Vous nous dites voyageurs et polyglottes, rien n’est plus vrai. Mais tous parmi nous vous diront que la beauté du monde réside dans le partage et que pour partager, il faut avoir quelque chose à offrir. Il faut avoir un chez-soi pour pouvoir rendre la pareille à ceux qui nous ont accueillis. Ce n’est pas dans les limbes du statu quo ou sous la tutelle d’un pays voisin que nous pourrons construire une société à la fois prospère et ouverte sur le monde. Il faut connaître la liberté pour apprécier la liberté des autres.
Bien sûr, il y a en ce moment une profonde nécessité de se questionner sur l’avenir du mouvement indépendantiste, mais nous ne croyons pas qu’il soit pertinent d’en abandonner l’idée et l’essence. Nous avons vu lors du printemps 2012 la puissance mobilisatrice d’une jeunesse laissée pour compte. Ce sera notre mission à nous, jeunes et moins jeunes, militants convaincus ou idéalistes obstinés, de savoir catalyser cette force vers la création d’un Québec indépendant qui saura apporter des solutions durables à nos préoccupations légitimes. Nous sommes les héritiers d’un mouvement plus que centenaire, ne nous enlevez pas ce qui nous revient de droit parce que l’amertume vous fait courber l’échine. Vous vous êtes battus toute votre vie pour pouvoir exprimer vos idées. Maintenant que vous êtes essoufflés, passez- nous le flambeau, ne l’éteignez pas. Nous sommes fiers et déterminés, à la fois rêveurs et lucides, conscient du chemin immense qu’il nous reste encore à parcourir.
Certains jeunes se détournent effectivement de l’idée du pays, le nier serait faire preuve d’un déni inutile. Vous dites que nous ne sommes plus intéressés par votre lutte, que votre combat ne nous parle plus. Peut-être n’avez-vous tout simplement pas su reconnaitre que la manière dont vous nous parlez reflète une réalité qui n’est plus la nôtre. Nous n’avons pas connu la tutelle qui a été celle de nos parents et grands-parents, mais n’allez pas croire que nous pensons être libres. Le Québec a changé, le Canada aussi. Au lieu de vous complaire dans la défaite, demandez nous plutôt comment nous envisageons le futur. Nous ne sommes pas plus intéressés que vous par l’étroitesse de la gouvernance provinciale, nous avons des projets en tête. Nous avons le monde en tête. Notre voix doit être entendue ici et ailleurs.
Vous pouvez faire un constat amer de votre déception, de votre désarroi face à une société qui se perd dans une existence inachevée. Mais il n’appartient à personne d’autre qu’à nous, jeunesse québécoise, de décider ce que nous ferons dans l’avenir.
Vive la liberté, Vive l’indépendance !
Alexis Castonguay Laplante
Étudiant, science politique, UQAM