Parmi les conférenciers à ce Congrès, on trouve le cardinal anglais Francis Bourne. Celui-ci se sent sans doute bien inspiré de suggérer l’adoption de la langue anglaise afin de favoriser la propagation du catholicisme en Amérique du Nord. Il déclare en substance chercher chez les francophones d’ici une « généreuse et sincère approbation » à sa proposition pour la suprématie de l’anglais au détriment du français. Qu’une autorité religieuse aussi prestigieuse prône cela n’est pas anodin et n’appelle pas d’ordinaire à la contestation. C’est néanmoins ce que fera le journaliste Henri Bourassa, dans une réplique vigoureuse qui mettra le cardinal complètement K.-O. Avec une finesse et un excellent doigté, Bourassa défendra becs et ongles le droit de ses concitoyens à user de leur langue, à la défendre et à assurer sa pérennité en sol américain. Quand bien même des hordes de nouveaux arrivants ne parlant pas le français débarqueraient sur notre territoire, cela ne nierait pas notre droit pour autant. Bourassa déclare : « Nous ne sommes qu’une poignée, c’est vrai ; mais nous comptons pour ce que nous sommes et nous avons le droit de vivre ». Et vlan. Cette réplique et bien d’autres du même acabit lui valurent de longs applaudissements et des ovations. Henri Bourassa s’était tenu debout, comme tout patriote doit le faire en pareilles circonstances.
Encore aujourd’hui, il faut retenir cette leçon de Bourassa et ne pas accepter de se faire dicter notre conduite, sacrifier notre langue, en un mot, nous laisser humilier. Il n’en tient qu’à nous. Comme disait Gaston Miron, citant Kant : « Quand on rampe comme un ver de terre, il ne faut pas s’étonner qu’on nous écrase. »
Le discours de Bourassa mérite d’être rappelé et il le sera de belle façon samedi le 10 septembre prochain à la Basilique Notre-Dame de Montréal (110, rue Notre-Dame Ouest), à l’occasion d’un hommage présenté par la section Ludger-Duvernay de la SSJB de Montréal. Participeront à cet hommage historique Gilles Rhéaume (qui reprendra le discours de Bourassa), Yves Saint-Denis, Gilles Laporte, Jean-François Nadeau et Bernard Landry. Pour ma part, je n’aurai que deux ou trois mots à dire au tout début, en remplacement de Mario Beaulieu, présentement en mission politique en Europe. L’activité débute à 9h30 et se termine à 11h30.