Se préparer un avenir meilleur

En compagnie de l’OTAN, des pétromonarchies et d’autres États voyous, le gouvernement fédéral se charge de verser ce sang gratis. Il accorde ainsi aux milliardaires une généreuse subvention issue des poches des travailleurs corvéables, surtaxables et licenciables. L’argent sert à financer des achats d’armes, de la fausse aide humanitaire, des fanatiques explosables et divers autres instruments de terreur. Aveuglés par la quête du bénéfice maximal par action au prochain trimestre, les milliardaires ne se rendent pas compte que le massacre des insoumis ne sera jamais une stratégie viable de relations publiques et que le déclin accéléré de leur image de marque finira par plomber irrémédiablement leur chiffre d’affaires. Ils regardent satisfaits leurs marionnettes à Ottawa s’enliser dans une criminalité qu’elles doivent dissimuler par des mensonges de plus en plus gros et de plus en plus répétitifs, comme à la bonne vieille époque de Goebbels.

Les vautours planent au-dessus du Venezuela

La dépouille du géant Hugo Chávez n’était pas encore refroidie que, déjà, Stephen Harper invitait le peuple vénézuélien à «se préparer un avenir meilleur». Harper aurait sans doute voulu appartenir à un escadron de la mort s’il était né dans l’une des nombreuses dictatures sud-américaines ayant servi pendant longtemps les intérêts des États-Unis, avant que n’arrivent des chefs d’État comme Castro, Chávez, Correa, Kirchner et Morales. Les escadrons de la mort aident les peuples à se préparer un avenir meilleur selon les critères de Harper et de ses mentors néolibéraux: baisses d’impôt pour les riches, pillage des ressources naturelles, hausse vertigineuse des dépenses militaires, santé et éducation à crédit, réforme de l’assurance-emploi et macjobs pour tous les travailleurs.

Il était important de conditionner l’opinion publique occidentale en vue des élections vénézuéliennes du 14 avril. Le citoyen lambda ne devra se douter de rien si, par des manigances dissimulées à nos regards, mais évidentes aux yeux des principaux intéressés, le bandit néolibéral Henrique Capriles arrive un jour à s’emparer du pouvoir tout en se présentant comme un vertueux défenseur du peuple et de la démocratie. Un peu comme dans La révolution ne sera pas télévisée, un documentaire remarquable que Radio-Canada ne diffusera jamais.

Conditionner veut dire qu’à «Tout le monde en parle», par exemple, Jean-Michel Leprince pourrait nous expliquer, comme il le fait régulièrement aux bulletins de nouvelles de Radio-Canada, que M. Capriles, jeune, beau et intelligent, a fait une campagne électorale si extraordinaire que le peuple du Venezuela a enfin trouvé la voie de l’avenir meilleur.

Conditionner veut dire aussi que La Presse nous montre non pas des Vénézuéliens, mais des «chavistes» (sous-entendus: des exaltés doctrinaires ou naïfs) pleurant leur défunt chef d’État.

Conditionner veut dire que Radio-Canada ressasse les sempiternelles balivernes à propos d’Hugo Chávez, président «controversé» laissant derrière lui un «héritage mitigé» et un pays «profondément divisé» qu’il a fait «basculer dans la dictature».

Conditionner veut dire qu’avec l’argent de nos impôts, Anne-Marie Dussault nous présente le plus sérieusement du monde la grossière déformation des faits qu’est le faux reportage «Hugo Chavez, le grand mensonge», de Carole du Saint, affabulatrice ayant prétendument enquêté sur «l’envers de la révolution bolivarienne».

Conditionner veut dire que les antennes québécoises du cartel médiatique occidental n’inviteront jamais Salim Lamrani, expert de l’Amérique latine et indomptable adversaire du mégasyndicat du crime en perdition, à nous présenter les «50 vérités sur Hugo Chávez et la Révolution bolivarienne», dont vous trouverez un échantillon au bas de la présente chronique.

Et que fait Stephen Harper pour nous préparer un avenir meilleur?

Imprégné de l’éternelle mauvaise foi radiocanadienne, Jean-Michel Leprince nous dirait sans doute que «Chávez s’est servi du pétrole à souhait» pour arriver aux résultats formidables qui sont les siens et ceux du peuple vénézuélien. Dans la doctrine néolibérale qu’épouse M. Leprince, il est anormal que le chef de l’État veille à ce que les ressources naturelles du pays servent à améliorer le sort du peuple.

