Des temps ténébreux

Prenons le dossier de la construction.  Nul besoin d’être titulaire d’un doctorat en gestion publique pour comprendre que rien ne va plus.  Les bandits ont les deux mains dans nos poches, ils obtiennent contrats par-dessus contrats.  Pour eux, les affaires vont bien.  Mauditement bien.  Tous le savent.  Même nos supposées élites politiques en sont conscientes.  Mais elles ferment les yeux. 

À leur tête, le magouilleur en chef, Jean Charest.  Aujourd’hui, il doit bien avoir enfin trouvé le temps de lire le rapport Duchesneau.  Au pire, le grand intellectuel qu’il est doit avoir vu le bonhomme s’expliquer sur les ondes de Radio-Canada, lors de la grand-messe Tout le monde en parle.  Même s’il sait que tout est pourri au royaume du Danemark, Charest refuse encore obstinément de mettre sur pied une commission d’enquête publique concernant l’industrie de la construction.  Charest tient de ce fait le peuple québécois en otage.  Tout le monde veut cette commission, les Québécois veulent que le ménage soit enfin fait, que l’argent qu’ils injectent dans les coffres de l’État sous forme d’impôts et de taxes soient beaucoup plus respecté qu’il ne l’est actuellement.  Mais Charest n’en a rien à foutre des Québécois.  Tout ce qu’il veut, c’est protéger les petits amis du régime et, surtout, l’ignoble parti libéral.

L’histoire devra faire une place pire que celle qu’elle a accordée à Duplessis au mercenaire Charest.  Le bonhomme a quitté sa belle Ottawa pour venir jouer les mercenaires à Québec.  Il est en train de transformer la « belle province » en véritable république de bananes, là où la mafia et le crime organisé font la pluie et le beau temps.  C’est la fierté d’être Québécois qui s’en ressent durement.  Ça n’a plus aucune allure ! 

Mais ce n’est pas le pire.  Depuis qu’il est en poste, Charest s’est aussi assuré de miner les assises mêmes du Québec français.  Coupures dans les programmes de francisation des immigrants, enseignement de l’anglais dès la première année (à quand l’enseignement de l’anglais dès le CPE,  ou même le stade utérin tant qu’à y être ?!), hausse des seuils en immigration, acceptation des écoles passerelles, et tutti quanti.  Pendant ce temps, on nous annonce que le français sera bel et bien minoritaire à Montréal dans quelques années de cela seulement.  Comment un Québec parlant français pourra conserver sa langue au fil des décennies, des siècles, si sa métropole devient anglaise ?  Mystère et boule de gomme !

En face, le Canada, lui, prend une tangente effrayante pour un Québec qui demeure malgré tout différent.  Depuis qu’ils sont majoritaires, les conservateurs se montrent de plus en plus sous leur vrai jour.  Ils sont à la veille de venir placarder des photos de la vieille reine d’Angleterre dans nos chaumières ;  ceux qui oseront les décrocher seront emprisonnés.  Quoi, vous croyez que j’exagère ?  Hé bien non.  Ces fous de la gâchette proposent vraiment d’enfermer pendant deux ans quiconque osera nuire au déploiement des unifoliés sur le territoire canadien et québécois.  De la folie pure ! 

La bande à Harper se propose également de rouvrir le dossier de l’avortement et d’abolir le registre des armes à feu.   Les valeurs canadiennes, à n’en point douter, sont diamétralement opposées à celles du Québec.

Et pour nous défendre face à tout cela ?  Un Bloc moribond où les candidats sans envergure souhaitent obtenir la chefferie et un PQ complètement autiste qui nie en bloc les problèmes.  Pendant que tout s’effondre, Pauline Marois nous parle de récupérer l’argent du sénat aboli pour financer une chambre des régions !  Dans quel monde vit-elle celle-là ?  Bien malin qui pourrait le dire.

Dans ces temps ténébreux, il n’y a qu’une seule solution :  que les indépendantistes fassent front commun.  Mais ce n’est décidément pas vers là qu’on s’en va.  Nous sommes plus divisés que jamais.  Une façon de nous entendre même si on ne s’aime pas tous aurait été de nous réunir lors d’états généraux.  Mais Pauline a imposé à la participation du PQ des conditions tellement inacceptables qu’il est maintenant écrit dans le ciel qu’ils n’auront pas lieu.  À la dérive.  Voilà ce que nous sommes.

Les temps ténébreux prendront fin un jour.  Mais la traversée sera bien difficile.  Aussi bien nous armer de courage…

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