Le « bonheur insoutenable » des colonisés

C’est clair que les personnes déblatérant leur joie devant la présence de l’anglais à la Fête nationale le font nécessairement par ignorance ou par mépris. On nous accuse souvent de fermeture d’esprit lorsque nous exprimons notre fierté nationale, lorsque nous voulons être à l’image de tous les peuples de la terre, libres, indépendants et distincts des autres.

Comme une espèce en voie de disparition, l’extinction d’un peuple, de sa particularité qui amène une couleur, une saveur, une émotion, une musique différente des autres peuples, déséquilibre l’écosystème culturel de toute la planète.

Bien, je crois qu’en réalité, il y a une fermeture d’esprit lorsqu’on appuie l’hégémonie d’une langue : on tend vers l’ethnocide culturel et l’assimilation de tous les autres peuples à la langue et la culture suprême du monde. Dans un monde qui roule à grande vitesse, l’anglais est le « fast food » des langues. C’est normal qu’elle soit attirante parce qu’elle est partout. Comme les McDonald sont partout et nous permettent de nous remplir vite l’estomac tout en creusant lentement notre tombe.

C’est difficile de faire abstraction du faux rêve multiculturaliste et bilinguisant de la vision canadienne quand tu baignes dedans sans le savoir depuis des générations. On finit par ne plus voir ses chaînes. Ce bonheur de colonisé, c’est celui qui mène au « Bonheur insoutenable » d’Ira Levin.

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