Et le Canada, lui, n’a-t-il pas aussi du pétrole? Comment se fait-il que le pétrole du Venezuela engendre d’importants progrès sociaux, tandis que le pétrole du Canada ne semble pas nous aider à réduire les droits de scolarité ou la longueur des listes d’attente dans les hôpitaux?

La recette Harper de l’avenir meilleur passe par des dépenses militaires exorbitantes, par le financement du terrorisme contre les chefs d’État récalcitrants qui, à l’instar d’Hugo Chávez, ne respectent pas les injonctions du grand capital, notamment Laurent Gbagbo, Mouammar Kadhafi et Bachar El-Assad, ainsi que par l’envoi d’armes gratis en Amérique latine, où elles pourront servir à assassiner des syndicalistes empêcheurs de profiter en rond, comme en Colombie, modèle de respect des droits de la personne avec lequel le gouvernement Harper s’est empressé de signer un accord de libre-échange. Parlons d’abord des dépenses militaires.

Pour répondre aux priorités des Canadiens qui ont besoin d’emplois et pour relancer l’économie stagnante malgré les deuxièmes réserves de pétrole au monde, le gouvernement Harper achève la construction du nouvel immeuble du Centre de la sécurité des télécommunications, à Ottawa, véritable Taj Mahal pour espions qui coutera au départ la bagatelle de 880 millions de dollars. Qu’y feront les fonctionnaires? Ils intercepteront, décoderont, traduiront et analyseront les communications des «adversaires du Canada». Parions qu’ils auront du pain sur la planche et que le budget de fonctionnement sera substantiel, car, au train où vont les agressions, les trois quarts des pays du monde seront bientôt des adversaires du Canada impérialiste des conservateurs.




Le nouvel et imposant immeuble (encore en construction) du Centre de la sécurité des télécommunications,
au coin de la promenade Bathgate et de la route Ogilvie, à Ottawa, est voisin du siège du Service canadien
du renseignement de sécurité (SCRS).


Non content de projeter l’achat de 65 avions d’attaque F-35, au cout total de 45 milliards de dollars (selon la dernière étude indépendante), afin de poursuivre l’œuvre de rénovation de la démocratie selon le modèle libyen, le gouvernement Harper vient de mettre en orbite le premier satellite militaire canadien, Sapphire. Mais, comme les économies des pays du G7 sont en état de décomposition avancée, le satellite a dû être propulsé par une fusée ayant décollé à Sriharikota, en Inde. La construction du satellite a couté 66 millions de dollars et a donné du travail temporairement à 45 Canadiens, selon le ministre de la Défense nationale, Peter MacKay. Un million et demi de dollars par emploi. Quant au lancement du satellite, il a créé des emplois en Inde.

Parlons maintenant du financement du terrorisme comme arme contre la désobéissance. Pour aider les pétromonarchies à déverser des milliers de mercenaires fanatiques religieux armés jusqu’aux dents en Syrie et pour aider le peuple syrien à se préparer un avenir meilleur régi par la charia, grand symbole de démocratie, le ministre de la Coopération internationale, Julian Fantino, a annoncé aux Canadiens, le 30 janvier 2013, que la somme de 48,5 millions de dollars avait été puisée dans leurs poches, depuis janvier 2012, pour aider les réfugiés syriens. Le 28 juin, la somme était passée à 158,5 millions de dollars: 110 millions de plus en 5 mois!

En fait, il est probable qu’une partie de cet argent sert à nourrir, loger et soigner des égorgeurs potentiels cachés au Liban ou des terroristes fourbissant leurs armes en Turquie, dans de faux camps de réfugiés protégés par des hautes clôtures, des barbelés et des miradors et situés tout près de la frontière avec la Syrie. Ottawa réinvente ainsi l’aide humanitaire.

Grâce à M. Fantino, ancien chef de police spécialisé dans la protection des ripoux, jamais un salafiste n’aura le ventre vide lorsqu’il décapitera un Syrien. Le gouvernement affirme que notre argent ne sert qu’à des bonnes œuvres. Mais le vérificateur général n’a pas pu déterminer comment ont été dépensés trois milliards de dollars consacrés à l’aide internationale en 2010 et 2011, par l’intermédiaire d’organisations multilatérales. Trois milliards. En plein lorsque commençait le «printemps arabe» et que déferlaient des hordes de terroristes sur Abidjan, Tripoli et Homs. Lorsqu’Ottawa finance le terrorisme, il ne garde pas les factures.

