Il est très difficile de faire des prédictions en politique. Tout le monde fait ses choix, en projetant une certitude sans faille pour inspirer confiance, mais au fond, tout le monde est condamné au pari.
Mon ami Jean-Martin fait aujourd’hui le pari de rejoindre le PQ.
Mon pari à moi est de militer pour Québec solidaire. Voici pourquoi.
Avant Option nationale, je n’ai jamais milité pour aucun autre parti politique. J’aimais bien les idées de Québec solidaire, mais je trouvais tiède l’engagement du parti envers l’indépendance. Il y avait beaucoup de «oui, mais» dans leur discours indépendantiste de l’époque. Autant au PQ qu’à QS, beaucoup de souverainistes de cette période semblaient se dire «je suis pour, mais les Québécoises et Québécois sont ailleurs». Ce n’est évidemment pas comme ça qu’on pouvait redonner son sens au projet indépendantiste.
Ensuite, il y a eu Aussant et Option nationale. Il a mis son siège en jeu pour remettre l’indépendance de l’avant. J’avais beaucoup d’admiration pour le geste, mais je ne l’aurais pas suivi s’il ne s’était pas accompagné d’un programme de pays assumé, progressiste, audacieux et pragmatique comme je n’en avais jamais vu avant. C’était inspirant !
Aujourd’hui, ce programme de pays assumé, progressiste, audacieux et pragmatique, c’est Québec solidaire qui le porte.
Le pari politique que je fais, c’est de suivre les idées, pas seulement les personnes. Des indépendantistes assumé.e.s au PQ, il y en a plein, mais à quoi servent-ils dans ce véhicule depuis longtemps replié exclusivement sur la politique provinciale ?
Si les 23 dernières années nous ont prouvé quelque chose, c’est qu’il est improbable que des indépendantistes assumé.e.s et audacieux.euses réussissent à ramener le PQ sur la voie d’un engagement clair (inconditionnel) à réaliser l’indépendance. En 23 ans, des centaines ont essayé, aucun.e n’a réussi. On ne peut pas fermer les yeux et faire du déni devant cette réalité. On n’a pas une autre décennie d’espoir à gaspiller.
Parmi celles et ceux qui ont tenté de «changer le parti de l’intérieur», il y avait des personnes connues et influentes : Péladeau, Ouellet, Aussant lui-même, pour n’en nommer que quelques un.e.s.
Le PQ de 2011, celui que Jean-Martin a quitté, promettait bien plus pour l’indépendance que celui qu’il décide de joindre aujourd’hui. On proposait une «gouvernance souverainiste» et peut-être un référendum. Quelques mois avant l’élection qui les a mis au pouvoir, le PQ promettait l’actualisation de 146 études sur la souveraineté réalisées depuis les années 1990. Vous connaissez le résultat.
En ce moment, QS est le parti le plus populaire chez les 18-34 ans. C’est aussi le parti qui a connu la plus forte croissance d’adhésions et de financement dans la dernière année. Nous n’avons pas fait ça en mettant de l’eau dans notre vin, nous l’avons fait en nous assumant. C’est le pari qui me semble de loin le plus porteur, mais surtout, c’est celui qui m’enthousiasme le plus et que je trouve le plus beau.
Et si l’indépendance n’était pas le pari d’un parti, mais celui de tout un peuple? Ne crois-tu pas que l’union des souverainistes fait la force et que vous devriez considérer de vous joindre au lieu de créer une division? Ne crois-tu pas qu’il serait temps de s’affranchir du « ça n’a jamais fonctionné donc ça ne fonctionnera jamais » pour aller de l’avant sans choisir la lourdeur de cette arrière pensée? Il est temps de faire ce qu’on a jamais fait pour obtenir ce qu’on a jamais eu. L’enjeu n’est pas de perdre ou gagner. C’est celui de perdre et s’éteindre à jamais…