remettre les sites d’exploitation en état une fois qu’ils ne leur sont plus rentables.  C’est ainsi que ces compagnies ont tout salopé la magnifique Abitibi, qu’ils s’apprêtent à nous refiler la facture de nettoyage pour la mine d’or qu’ils commencent à creuser sous le village de Malartic. Dans l’état actuel des choses, l’exploitation des ressources naturelles n’est pas rentable pour le Québec.  Au contraire, elle nous endette! 

Mais dans le cas de l’île d’Anticosti, c’est encore pire.  Pourquoi ?  Parce que tout cela se fera bien à l’abri des yeux des curieux et des chiâleux de mon genre.  Le chaos et l’anarchie y régneront en rois et maîtres puisque les compagnies seront à peu près laissées sans surveillance.  Faudra une volonté de fer pour se payer le voyage sur cette île magnifique pour aller y constater la catastrophe écologique que Pétrolia, une compagnie contrôlée par les étrangers, laissera en héritage aux Québécois et à l’humanité.  C’est vraiment dramatique tout ça.

Qui plus est, Le Devoir nous apprend aujourd’hui que ces salauds envisagent aussi d’y exploiter les gaz de schiste.  Il faut savoir qu’un puits scellé par la compagnie ne le demeure pas pour l’éternité.  Pour éviter les fuites de toutes sortes, il faut entretenir ces puits fermés, des décennies et des décennies et des décennies après que le dernier pet de gaz a été récupéré.  Qui paiera pour ça ?  Qui paiera pour entretenir des infrastructures sur une île hyper difficile d’accès ?  Pétrolia ?  Les cabochons de Suisse ou des Émirats arabes unis ? Faites-moi rire.  C’est vous et moi qui allons payer pour ça et les Québécois de demain.  Une vraie putain de connerie comme on en voit seulement dans les films de Seth Rogen que tout ça. 

Tant qu’à parler de ces gaz de merde, allons-y à fond.  Je ne sais pas si vous avez vu le documentaire Gasland, mais si ce n’est pas fait, faites-le au plus sacrant (il se trouve, en visionnement gratuit, sur internet).  Car dans ce film, on voit vraiment ce qu’implique cette cochonnerie d’industrie.  Ces fous furieux injectent des milliers de tonnes de poison dans les sols pour récupérer environ 20% du gaz qu’ils contiennent.  Environ 50% des liquides empoisonnés sont récupérés (le reste demeure dans le sol y contaminant la nappe phréatique) pour être entreposés n’importe comment quand ce n’est pas en les projetant dans les airs pour que le soleil les fasse s’évaporer (comme si cela les faisait disparaître comme par magie…) ;  à ce sujet, j’ai bien hâte de voir le chaud soleil de la Côte-Nord faire son œuvre…  Les cons risquent de recevoir leurs liquides empoisonnés en pleine tronche.  Comme on dit :  qui crache en l’air…! 

Aussi bien dire que les terres qui ont vu passer les camions de ces industriels deviennent des no man and animal and plant’s land pour des décennies, voire des siècles.  C’est ce que l’on veut que l’île d’Anticosti devienne ?  Un joyau québécois souillé par les mains du grand capital qui aura profité de la mièvrerie des politiques dont ils tirent les ficelles pour mieux nous enfirouaper?  Non, pas question !  Un moment donné, c’est assez les folies, putain de merde !

Maintenant, je me demande vraiment ce que font les associations de chasseurs et pêcheurs. Ces gens sont les plus directement visés par cette nouvelle, et ce, parce qu’ils sont les utilisateurs les plus importants de cette île. Une fois que Pétrolia aura tout salopé, ils vont trouver ça pas mal moins bucolique d’aller chasser le cerf de Virginie qui pullule (pour l’instant !) sur Anticosti .  Ils vont rire jaune (genre boucane-smog) quand ils devront installer leurs miradors dans une putain de tour de puits de pétrole ou de gaz.  Ils vont trouver ça vraiment moins plaisant d’attendre la venue d’un gibier qui aura perdu en partie ses poils (comme on l’a vu dans le film Gasland) au son des centaines et des centaines de camions qui transporteront les poisons de la grande industrie.  J’ai bien hâte de voir les pêcheurs de saumon prélever le seigneur de nos rivières lorsque celles-ci sentiront la même chose qu’une pompe à gaz.  Et qui sera le malade mental qui se risquera à consommer ces gibiers ? Et les environnementalistes, eux ?  Ils sont prêts à laisser les z’élites du grand capital détruire les derniers espaces sauvages de la planète qui se trouvent au Québec ? Déjà qu’on est en train de laisser faire Hydro-Québec qui se propose d’harnacher pour absolument aucune raison valable la rivière Romaine, un véritable trésor, qui se trouve à côté de l’île d’Anticosti… Ils attendent quoi tous ces gens pour se choquer noir foncé ? Me semble qu’il serait comme le temps qu’ils prennent enfin le mors aux dents et qu’ils bottent les culs qui méritent de l’être.

Mais bon, je dois encore une fois m’époumoner pour strictement rien.  Vous devez tous et toutes être bien trop occupés, en ce charmant jour de la Saint-Valentin, à manger du chocolat Laura Secord avec votre amoureux pour vous laisser emmerder par un petit activiste de mon espèce.  Mais vous aussi, vous rirez pas mal moins lorsque vous pourrez allumer l’eau qui sort de votre chantepleure parce qu’elle sera contaminée par les poisons de la grande industrie et que votre maison ne vaudra plus rien parce qu’on aura construit un puits de gaz dans votre cour.  À ce moment-là, j’espère que vous vous rappelerez que vous avez fermé les yeux et êtes demeurés bien assis quand il était encore temps de faire quelque chose afin d’empêcher le drame qui se prépare.  

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