Dernier salut d’un homme de conviction

Un grand homme d’État et un patriote du Québec contemporain nous a quitté. Jacques Parizeau aura réussi à garder ses convictions d’indépendantiste solidement ancrées jusqu’à la fin, ce que peu d’hommes politiques québécois peuvent se revendiquer, même des grands comme René Lévesque.

Je sais que certaines personnes de la gauche plus radicale ont eu des critiques, parfois sévères, sur l’homme politique. Par contre, Jacques Parizeau avait une conscience sociale indéniable pour le peuple québécois. Sa maîtrise du monde de la finance en faisait un atout redoutable contre les campagnes de peur des fédéralistes. Il pouvait même se permettre de se moquer de leur argumentaire en le défaisant en pièces. La confiance qu’il avait nous inspirait à aller plus loin sans craindre l’avenir.

Jacques Parizeau a été le politicien québécois qui nous aura amené le plus proche de l’indépendance par la voie référendaire, et ce malgré toutes les magouilles bien connues du camp adverse. En novembre 1995, le Québec avait bel et bien gagné sa liberté démocratiquement, mais le Canada s’est chargé de changer les règles du jeu, comme c’est souvent le cas. Si Parizeau n’avait pas démissionné, peut-être aurions-nous eu une enquête sur ce vol historique. Mais nous avons plutôt hérité de Lucien Bouchard, qui s’est révélé être un collabo du système avec son acharnement à atteindre le déficit zéro, mettant de l’avant des mesures d’austérité du même acabit que ceux des libéraux et en reléguant aux oubliettes les manigances menant à la défaite référendaire.

Dans les années qui ont suivi, Jacques Parizeau est devenu une sorte de sentinelle du mouvement indépendantiste, sortant de son mutisme périodiquement pour remettre à l’ordre le PQ lorsqu’il tentait de cacher l’option souverainiste sous le tapis, et Dieu sait que cela a été fait et refait à maintes reprises depuis les années de René Lévesque à aujourd’hui. Parizeau n’a jamais été secoué d’un iota dans ses principes, et il n’en attendait pas moins des militants et des élus du parti, dont il a été fidèle malgré tout. Même lorsqu’on le voyait plus fatigué et moins vigoureux physiquement, il a été d’une lucidité à l’épreuve de l’âge dans toutes les entrevues qu’il a livrées, l’une plus solide que les autres, toujours avec la même confiance et la même certitude. Il était tout simplement inébranlable dans ses convictions, et c’est cela que nous allons retenir le plus, qui fait tant contraste avec le cynisme, la langue de bois et la mollesse de nos représentants actuels.

Comme tant de militants de marque que nous avons perdus dans les dernières années, Parizeau va laisser un grand vide dans l’espace politique indépendantiste. Il suffira maintenant aux jeunes militants de réaliser que l’indépendance n’est pas l’histoire d’un seul homme, mais de la somme de tous les gens qui se mobilisent vers un but commun, avec fermeté, avec franchise, avec culot même, mais surtout, avec conviction!

Je profite de cet espace pour offrir aussi mes plus sincères condoléances à Mme Lisette Lapointe, ainsi qu’à toute la famille et les proches de M. Parizeau. Jacques Parizeau a marqué l’histoire du Québec et ne sera jamais oublié.

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« Parce que c’est certain qu’il y aura une prochaine fois. On n’arrête pas comme ça le désir d’indépendance, lorsque l’idée a progressé avec autant de force au sein d’un peuple, juste en disant que ce peuple-là n’existe pas. »
– Jacques Parizeau, 1997