Bloc Québécois : le choix indépendantiste

Depuis le début de cette interminable campagne électorale fédérale, j’essaie de me convaincre d’écrire quelque chose. C’est que, pour moi, le choix est tellement évident. À mes yeux, comme Québécois et comme indépendantiste, il n’y a qu’une seule option. Je voterai pour le Bloc Québécois. Je ne vais quand même pas laisser le champ libre à l’adversaire! Je ne vais quand même pas donner la chance à tous les médias fédéralistes du pays de rentrer dans la tête de nos compatriotes que l’indépendantisme est mort!

C’est bien de cela dont il s’agit d’abord pour le mouvement indépendantiste : quel message sortira des résultats du 19 octobre? Qu’est-ce qui « spinnera » au Québec partout dans les médias au lendemain de cette élection? Si le Bloc récolte moins de 15% des voix et ne fait élire qu’un ou deux députés, les médias titreront pendant des jours que l’indépendance est une idée morte au Québec… Les dommages dans l’opinion publique seront terribles pour l’avenir de la cause. Au contraire, si le Bloc confirme qu’il est le premier parti chez les francophones et qu’il récolte, disons, une bonne dizaine de députés, voire plus, les fédéralistes ne sauront que dire. Qui plus est, ils auront l’air bien cons, ayant clamé la mort du Bloc depuis 2011.

Pour le reste, que le gouvernement canadian soit bleu, rouge, orange, vert ou brun avec des pois mauves, ça ne changera rien de fondamental : tous les partis canadiens préconisent d’entraver les pouvoirs du Québec, de violer ses compétences et de combattre le « séparatisme ». Alors quand les oranges tentent de jouer à « mes entraves sont meilleures que les tiennes », il peut bien aller se faire voir au love-in le « progressiste » d’Alliance-Qwebec… Et si vous êtes tannés des conservateurs canadiens (j’en suis), le seul moyen de vraiment s’en débarrasser, c’est de faire l’indépendance au plus crisse. Sinon, ils reviendront immanquablement au pouvoir dans quatre ou huit ans. Et le seul vote qui favorise l’indépendance, c’est un vote pour le Bloc Québécois. Entre le Bloc Québécois et le bloc canadien, le choix est donc simple.

« Oui, mais le Bloc ne fait rien pour l’indépendance… J’annule mon vote ou je m’abstiens », diront certains de mes amis « purs et durs ». Et ils ont peut-être raison quant à l’inaction bloquiste pour le Bloc de l’ère Duceppe. Mais il n’y a pas là de raison d’annuler son vote ou de s’abstenir : si le Bloc Québécois ne fait pas grand-chose pour l’indépendance, au moins il ne la combat pas! Je ne vais tout de même pas favoriser l’élection d’un fédéraliste qui combattra l’indépendance 365 jours par année! Avec des budgets et du personnel rémunéré! Je préfère de beaucoup un souverainiste mou qui n’est peut-être pas très utile, mais qui au moins n’est pas un adversaire… Un peu de sens stratégique svp. On ne va quand même pas laisser le champ de bataille à l’ennemi. Mieux vaut y placer des pions que de laisser passer l’ennemi en lui payant ses munitions! « Mais le Bloc cautionne le fédéralisme en siégeant à Ottawa », diront certains. Donc il faudrait laisser passer les fédéralistes… pour ne pas cautionner le fédéralisme?! Franchement.

En outre, si le retour de Gilles Duceppe ne m’a guère fait plaisir et qu’il y a un certain nombre de candidats de l’arrière-garde duceppiste que je n’admire pas tellement, il faut reconnaître que le passage de Mario Beaulieu à la chefferie a laissé des traces positives au Bloc Québécois. Tout d’abord, même si ce n’est pas suffisant, le Bloc n’a jamais parlé autant d’indépendance que durant cette campagne. Ensuite, il y a plusieurs dizaines de candidats qui ne sont pas de l’école de l’attentisme duceppiste. En provenance d’Option nationale ou de la base militante vigoureuse du mouvement indépendantiste, ces candidats veulent se faire élire pour une seule chose : combattre énergiquement le système canadien. Il faut les appuyer.

Alors non, je ne vais pas annuler ma chance de nuire au fédéralisme. Je ne vais pas m’abstenir de faire chier Power Corporation et tous nos adversaires. Je ne vais pas favoriser les partis canadiens pour qui (toutes couleurs confondues) Calgary, Toronto ou Vancouver vaudront toujours plus que Matane, Val-d’Or ou Baie-Comeau. Je vais voter Bloc Québécois. Pour Denis, pour Jonathan, pour Jocelyn, pour tous ces candidats passionnés de l’indépendance qui n’iront pas à Ottawa jouer à la loyale opposition de Sa Majesté. Je vais voter Bloc pour eux, pour moi, malgré Duceppe et malgré les errements de l’establishment du parti.

L’indépendance vaut bien cela.

Pierre-Luc Bégin

Posted in chroniques politique québécoise, Journal Le Québécois.

4 commentaires

  1. Le Bloc a rien fait? Vous êtes pas là. Si c’tait pas du Bloc, vous ne pourriez pas vous appuyer sur la commission Gomery pour supporter votre slogan du  »référendum volé ». Les gens ont vraiment la mémoire courte. Quand le NPD est rentré en 2011, ils ont jetés à la poubelle 11 ans de travaux, de dossiers et de recherches que le Bloc faisait. C’t’ait pas rien. C’est comme dire dans un Québec pays, avoir un siège à l’ONU sera inutile, car il ne travaillera pas seulement que pour libérer le Québec.

  2. En réalité, je dirais que le BLOC nuit plus à la cause indépendantiste que tout les autres partis fédéralistes. Les gens sont plus fédéralistes par opposition au PQ que par adhésion aux partis fédéralistes et cela pour une multitude de raisons.

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