Éthique et emplois : propagande pour la plèbe

Je me sentais interpellé par les récentes nouvelles, surtout celles qui circulent dans les médias concernant les interventions politiques au niveau économique. Prenons tout d’abord le cas de Bombardier. On annonce la perte de 7000 emplois à travers le monde, dont 2400 au Québec, soit dit en passant un peu plus de 34% de tous les emplois, alors que le gouvernement du Québec a négocié un investissement de plus d’un milliard de dollars pour la CSeries. Une belle grosse claque juteuse dans la face de milliers de travailleur(se)s au Québec et de tous les citoyen(ne)s qui se font détrousser de force pour réinvestir dans une compagnie qui les méprise allègrement, avec le sourire étampé dans la face, alors que pendant des mois, les Québécois(es) se font lessiver avec les politiques d’austérité libérales pour des économies de bouts de chandelles. Oui, je dis bien avec le sourire dans la face, parce qu’il apparaît pour le PDG de Bombardier que ça vaut la peine de scraper la vie de 7000 travailleur(se)s pour faire monter la valeur de l’action. Air Canada achète enfin des CSeries, en voilà une bonne nouvelle avec laquelle les médias peuvent faire passer la pilule. C’est bien à ça que se résume notre valeur face aux actionnaires dans notre monde capitaliste. Nous sommes de la chair à canon, un point c’est tout.

Face aux pertes d’emplois, l’élite politique a cette fâcheuse tendance à la révolte à géométrie variable, selon les enjeux économiques qui font leur affaire. La géopolitique prend le bord assez vite dans ce temps-là! Pensons notamment à la vente d’armes à l’Arabie Saoudite que Harper a défendue au nom des 3000 emplois en Ontario, et que l’ineffable Stéphane Dion a reprise exactement là où l’autre avait laissée. « Vote for REAL change » qu’il disait le bouffon à Ti-PET. Lorsqu’on est prêt à perdre à peu près le même nombre d’emplois pour Bombardier sans sourciller, ça démontre bien que la question n’est pas la perte d’emplois, mais plutôt le 15 milliards de dollars qui pend au bout du compte et qui fait tant saliver d’envie le gouvernement canadien. Les emplois : c’est un prétexte. Les Syriens qui se font bombarder par des terroristes financés et armés notamment par l’Arabie Saoudite, elle-même fournie en armes par le Canada, pas de problème. On prendra 25 000 migrants pour se faire pardonner.

Parlant de l’Arabie Saoudite, n’est-ce pas le même pays qu’on brandit comme étant le méchant lorsque vient le temps de défendre le pétrole « éthique » des sables bitumineux de l’Alberta versus le pétrole conventionnel du Moyen-Orient? Si je comprends bien, vendre à l’Arabie Saoudite c’est éthique, mais acheter non. Vous voyez bien que la politique canadienne est basée strictement sur l’argument économique, l’éthique n’a rien à faire là-dedans, un autre prétexte bidon, comme les emplois finalement. Si le pétrole conventionnel n’est pas éthique parce qu’il finance des pays du Moyen-Orient qui n’ont pas de conscience pour les droits humains, où est l’éthique du pétrole de l’Alberta qui fait des victimes directes dans les populations autochtones qui vivent proches des cours d’eau contaminés par les extractions pétrolières, sans parler de la destruction de la faune et de la végétation? Et qui défend encore ce projet de TransCanada? Eh oui, le « plus ou moins » écologiste Stéphane Dion, père de la Loi de la Clarté à part de ça. Autant dire que sa conscience environnementale est à peu près aussi claire que sa lecture de la démocratie canadian!

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