En tout cas, il faut tout d’abord reconnaître le mérite qu’a Aussant de bonifier l’offre politique en présentant un discours clair sur la question de l’indépendance. Juste cela, c’est très rafraîchissant. Enfin un député qui parle pour les indépendantistes convaincus!
Surtout, ce nouveau joueur de l’arène politique oblige maintenant le Parti Québécois (PQ) et Québec Solidaire (QS) à présenter des garanties quant à leur volonté de travailler concrètement à la réalisation de l’indépendance du Québec. Ceux qui mettent l’indépendance au cœur de leurs idéaux auront désormais la chance de voter selon leurs convictions. Il ne s’agira plus seulement de chercher qui est le moins pire entre Québec Solidaire et le Parti Québécois, deux partis qui devraient commencer par faire le mea culpa de leur inaction et de leur mollesse dans le dossier national.
C’est évident que si ces partis veulent empêcher que ceux qui, comme moi, sont tentés par Option nationale franchissent le Rubicon, il faudra tout d’abord qu’ils admettent qu’ils ont erré et fauté. Le PQ, par exemple, devra avouer son inaction presque complète sur le front de l’indépendance depuis le règne de Lucien Bouchard. Le PQ devra s’excuser de son attentisme et de sa peur s’il veut que l’on croie que c’est du passé. Faute avouée est à moitié pardonnée, dit-on… Ce serait un début, en effet.
Du côté de QS, on devra admettre que l’indépendance a la plupart du temps été repoussée bien loin dans la liste des priorités de ce parti depuis sa fondation. Je veux bien qu’on privilégie un « pays de projets », mais il faut tout d’abord expliquer et affirmer que sans le pays, pas de projet de société possible. Et les énergies et le discours doivent donc d’abord être mis au service du pays. Trop souvent, chez QS, ce ne fut pas le cas. Amir Khadir a redonné plus de mordant au discours indépendantiste de QS ces derniers mois, mais son appel à voter NPD aux dernières élections fédérales fut une grave erreur. Il doit le reconnaître.
Si les rivaux d’Option nationale commencent par faire ce nécessaire mea culpa, on pourra jaser, comme dirait l’autre. Et de quoi? D’action et de garanties. Les chèques en blanc, la foi aveugle, c’est fini.
Les professions de foi des chefs indépendantistes ne suffisent plus, c’est clair. Les militants se sont trop fait berner depuis 15 ans, pour ne pas dire depuis 40 ans, par des Lévesque, des Johnson, des Bouchard, des Boisclair et même des Landry qui juraient que l’indépendance était la priorité de leur vie mais qui, à la première vraie difficulté, ont préféré les « beau risque », les « union confédérale », les « affirmation nationale » et, le boutte du boutte, les gaz de schiste…
Les paroles ne suffisent plus. D’ailleurs, je ne suis plus capable d’entendre certains péquistes répondre à chaque critique envers leur parti sur la question nationale que Pauline Marois parle souvent de souveraineté… Bien oui, elle en parle, c’est vrai. Paroles, paroles, paroles. Que le vent emporte.
Nous ne voulons pas de paroles, nous voulons de l’action et un plan de match concret et indépendantiste. Résolument indépendantiste. Pas une gouvernance souverainiste selon laquelle on quémande notre droit d’exister à Ottawa, pas un pays de projets provinciaux. Et surtout, ce dont nous a malheureusement habitués le PQ, pas de carriéristes et de politiciens professionnels qui veulent à tout prix le pouvoir provincial.
Avec la venue d’Option nationale qui rafraîchit le paysage politique, la balle est maintenant dans le camp du PQ et de QS. Les militants attendent des garanties. À cet effet, il est carrément suicidaire que le PQ ait rejeté la proposition Crémazie. Nous n’en serions peut-être pas là.
Or, jusqu’à présent, le PQ et QS n’ont rien offert de bien alléchant aux indépendantistes motivés tentés par le parti d’Aussant. Ce fut presque le silence du côté de QS tandis que le PQ, encore pire, a préféré s’attaquer à la légitimité d’Aussant comme député indépendant… Tout pour rallier les mécontents, quoi!
Reste l’argument de la division du vote. Il faudrait tout accepter, avaler toute la merde possible, donner encore une fois un chèque en blanc au PQ parce que ce parti serait le seul parti susceptible de battre les libéraux au prochain scrutin.
Premièrement, cela reste à voir. Selon les derniers sondages, le PQ ne formerait pas le prochain gouvernement de toute façon, avec Legault qui vole vers le pouvoir provincial. Tant qu’à être dans l’opposition, voulons-nous une opposition mollement ou fortement indépendantiste? La question se pose, il me semble.
Deuxièmement, qu’est-ce que le PQ au pouvoir a fait concrètement (pas des paroles, concrètement) pour l’indépendance lorsqu’il était au gouvernement sous messieurs Bouchard et Landry? Si c’est pour répéter l’attente des « conditions gagnantes » ou de « l’assurance morale de gagner », à quoi cela nous sert-il de porter le PQ au pouvoir? Ça me semble une autre bonne question. Et qu’on ne me parle pas de la nécessité de ralentir le déclin du Québec. Sans l’indépendance, la mort du Québec français est inévitable. Si le seul projet que le PQ a à offrir est de ralentir l’agonie, non merci.
Quant à Aussant, il ne s’est certes pas embarqué dans le travail titanesque de la construction d’un nouveau parti par ambition personnelle. Un « spin » que le PQ tente mesquinement de faire circuler. Il est assez évident qu’un économiste de sa trempe se dirigeait tout droit vers le Conseil des ministres s’il avait fait le chien savant. Le prochain péquiste qui n’aura que cela à me présenter comme argument, je lui remplis au visage mon formulaire d’adhésion à Option nationale. J’attends de vrais arguments, et des garanties.
Il est minuit moins une seconde, pour moi comme pour beaucoup d’autres.