Knock-outer les voyous

Face aux extinctions multipliées d’espèces
dont nous sommes aujourd’hui responsables,
nous mériterions, seuls, le qualificatif
d’espèce hautement nuisible à l’harmonie
et à la préservation de la biodiversité.

– Hubert Reeves

C’est difficile de ne pas avoir envie de tout casser quand on regarde le monde évoluer. Et encore plus quand on se rend compte que tout est arrangé en coulisses par le gars des vues et que notre rôle dans tout ça est celui de dindon de la farce.

Mais nous sommes quand même en régime démocratique vous allez me dire;  on peut changer les choses dans l’urne, au moment du vote.  Faites-moi rire! Les puissants de ce monde ont l’argent.  Et avec l’argent, ils ont tous les moyens de manipuler les ridicules marionnettes qui nous servent de politiciens, peu importe la couleur de leur veston, pour leur faire faire les stépettes qu’ils veulent bien. Besoin d’une loi?  Tire une tite corde et abracadabra, la voilà.  Besoin de foutre le bordel sur Anticosti?  Tire une autre tite corde et bedingbedang-la-permission-d’être accordée-comme-par-enchantement.

Ces foutus requins voraces peuvent en plus modeler l’opinion publique comme bon leur semble en utilisant les médias qu’ils possèdent.  Propagandise un projet par ci ou par là.  Et résultat:  on marche tous comme du bétail aveuglé à l’abattoir, croyant trouver l’bonheur au bout du corridor de la mort.  Et le chant de l’argent de battre notre mesure!

Tout cela est tellement bien orchestré que l’oligarchie peut en plus se permettre de nous rire en pleine face, foulant au pied ce qui reste de mesures supposément démocratiques. Le projet de pipeline de TransCanada qui doit traverser le Québec n’est pas encore autorisé officiellement, mais cela n’empêche pas les ploucs de la compagnie qui conduisent le monde au bord du gouffre de démarrer les travaux dans le Saint-Laurent concernant l’implantation d’un horrible port pétrolier à Cacouna avant même que la moindre étude d’impact environnemental ne soit tenue. C’est quand même merveilleux !   Sont tellement puissants et arrogants qu’ils ne font même plus semblant de respecter les lois.  Ils agissent comme bon leur semble, en se foutant royalement des résultats pour les quidams que nous sommes.  Le vacarme et la pollution que leur projet engendrera nuiront aux bélugas du Saint-Laurent qui sont déjà au bord de l’extinction? Mais qu’est-ce qu’ils en ont à foutre!  Tout ce qui compte c’est le profit.  Le leur bien entendu!  Ce sont des voyous! Des filous!  Et ô combien je les déteste!

Bien sûr, ils essaient de nous faire avaler leurs affreuses couleuvres en nous serinant le maudit discours de la «création de la richesse».  Comme si cette richesse concernait quelqu’un d’autre qu’eux-mêmes!  On est peut-être faibles, mais on n’est pas tous complètement caves quand même!

Nul besoin d’être un expert pour comprendre que le pétrole n’est profitable qu’à ceux qui contrôlent les extrémités du pipeline.  Dans ce cas-ci, on parle des foreurs de sables bitumineux de l’Alberta, leurs actionnaires et leurs clients qui embarqueront leur cochonnerie dans des bateaux pour la revendre aux plus dépendants de ce monde à bout de souffle  Le pipeline est même automatisé et contrôlé à partir de l’Alberta. Pour les Québécois? Que deux-trois emplois qui ne justifieront jamais tous les risques que nous accepterions de prendre en laissant transiter cet affreuse substance sur notre territoire.

Pas pour rien que la mairesse de Cacouna n’en veut pas de leur foutu port à la mords-moi le nœud!

Au-delà de la richesse pour eux ou pas, il faut considérer les risques que tout ça fait peser sur nos épaules. Le pipeline de TransCanada, en sa partie déjà existante, est vétuste, ce qui multiplie les risques de rupture; cela, il faut bien le noter.  Surtout qu’il faut en plus en inverser le flux, opération encore plus risquée, pour faire passer le stock d’ouest en est, sous les maisons de bien des Québécois de l’Outaouais et de la région montréalaise. Que ça finisse par nous péter en pleine face, c’est écrit dans le ciel.  Tout n’est qu’une question de temps.

Pour la nouvelle partie qui doit être construite dans l’Est du Québec, une portion passera carrément sous les eaux du Saint-Laurent à la hauteur de la ville de Québec.  Quand on sait que cette industrie provoque de nombreux déversements bon an mal, on peut juste imaginer ce que tout cela signifie pour nous, Québécois, et pour notre environnement.  Une rupture du pipeline de TransCanada et c’est l’eau potable des milliers de Québécois qui sera menacée;  et le Saint-Laurent en prendra plein la gueule.  Comme si d’avoir assassiné la rivière Chaudière pour la Montreal, Maine and Atlantic Company (MMA) n’était pas déjà suffisant!

Si on ne veut pas se briser la figure dans le mur, il faudra changer de cap et considérer d’autres avenues que le pétrole, c’est aussi simple que ça.  Cela ne se fera pas du jour au lendemain, bien sûr, mais cela doit commencer en interdisant des projets aussi imbéciles que celui de laisser des compagnies étrangères nous utiliser comme paillasson.  Alors non au pipeline de TransCanada.  Que le Canada garde ses cochonneries chez lui!

Mais comment arrête-t-on pareille entreprise?  Les voyous du pétrole figurent parmi les plus puissants de la planète. Et le Saint-Laurent n’appartient même pas aux Québécois, il est de juridiction fédérale!!! Il sera donc bien difficile de leur mettre des bâtons dans les roues.  Par les années passées, ma gang et moi sommes parvenus à contrecarrer quelques projets ineptes;  par exemple le projet de reconstitution de la bataille des plaines d’Abraham.  Mais dans le cas du pétrole, la tâche s’avère incommensurablement plus herculéenne.

Alors je ne sais pas quoi faire.  Ce que je sais cependant, c’est qu’il serait criminel de rester là les bras croisés, les regardant saloper encore un peu plus la planète tout en passant une fois de plus sur le corps du Québec.  Je sais qu’il faut les knock-outer.  Mais comment?  J’attends vos idées…

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