Obama réélu, le pire est encore à venir

Cette semaine, je cède la parole à Rodney Shakespeare, chroniqueur du site iranien PressTV. Je dédie ma traduction de son article d’hier aux Michel C. Auger, Donald Cuccioletta et autres Joyce Napier de Radio-Canada, tous des apologistes malades de l’impérialisme néolibéral et du sionisme qui nous ont amenés au bord du gouffre où l’humanité se trouve aujourd’hui.

Pendant que, rivalisant d’inanité, les réseaux de désinformation en continu analysent les reprises au ralenti des insignifiants qui désertent les mairies, les maitres du monde préparent une guerre apocalyptique et peaufinent les alibis dont les médias gaveront le peuple anesthésié. Attendons-nous à ce qu’en 2013, Harper ferme le Parlement d’Ottawa pour cause de guerre mondiale. Rassurez-vous, les mononcles et les matantes, Radio-Canada et TVA n’interrompront leurs émissions que le temps de vous l’annoncer. Après, vous pourrez continuer de regarder la commission Charbonneau ou Occupation double.

Dernier acte de la comédie avant de sombrer dans la tragédie et de larguer les premières bombes: l’élection présidentielle étasunienne. Son numéro de cirque terminé, le commandant en chef de l’armée impériale est prêt à nous montrer pourquoi il a reçu le prix Nobel. Sa recette infaillible pour la paix définitive? Tout détruire. Portrait de la présidence d’Obama.

BD

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Ne poussez pas le moindre soupir de soulagement parce qu’Obama, plutôt que Romney, a été élu. Gardez-vous de vous réjouir, ne serait-ce que timidement. Évitez en particulier de croire ceux qui prétendent qu’Obama a maintenant davantage de marge de manœuvre, qu’il pourra se montrer plus audacieux et que le meilleur est à venir. Au contraire, ce n’est pas le meilleur qui est à venir, mais le pire.

On a raison de décrire Romney comme un ploutocrate abject qui pille les entreprises et méprise 47 % du peuple des États-Unis. Il voudrait démanteler la sécurité sociale même pour ses propres partisans. Il voudrait maintenir, voire augmenter les dépenses militaires des États-Unis. Il court se mettre à plat ventre devant les sionistes. C’est un grave incompétent capable d’achever l’économie des États-Unis, d’en désagréger le tissu social et de plonger le monde dans un état de guerre perpétuelle. Tout cela en même temps.

Bref, Romney est le mal incarné.

Toutefois, comme l’a expliqué Julian Assange, Obama est un loup déguisé en agneau qui guette sa proie. Il n’attend que la première occasion pour poignarder ses partisans dans le dos, ainsi que le souligne Webster Tarpley.

Chez Obama, la grandiloquence, la sinuosité et la spéciosité du discours cachent la détermination à devenir le pire président de l’histoire des États-Unis. Il est parti pour être tellement mauvais qu’il finira près du sommet de la liste des pires chefs d’État que le monde ait connu.

Pensez-y un instant: au cours du premier mandat d’Obama, le département de la sécurité intérieure (qui n’est pas le Pentagone) a acheté plus de sept-cent-millions de balles expansives, prohibées en vertu du droit international, uniquement dans le but de tuer des citoyens ordinaires des États-Unis. Obama sait ce qui nous attend et l’appelle même de tous ses vœux: l’effondrement de l’économie suivi d’une escalade de la violence sociale et d’une répression féroce tous azimuts.

Obama est un agent de l’élite financière, de Wall Street et du complexe militaro-industriel. C’est pourquoi il s’est arrogé le pouvoir d’emprisonner ou d’assassiner des citoyens étasuniens sans que le système judiciaire ait à intervenir.

Obama adore les drones. À l’étranger, ses drones assassinent les gens à la peau brune. Il aime raconter l’histoire d’un enfant atteint de la leucémie en même temps qu’il assassine des milliers d’enfants et de parents. Aux États-Unis, d’ici 2015, trente-mille drones patrouilleront dans le ciel. La population pourra alors comprendre un peu mieux ce que vivent les Pakistanais, les Somaliens et les Yéménites.

Mais, objectera-t-on, même si Obama est inféodé à des chrétiens sionistes fous furieux qui s’imaginent déjà incarner le bien dans leur Armageddon (une guerre généralisée au Moyen-Orient), nous pouvons lui accorder qu’il s’occupe de l’économie, n’est-ce pas?

