Retour aux sources… d’une exploitation

C’est en 2008, soit un an avant le début de la construction du barrage, que Chercher le courant, une initiative citoyenne de Nicolas Boisclair et Alexis De Gheldere, les pousse à se lancer dans ce grand « River Trip ». Accompagnés par deux membres d’Alliance Romaine, nos deux aventuriers nous font voir les recoins, encore sauvages, de notre vaste et grand pays bleu. En passant par la source de la rivière Natashquan et de la Petit-Mécatina, ils aboutiront, 46 jours plus tard, à l’embouchure même de la Romaine.

Leur périple de 500 km est agrémenté de paysages à couper le souffle et de la narration engagée de Roy Dupuis. Dès les premières minutes, les cinéastes constatent les dégâts laissés par le projet hydroélectrique de Churchill Falls, terminé en 1971 à Terre-Neuve. Ce cours d’eau, maintenant desséché sur 25 km, déversait à l’époque 1300 tonnes d’eau par seconde; il n’en produit plus que 4 à 6 tonnes/s.

Ouvertement militant, « Chercher le courant » met habilement en parallèle des séquences où des professionnel-le-s de divers milieux interagissent au sujet des enjeux sociaux et écologiques touchant de près ou de loin la grande bataille des rivières. Cette aventure, à laquelle on nous donne la chance d’assister, affiche une intégrité inébranlable sans jamais verser dans quelque propagande.

Les auteurs relatent plutôt les retombées, positives ou non, d’une des pages les plus importantes de notre histoire. Ils réussissent également à esquiver avec brio le piège de la dénonciation à sens unique. On nous propose une multitude de solutions de développement durable, toutes plus réalistes les unes que les autres, pour éviter qu’une industrie rapportant plusieurs milliards de dollars par année au Québec glisse dangereusement sur la pente du néo-libéralisme et prenne le virage du capitalisme sauvage.

Maîtres chez nous?

Depuis le début des années 60, la question de l’hydro-électricité a suscité plusieurs interrogations tant chez nos élites politiques que chez les populations de la Belle Province. Cinquante ans plus tard, à la lumière des conséquences de certaines de ces décisions au plan écologique et économique, nous sommes en droit d’exiger des réponses à nos questions. Avec l’émergence et l’évolution du courant de pensée environnementaliste qui prend dorénavant une place considérable dans l’espace public, Chercher le courant rappelle qu’il est primordial que chaque Québécoise et Québécois soient informé-e et possède les ressources nécessaires pour devenir décideur-e des choix qui s’offrent à nous en matière de richesses naturelles. Ce n’est pas ça après tout, être « Maîtres chez nous »? 

Chercher le courant, film de N. Boisclair et A. de Gheldere, Productions Du Rapide-Blanc, en salle en février.

http://www.centrecultureludes.ca/billet-spectacle/spectacles/alexis-de-gheldere-et-nicolas-boisclair/chercher-le-courant/14-03-2011-19-00.aspx

Disponible en version imprimée (et illustrée) dans Le COUAC, en vente aux kiosques Les Messageries de la Presse Internationale et le site internet (http://www.lecouac.org/)

Posted in non classé.