Le résultat électoral Solidaire frisant la catastrophe dans Marie-Victorin

Pour un tournant radicale à gauche à la manière de la droite extrême

Le résultat électoral de Québec solidaire dans Marie-Victorin, le comté peut-être le plus populaire de la Montérégie, sur la base d’un taux de participation correct pour une partielle, frise la catastrophe. Par rapport aux résultats relatifs de l’élection générale de 2018, la CAQ monte par rapport à 2018 de 6.5 points de pourcentage, le PQ perd moins d’un point. Le PCQ hors de sa région bastion et se présentant dans ce comté pour la première fois fait plus de 10%. Quant à Québec solidaire, il dégringole de plus de sept points. Il n’y a comme consolation que les Libéraux qui baissent de plus de huit points. Actuellement, la moyenne des sondages au niveau de tout le Québec, selon QC125, donne à Québec solidaire un score de 15% ± 3% soit un peu moins que le score réel de 16% de l’élection générale de 2018 mais amplement dans la marge. On aurait donc dû s’attendre à un score d’au moins 20% dans Marie-Victorin pour cette partielle et non de 14.2%.

En fait la dégringolade Solidaire est plus sévère qu’il n’y paraît car une partielle est habituellement l’occasion de sanctionner le parti au pouvoir d’autant plus que la CAQ était sur la défensive à cause de sa gestion des CHSLD, de la énième vague de la pandémie, de la prise en charge médicale ratée sans compter la crise du logement qu’elle ne reconnaît pas et qui sévit dans Marie-Victorin, un comté en grande partie populaire. Normalement la conjonction des crises climatique-pandémique, sociale (inégalités et appauvrissement dû à l’inflation) est du pain béni pour un parti de gauche comme Québec solidaire qui aurait dû améliorer le score de 21.7% atteint en 2018. Dans une lettre circulaire aux membres, la direction du parti a le culot de prendre comme référence un seul sondage à petit échantillon dans le comté une semaine avant la date des élections qui donnait 5% ± 4.7% au parti (un autre semblable la semaine précédente lui donnait 12% ± 4.7%). En fait ces sondages très approximatifs faits à la fin d’une longue campagne électorale qui avait débuté bien avant le déclenchement officiel révèlent plutôt l’échec de la campagne Solidaire.

Invoquer mille raisons particulières pour ne pas avouer un problème d’orientation politique

Étrangement, dans cette lettre circulaire, la direction du parti n’invoque pas l’excuse fournie aux médias du vote de la jeunesse qui ne serait pas sorti à cause entre autres de l’absence de bureaux de vote dans les institutions d’enseignement. Sachant cela d’avance, comme la direction du parti a mobilisé « plus de 200 bénévoles », elle avait la capacité de cibler ces jeunes dans le porte-à-porte, dans certaines institutions d’enseignement comme le cégep Édouard-Montpetit, dans des lieux spécifiques comme certains cafés. Soit dit en passant, le vote favorable des jeunes aurait quand même dû ressortir dans le sondage déjà invoqué donnant 5%.

Il est coutume de la part des directions de parti pour expliquer une mauvaise performance, afin de ne pas remettre en question leur orientation politique, d’invoquer des circonstances particulières. A première vue, il y en aurait eu plusieurs eu égard à la candidate mais elles tombaient l’une après l’autre. On aurait pu recourir au possible préjugé à l’égard de la candidate racisée mais la caquiste élue l’est aussi. Elle est une transfuge du Bloc ? Le candidat du PQ est un transfuge du NPD et il maintient à de peccadilles près le score relatif du PQ. Elle n’habitait pas le quartier ? L’élue caquiste ne l’habitait plus.

Un bénévole qui a fait du porte-à-porte souligne que « [l]a raison principale pour laquelle nous avons baissé en pourcentage, c’est que Shophika n’a pas de lien avec la circonscription, elle n’est pas connue, n’a pas pu s’impliquer socialement puisqu’elle est très jeune, contrairement à Pierre Nantel… ». Une candidature ne peut pas avoir toutes les qualités, être en même temps jeune et expérimentée. Elle a la jeunesse et la nouveauté, le candidat péquiste l’expérience et la notoriété. N’est-ce pas d’ailleurs une faiblesse du parti que de ne pas avoir su faire émerger de la circonscription relativement bien dotées en membres une candidature locale impliquée et quelque peu connue ? Une autre raison mentionnée par le militant est le vote stratégique soit voter PQ pour bloquer la CAQ. Ne pas voter pour un parti réputé montant et indépendantiste de gauche en faveur d’un parti déclinant pour ne pas dire mourant et en plus identitaire de droite qui a pratiquement laissé tomber l’indépendance est quelque peu desperado. Que la campagne Solidaire n’ait pas été en mesure d’empêcher un tel flip suggère sa faiblesse politique.

Se libérer de la tentation centriste, suicidaire en temps de crise, pour aller à gauche toute

Il va falloir un sérieux examen de conscience sur la politique du parti de plus en plus centriste alors que l’électorat constatant que le monde plonge dans une crise existentielle tous azimuts (climat, pandémie, logement, inflation, inégalité  croissante, guerre) se rend compte qu’il faut des politiques radicales pour s’en sortir, ce que la droite extrême comprend très bien à sa manière simpliste et réactionnaire. La radicalité droitière du PCQ (au diable les mesures sanitaires, les vaccins, le tramway de Québec, vive la privatisation de la santé) lui vaut une percée loin de son bastion de Québec. Le radicalisme droitier s’exprime dans le vocable « libarté ». Celui de gauche devrait l’être dans « indépendance à gauche toute ».

Où est la radicalité Solidaire pour la gratuité du transport en commun d’ici 2030, des systèmes de santé et d’éducation gratuits d’A à Z embauchant 90 000 personnes de plus comme le parti l’avait déjà mis de l’avant. On trouve un exemple frappant de la pusillanimité centre-gauche de Québec solidaire dans sa campagne actuelle sur la crise du logement populaire. Tous les économistes de droite comme de gauche s’entendent pour dire que la cause de cette crise réside dans le manque d’offre. Dans sa plateforme électorale, Québec solidaire dispose d’une revendication taillée sur mesure soit « un grand chantier de construction de 50 000 logements sociaux écoénergétiques ». Mais au lieu de lui donner la vedette dans sa campagne, le parti l’ignore sauf à l’introduire dans un paragraphe d’explication, en gras heureusement, de la quatrième et dernière revendication à l’appellation insignifiante de « construction de logements sociaux » au bas de l’avant-dernière page de son pamphlet d’une dizaine de pages au grand titre totalement apolitique de « Guide du logement ».

À se recentrer à cette vitesse à la mode des PLQ et PQ, Québec solidaire finira au musée de l’Histoire avant son temps. La direction se doit de faire un bilan de cette campagne électorale ratée dans Marie-Victorin, bilan qui soit discuté dans toutes les associations de circonscription en vue non pas d’un CN mais d’un congrès spécial pour rectifier le tir à gauche toute.

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