Bien sûr, il s’occupe très bien de l’économie. Il exporte les emplois des Étasuniens (et leur pouvoir d’achat) dans le reste du monde parce que, comme Romney, il représente uniquement les intérêts de l’élite qui a financé sa campagne présidentielle. General Motors a été sauvée de la faillite à condition notamment de fermer treize usines et mille-deux-cents concessions.

Parallèlement, General Motors a ouvert quinze nouvelles usines et sept-cents nouvelles concessions en Chine. Le gouvernement des États-Unis trahit délibérément le peuple pour servir les actionnaires des grandes sociétés et personne d’autre. Obama est l’agent de la grande entreprise et il s’assure que les emplois des Étasuniens sont exportés à l’étranger. IBM et General Electric ont désormais plus d’employés hors des États-Unis qu’à l’intérieur de ce pays.

Avec Obama comme président, les États-Unis ont le plus haut taux d’incarcération au monde. Pour pouvoir remplir les prisons exploitées par le secteur privé, on inflige aux condamnés des peines ridicules. Par exemple, cinq membres de la fondation de la Terre sainte ont reçu une peine de soixante-cinq ans d’emprisonnement pour avoir fait, dans un but humanitaire, des dons au Hamas, un mouvement élu démocratiquement.

À l’inverse, le gouvernement des États-Unis dirigé par le président Obama fournit argent et armes aux coupeurs de gorge d’Al-Qaïda et aux escadrons de la mort en Syrie pour tenter d’y alimenter une guerre civile qui dégénèrera en guerre sectaire dans l’ensemble du Moyen-Orient.

Aux États-Unis, de 20 à 22 % des travailleurs sont sans emploi. Quarante-sept-millions de personnes dépendent des bons alimentaires pour manger et, alors que l’hiver approche, des gens se font évincer de leur domicile. La classe moyenne est en train de fondre. Le revenu réel diminue depuis vingt-cinq ans. Que fait Obama pour y remédier? Rien du tout. Il n’a pas l’intention de faire quoi que ce soit et n’a aucune politique à ce sujet.

Obama aime le silence. Il tue les musulmans rohingyas en silence. Il plaisante à propos des drones qui survolent leurs proies en silence avant de tuer. Il ne dit jamais un mot sur Bahreïn. Ceux qui violent la loi du silence et révèlent des crimes de guerre doivent être torturés.

Le gouvernement Obama verra la dette publique atteindre 18 billions de dollars, voire davantage. On fera tourner à fond la planche à billets, ce qui finira par causer l’hyperinflation. Les échanges commerciaux des États-Unis avec de nombreux pays (par exemple, le Brésil, le Chili et le Pérou) diminuent rapidement et continueront de diminuer. Les États-Unis comptaient pour 31 % du commerce mondial en 2000. En 2010, leur part n’était plus que de 23,5 %. On prévoit qu’en 2020, la proportion aura baissé jusqu’à 16 %. Les infrastructures des États-Unis se détériorent, et certains ouvrages s’effondrent. Vous vous souvenez du pont?

L’attribution du prix Nobel de la paix à un homme souffrant d’un trouble de la personnalité a donné naissance à un belliciste enragé. Ayant décidé de poursuivre le programme d’agression des néoconservateurs, Obama s’appuiera sur des centaines de bases militaires dans le monde et exercera une pression continuelle aux frontières d’autres pays, comme la Russie et la Chine, ce qui provoquera un affrontement militaire.

En Syrie, Obama encourage les insurgés à commettre des crimes de guerre et d’autres atrocités. Il réclamera sans doute encore plus de crimes de guerre en Syrie «pour des motifs humanitaires».

Et le pire, dans tout cela, c’est qu’il s’imagine naïvement qu’il est libre de définir la politique étrangère des États-Unis, alors qu’en fait, il suffira à Israël de tirer un seul missile sur un navire étasunien pour que, sous les cris d’orfraie des médias sionistes, qui accuseront tout de suite l’Iran, les États-Unis se fassent manipuler et entrainer dans une guerre désastreuse.

Romney ferait bel et bien le pire chef d’État de l’histoire de l’humanité, mais Obama ne serait pas très loin derrière, dans le palmarès.

Rodney Shakespeare

Posted in chroniques politique étrangère, Journal Le Québécois.