Résister à l’establishment

On peut bien dire que Martine Ouellet fait tout de travers, tout le temps. Pourquoi pas. Peut-être qu’elle n’est pas une bonne chef. Je n’en sais rien. Je sais toutefois que j’ai travaillé à avec elle à quelques reprises et qu’à ces occasions, j’ai découvert une femme sympathique, avenante, travaillante et, certes, déterminée. mais aussi à l’écoute. Oui, oui, à l’écoute. Mais peu importe.

Je pense en tout cas qu’on ne peut se faire une idée sur le leadership de Martine Ouellet sans prendre en compte la nature particulière des objectifs qu’elle s’est donnés ainsi que le contexte dans lequel elle les poursuit. Voici la seule membre du giron péquisto-bloquiste qui ose s’opposer ouvertement à l’attentisme et au démissionnisme qui dominent lourdement le souverainisme officiel. Elle a martelé ses positions à cet égard lors de deux courses à la chefferie du PQ, ce qui lui a valu l’opprobe d’un establishment dont on aurait tort de sous-estimer le ressentiment et la haine qu’il lui voue depuis. Le PQ est désormais un parti institutionnalisé qui ne tolère pas la moindre dissidence audible. En d’autres termes, le péquisme a depuis longtemps supplanté l’indépendantisme. La machine est plus importante que tout, le véhicule est plus important que sa destination, et Martine Ouellet, avant même d’être compétente ou non dans ce qu’elle fait, est sévèrement mise au ban pour ses outrances.

Mais ce n’est pas tout: elle veut maintenant faire du Bloc québécois un parti indépendantiste. Voilà un pari dont la logique, bien sûr, ne saute pas aux yeux, puisque le Bloc n’est pas en mesure de proposer l’indépendance, et alors que le PQ, son incontournable allié historique, refuse catégoriquement toute démarche indépendantiste.

L’observateur le moindrement éveillé, toutefois, comprend la mécanique qui pousse un certain nombre d’indépendantistes à se réfugier au Bloc. L’indépendance demeure une idée forte, qui façonne la politique québécoise depuis plusieurs décennies et dont un nombre considérable de tenants errent désormais dans le marché électoral sans domicile fixe. Parmi ceux-là, des militants ayant soif d’action, ne trouvant plus leur place au PQ et ayant constaté l’échec de projets alternatifs comme Option nationale, allaient inévitablement se tourner vers le Bloc, un parti disposant encore de moyens intéressants et qui était, contrairement au PQ, un parti « prenable ».

Si la vieille garde péquisto-bloquiste doit à nouveau s’insurger contre les plus jeunes qui désirent remettre le mouvement indépendantiste en marche – car c’est bien de cela dont il s’agit, au fond -, cette fois-ci au Bloc québécois, c’est parce qu’elle les a traqués et combattus partout où ils ont voulu faire quelque chose. Ces grands prêtres de l’unité, de la modération et de la discipline partisane qui réprouvaient sévèrement Option nationale et demandaient à Parizeau de se taire au nom de la Cause, n’hésitent pas aujourd’hui à entretenir par tous les moyens une chicane absurde qui afflige leur Bloc bien-aimé et salit l’ensemble du mouvement indépendantiste jour après jour depuis des mois, et ce, alors que les élections québécoises.approchent à grands pas. Ils vont allègrement à l’encontre de leurs propres enseignements pour en finir une bonne fois pour toutes avec les vilains purs-et-durs. Que de vains élans.

Ont-ils seulement une vision, un plan de rechange? Où est-il, leur formidable candidat, celui qui rendrait le Bloc de nouveau pertinent sans rien changer à ce qui l’a mené, ainsi que le PQ, dans l’impasse? Où était-il alors que, pendant de longs mois, le Bloc n’avait plus de chef permanent? C’est très bien d’être fâché contre la méchante Martine, mais une vraie proposition politique ne serait-elle pas plus pertinente et productive? Derrière la cabale franchement dégueulasse que mènent les Duceppe, Drainville, St-Hilaire et autres relais médiatiques du péquisto-bloquisme traditionnel contre la personne de Martine Ouellet, on a beau chercher, on ne trouve rien. Pas de contenu, pas de solution, pas la moindre volonté de changer ce qui ne fonctionnait pas, bien longtemps avant l’entrée en scène des Ouellettistes.

Et si on sortait du show de boucane et on réfléchissait un peu, pour faire changement?

Posted in à la une, chroniques politique québécoise, Journal Le Québécois.

2 commentaires

  1. Tout est entraint de s’écrouler, je suis tres décu on dirais que personne ne vois plus rien. Au lieu de s’unir afin d’écrasser avec les talons ceux qui nous sépare et fait tout pour, ils pensent plutot a leurs propre personne à leurs bedaine. Ils donnent raison aux libéraux-fédéraux. S’UNIR les 3 partis (PQ, ON, QS) malgré que ON est rendu QS pour etre plus fort et on aurais notre PAYS notre République

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