La laïcité sans la république?

La laïcité fait partie des principales valeurs républicaines, l’idéal républicain visant notamment à mettre fin aux obscurantismes et à établir l’égalité de tous devant l’État, sans privilèges liés aux croyances personnelles. Dès lors, comment penser la laïcité sans aussi, et d’abord, penser la république? De façon hallucinante, c’est pourtant ce qui se produit au Québec : on joue encore à se faire croire que nous sommes une république indépendante et que nous vivons dans une situation politique normale. Quel déni!

En effet, c’est assez stupéfiant de nous voir aller au Québec depuis que la question de la laïcité s’impose avec une nouvelle pertinence. On débat de laïcité depuis des mois, même des années si on remonte à la crise des « accommodements raisonnables », sans jamais (ou presque) souligner que nous n’évoluons pas dans un cadre républicain, mais bien comme province d’une monarchie constitutionnelle dont le chef de l’État est la reine d’Angleterre, cheffe de l’Église anglicane. Des détails!

C’est proprement ahurissant : on parle de laïcité comme si nous ne vivions pas dans un Canada multiculturaliste hérité de Trudeau et gouverné par un Parti conservateur dont la base est constituée en grande partie de la droite chrétienne! Et on pense pouvoir faire un Québec laïc dans ce pays-là sans d’abord faire l’indépendance et la république? C’est du délire. Il faudrait peut-être s’ancrer dans la réalité politique d’ici un peu.

En outre, on oublie que lorsqu’on dit laïcité, on dit aussi citoyenneté. Et malheureusement, la citoyenneté québécoise, ça n’existe tout simplement pas présentement. Nous ne sommes qu’une simple province, rappelons-le. Et la citoyenneté provinciale, ça n’existe pas, désolé. Surtout que le Québec n’a même pas de constitution sur laquelle reposerait cette citoyenneté! Le Québec n’est donc pas un pays normal. En fait, le Québec n’est pas un pays du tout, même si on joue à se le faire croire parfois. Alors, on fait quoi?

Si nous sommes sérieux comme nation lorsque nous affirmons notre attachement au principe de la laïcité, il faudra établir le cadre normal dans lequel peut exister la laïcité, valeur républicaine. Ça s’appelle se doter d’une constitution québécoise. Ça s’appelle établir la citoyenneté québécoise. Ça s’appelle faire la république. Bref, ça s’appelle faire l’indépendance du Québec. Pas de temps à perdre avec une charte de la laïcité provinciale qui sera déchiquetée par la Cour suprême du Canada.

On n’aura pas la laïcité sans la république!

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5 commentaires

  1. Très bien relevé monsieur Bégin! Je constate que vous avez réfléchit sur quelques points que je vous partageais, votre éclairage nouveau aidera sûrement les québécois à mieux comprendre les vessies qu’on tente de leur décrire comme lanternes…

  2. Salut Pierre-Luc Bégin,

    Quand tu poses la question « comment penser la laïcité »? On pense laïcité peut-être parce que l’État est au service de tout citoyen multiculturalisme. Je crois profondément que le «nous» comme citoyen tirons nos valeurs humaines et sociales à cause que nous aimons «naturellement» Dieu et notre prochain. Grâce à Dieu qui aime tant que vous recevons de Lui de vrais valeurs. L’État et l’Église sont présents dans les pays du monde… Je me sens personnellement plus citoyen Québécois que citoyen Canadien même si le Québec est encore une province dans ce grand et beau pays le Canada. En quoi, depuis les 400 dernières années, la laïcité a donné des valeurs humaines?

    • Bonjour M. Rousseau,

      La laïcité constitue un des principes au coeur de l’idéal républicain, lequel doit être porté par les valeurs de liberté, d’égalité et de solidarité.

      Merci pour votre commentaire.

      PLB

      • «l’idéal républicain, lequel doit être porté par les valeurs de liberté, d’égalité et de solidarité.» …enraciné dans notre culture et notre histoire depuis l’épopée néo-française. Pas l’idéal républicain franc-maçon «hors-sol».

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