Il n’aura pas fallu beaucoup de temps pour que Maxime Laporte se conforme publiquement au provincialisme péquiste. L’indépendance peut attendre, notamment parce que « l’état est en lambeaux », et qu’il faut d’abord en « recoller les pièces », dit-il. Ce sont là des codes essentiels du démissionnisme souverainiste tel qu’il se pratique depuis Lucien Bouchard.
Maxime aurait pu ajouter, comme le fait toujours Jean-François Lisée, que « les Québécois ne sont pas prêts à faire ce grand pas » de l’indépendance, et la liste habituelle des platitudes véhiculées traditionnellement par ceux qu’on appelait jadis « fédéralistes », et martelées désormais par les péquistes, aurait été complète.
Ce discours accrédite les thèses provincialistes les plus délétères, contre lesquelles les indépendantistes devraient normalement se battre sans relâche, à l’effet que le Québec est trop faible, trop pauvre, trop ignare et trop peureux pour réaliser son indépendance, qu’il y a toute une série d’étapes à franchir d’abord et que le cadre provincial n’est pas une entrave iimmédiate à l’émancipation nationale.
Je ne compte plus les souverainistes qui m’ont dit en privé vouloir changer le PQ de l’intérieur et lui redonner un engament indépendantiste clair et concret. et qui se sont par la suite excusés d’adopter en bloc les positions démissionnistes du PQ en invoquant des motifs « stratégiques ». Il faut d’abord rentrer dans le rang pour mieux changer les choses… plus tard, disent-ils invariablement. « Plus tard » étant généralement synonyme de « après les élections ». Mais, mystérieusement, ce « plus tard » ne se concrétise jamais et tous ces grands stratèges ne voient que le PQ s’enfoncer toujours davantage dans l’attentisme et l’insignifiance.
Les conditions gagnantes, le référendum dans mille jours, dans le deuxième mandat, dans le troisième mandat, dans le quatrième mandat, jamais-si-vous-n’en-voulez-pas, la Souveraine tournée, la plus grande campagne indépendantiste jamais vue, le train de l’indépendance qui part en 2018 même si on a promis « en fer forgé » et « à double tour » de ne strictement rien entreprendre; la liste des arnaques intellectuelles pour souverainistes que cautionnent docilement ceux qui s’impliquent au PQ est infinie et devrait être classée au patrimoine mondial des ressources inépuisables.
En cette année électorale, alors que la polarisation partisane prohibera encore plus qu’à l’habitude toute remise en question, tout indique que le cercle vicieux d’un souverainisme qui se retourne sans cesse contre lui-même ne sera pas brisé.