Et que dire de la distribution d’armes gratis en Amérique latine? Cette fois, c’est le ministère des Affaires étrangères, du grand philanthrope John Baird, qui veut aider les peuples esclaves des mesures de justice sociale à libérer leur instinct de capitalistes primaires.

Dans le cadre du «Programme visant à renforcer les capacités de lutte contre la criminalité», ce ministère s’est fait prendre récemment à planifier l’exportation illégale de toutes sortes de jolis gadgets comme le viseur laser/infrarouge CQBL-1, «compagnon parfait de toute mitraillette» (argument de vente du fabricant), des jumelles militaires de vision nocturne, des Zodiac d’assaut et des casques capables de résister à l’impact d’un projectile de 9 mm. Le matériel était destiné à un pays inconnu d’Amérique latine. Un pays avec lequel on vient de signer un accord de libre-échange peut-être? Un pays où un viseur laser/infrarouge monté sur un fusil de précision serait l’outil parfait pour assassiner un syndicaliste ou un opposant politique chez lui, la nuit.

Quel bel avenir on nous prépare!


Extrait des «50 vérités sur Hugo Chávez et la Révolution bolivarienne»

Par Salim Lamrani

1. Jamais, dans l’histoire de l’Amérique latine, un leader politique n’avait atteint une légitimité démocratique aussi incontestable. Depuis son arrivée au pouvoir en 1999, seize élections ont eu lieu au Venezuela. Hugo Chávez en a remporté quinze, dont la dernière en date, le 7 octobre 2012. Il a toujours battu ses opposants avec un écart allant de dix à vingt points.

2. Toutes les instances internationales, de l’Union européenne à l’Organisation des États américains, en passant par l’Union des nations sud-américaines et le Centre Carter, ont été unanimes pour reconnaitre la transparence des scrutins.

3. James Carter, ancien président des États-Unis, a déclaré que le système électoral vénézuélien était le «meilleur au monde».

5. En décembre 2005, l’UNESCO a décrété que l’illettrisme avait été éradiqué au Venezuela. [Au Canada, nous avons des sénateurs analphabètes.]

9. […] Entre 2005 et 2012, 7 873 centres médicaux ont été créés au Venezuela.

10. Le nombre de médecins est passé de 20 pour 100 000 habitants en 1999 à 80 pour 100 000 habitants en 2010, soit une augmentation de 400 %.

15. De 1999 à 2011, le taux de pauvreté est passé de 42,8 % à 26,5 % et le taux de pauvreté extrême de 16,6 % à 7 %.

24. Depuis 1999, le gouvernement a remis plus d’un million d’hectares de terres aux peuples aborigènes du pays.

25. La réforme agraire a permis à des dizaines de milliers d’agriculteurs de posséder leurs terres. Au total, plus de 3 millions d’hectares de terres ont été distribués.

29. Le taux de malnutrition est passé de 21 % en 1998 à moins de 3 % en 2012.

34. Le taux de chômage est passé de 15,2 % en 1998 à 6,4 % en 2012, avec la création de plus de 4 millions d’emplois.

35. Le salaire minimum [mensuel] est passé de 16 dollars en 1999 à 330 dollars en 2012, soit une augmentation de plus de 2000 %. Il s’agit du salaire minimum […] le plus élevé d’Amérique latine.

40. La dette publique est passée de 45 % du PIB en 1998 à 20 % en 2011. Le Venezuela s’est retiré du FMI et de la Banque mondiale en remboursant par anticipation toutes ses dettes. [La dette publique au Canada a considérablement augmenté depuis la crise de 2008 et elle était de 85,8 % du PIB en 2012, selon l’OCDE.]

41. En 2012, le taux de croissance au Venezuela a été de 5,5 %, l’un des plus élevés au monde. [En 2012, le PIB a augmenté de 1,8 % au Canada, la plus forte augmentation du G7, club de pays en déroute économique.]

45. Pour la première fois de son histoire, le Venezuela dispose de ses propres satellites (Bolívar et Miranda) et est désormais souverain dans le domaine de la technologie spatiale. Internet et les télécommunications sont disponibles sur tout le territoire.

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