Sa volonté de mettre l’indépendance au rancart, disons-le sans détour, est une trahison pure et simple. Clairement, la montagne a accouché non pas d’une souris mais bien d’un rat.
Couard qu’il est, mais désireux tout de même de se retrouver à nouveau sous les feux de la rampe, démontrant ainsi que le culte de la personnalité lui sied bien, François Legault propose ni plus ni moins que le Québec se plonge la tête bien profondément dans le sable et qu’il oublie son sort dans le Canada; qu’il cesse de réfléchir au destin politique funeste qui sera le sien s’il ne brise pas enfin les chaînes l’asservissant au Canada. Parce que Legault n’a plus le courage de mener le combat indépendantiste – mais l’a-t-il déjà eu, là est la question – il veut que nous parlions d’autre chose. Parler d’autre chose dans le contexte québécois, cela revient ni plus ni moins à tolérer le statu quo. Et qui est pour le statu quo est pour le Canada et est donc fédéraliste. Ce que déclare être aujourd’hui François Legault. Il peut bien être aujourd’hui entouré de libéraux et de fédéralistes comme Charles Sirois, Bruno-Marie Béchard ou Stéphanie Raymond-Bougie. Comme on dit : qui se ressemble s’assemble.
Quand on considère tous ceux qui ont animé, administré et dirigé le Parti Québécois depuis 10 ou 15 ans, on comprend bien des choses. On comprend pourquoi ce parti, dans le dossier national, ne va nulle part. Lucien Bouchard, les conseillers Maxime Bernier et Daniel Audet, Sylvain Simard pour son implication dans l’affaire Michaud et son refus obstiné que la loi 101 soit imposée au collégial et maintenant François Legault, pour n’en nommer que quelques-uns, sont tous sauf de bons soldats de l’indépendance. À tolérer ce type d’opportunistes dans nos rangs, on se complique mauditement la tâche, on rend beaucoup plus complexe la mission de faire du Québec un pays, et ce, parce que les adversaires sévissent bien souvent de l’intérieur même de la machine.
François Lagault se défend en disant qu’il est toujours nationaliste. Parlons-en de ces positions nationalistes ! Le bonhomme veut défendre le français, mais ne dit pas vraiment comment. Tout ce qu’on sait, c’est qu’il aimerait utiliser la clause dérogatoire afin d’empêcher le retour en force des écoles passerelles qui permettent à certains amoureux de la langue de Molière (c’est bien évident) de contourner la loi 101. Et c’est tout ! Méchant beau programme ! Les écoles passerelles ne représentent que la pointe de l’iceberg ; on parle ici d’un détail eu égard aux sévères problèmes qui frappent le français au Québec. Je suis bien d’accord avec le fait qu’il faille tout faire pour les rendre illégales ces écoles, mais il faudra faire bien plus. Et bien plus, c’est entre autres imposer la loi 101 au niveau collégial, en attendant de faire l’indépendance. Surprise ! Legault est contre. Son programme de défense du français, c’est du gros n’importe quoi qui pue le fédéraliste à plein nez.
Pas plus brillant est son idée de hausser les tarifs d’Hydro-Québec pour mieux payer les enseignants (qui ne sont quand même pas les plus mal-pris du Québec). Les factures d’électricité ont monté en flèche ces dernières années, cadeau du grandissime premier ministre Charest. On les montera quand même pas encore une fois pour hausser de 30% les salaires des enseignants…Cela serait drôlement injuste.
Et si Legault voulait vraiment améliorer le monde de l’éducation du Québec, il pourrait trouver l’argent pour le faire ailleurs que dans les poches de Monsieur et Madame tout le monde. Par exemple, il pourrait se tourner vers les compagnies qui pillent nos ressources naturelles. Hausser les redevances, vendre les permis d’exploration et d’exploitation à un prix digne de ce nom – je ne lui demande même pas de nationaliser les ressources naturelles sachant qu’il est bien trop peureux pour ne serait-ce que prononcer le mot – ce serait déjà un bon début. Il pourrait aussi mettre un terme au sur-financement des institutions d’enseignement anglophones. Les anglophones du Québec représentent 10% de la population du Québec, leurs institutions ne devraient donc pas obtenir plus de 10% des budgets de l’État, ce qui est loin d’être le cas actuellement. Le bonhomme pourrait aussi annuler la construction des deux méga centres hospitaliers universitaires de Montréal. Comme le centre de McGill est déjà en train d’être construit alors que Nostradamus lui-même ne pourrait prédire quand le CHUM sera mis en chantier, Legault devrait déclarer que le McGill University Health Center fonctionnera en français alors que la construction du second hôpital sera purement et simplement abandonnée.
Les quelques exemples que je viens d’indiquer ci-haut permettraient au Québec de récolter ou d’économiser des milliards et des milliards$. Non seulement les enseignants pourraient améliorer leur sort, mais l’ensemble des autres Québécois le pourrait également. Ces gens-là veulent créer de la richesse, hé bien voilà des moyens d’y parvenir.
Mais bon, je sais bien que Legault ne pourra jamais adopter de telles positions qui sont bien trop nationalistes et révolutionnaires pour lui. Le vire-capot qu’il est fréquente désormais des gens qui n’ont jamais posé ne serait-ce qu’un seul geste pour libérer un tant soit peu le Québec et les Québécois; c’est clair qu’ils ne commenceront pas aujourd’hui.
En rejoignant leur camp, Legault a trahi le Québec libre, a trahi les indépendantistes qui se sont un jour reconnus en lui. En rejoignant leur camp, il est devenu un fédéraliste, un ennemi de la libération du Québec. Il devra être traité comme tel : c’est-à-dire combattu comme tous les autres tenants de la soumission québécoise.
À l’évidence, François Legault aurait dû demeurer auprès de son épouse qui le réclamait tant alors qu’il était encore ministre ; il aurait ainsi évité de faire un traître de lui-même, ce qui est la pire des façons de terminer une carrière publique, tous en conviendront.