« Vous nuisez à la cause » !

À chaque lendemain de victoire de l’organisation du Québécois, celle contre Michaëlle Jean, celle contre les reconstituteurs de 1759, celle contre Charest qui dissimulait un salaire secret, celle contre Radio-Canada qui avait une entente secrète avec La Presse, etc., jamais, au grand jamais, nous n’avons vu les sondages concernant la souveraineté décrire une courbe nouvellement négative.  Ce que nous constations toutefois, c’est que nos coups d’éclat remontaient le moral des troupes.  C’était déjà ça de pris.

Je persiste donc et je signe :  une manifestation ou une polémique, ça ne nuit pas à la cause lorsqu’elles sont bien dirigées.  En 10 ans, l’organisation du Québécois a bien servi la cause.

On ne peut malheureusement pas en dire autant du Parti Québécois ou du Bloc Québécois.

Dans son dernier livre, Jacques Parizeau établissait un constat fort inquiétant.  Selon l’homme – et je suis parfaitement d’accord avec lui – l’appui au projet souverainiste demeure encore très fort aujourd’hui au Québec, mais malheureusement, une majorité de Québécois ne croit plus que le pays du Québec verra le jour. Ils le veulent toujours, mais ils n’y croient tout simplement plus. Pourquoi ont-ils perdu foi en la victoire ?  À cause d’une manifestation dirigée par Patrick Bourgeois ?  À cause d’un texte signé Pierre Falardeau ?  Soyons sérieux !  S’ils ont perdu foi, c’est tout simplement en observant les agissements de ceux qui dirigent les formations politiques qui sont considérées par les citoyens du Québec comme les incarnations mêmes du projet souverainiste, c’est-à-dire le PQ et le BQ.  Si le PQ fait un fou de lui-même, cela affecte vraiment la cause souverainiste, et s’il se comporte bien, il améliore ses chances d’être un jour couronnée de succès.  C’est aussi simple que ça.

Ces dernières années, les gens bien installés dans leur salon ont vu les faiseux qui nous servent de dirigeants dans le mouvement indépendantiste se poigner bien solidement le derrière à deux mains dans le dossier national.  Leur stratégie consiste depuis trop longtemps à ne strictement rien faire.  Les Québécois sentent qu’ils sont mal préparés pour faire face à la musique et ils constatent aussi qu’ils ont peur des mini tempêtes politiques qui surgissent ça et là.  Ne soyons pas dupes:  les gens comprennent bien l’ampleur de la frayeur qui les frapperait le jour où le Québec voterait à 50,3% pour l’indépendance.  Résultat :  les Québécois ne croient plus en ces gens-là;  enfin, beaucoup moins qu’avant.  On ne peut leur donner totalement tort.

Et les derniers événements que traverse le PQ ne seront rien pour les convaincre de leur faire à nouveau confiance.  Bien au contraire.  Un cirque, il n’y a pas d’autres mots pour décrire ces mêmes événements.  On a pratiquement jamais vu un parti politique se faire revirer dans ses culottes comme l’a été le PQ de Pauline Marois au cours des derniers jours, des dernières semaines.  C’était tout d’abord une décision sotte d’amener les députés du PQ à jouer les meneuses de claques du maire Red Bull qui espérait menotter les citoyens qui auraient pu faire capoter son entente secrète avec Quebecor.  C’est le PQ qui monta au front pour défendre un projet de loi privée dans ce dossier.  Que Pauline Marois n’ait pas senti que toute cette histoire était de nature à créer bien des remous dans les médias en dit long sur sa capacité d’analyse politique. 

Qu’elle n’ait pas jugé bon consulter ses députés avant d’engager le PQ dans cette folie-là n’est guère mieux.  Elle aurait dû prévoir que cette histoire pouvait plonger plusieurs de ses députés dans l’embarras, ce qui survint, avec les résultats que l’on connaît.  Elle n’a pas su prendre soin de son caucus, ce qui en dit long sur ses qualités de chef.  Mais le pire était encore à venir.

Dans de telles circonstances, quatre députés décidèrent de claquer la porte, dont un qui a confirmé publiquement que Pauline Marois ne parviendrait jamais à conduire le Québec à l’indépendance.  Du beau lavage de linge sale en public !  Ce n’était pas chic.  Mais ce n’était pas encore débile, ce que fut l’idée de celui qui adressa une invitation aux trois démissionnaires (Lisette Lapointe n’était plus désirée au PQ semble-t-il) à rentrer au bercail.  Ils venaient de démissionner et déjà on les invitait à revenir, même s’ils avaient craché au visage de Pauline Marois, la chef.  Plus con que ça, tu meurs !  Et tout ça démontre à quel point Pauline Marois et ses députés fidèles ont perdu le contrôle, qu’ils ne savent plus où donner de la tête.  De ce fait, le PQ a vraiment l’air d’un parti de poules pas de tête.  Rien pour rassurer les Québécois eu égard à leurs capacités de piloter d’importants projets concernant les priorités nationales, ce que n’est pas l’amphithéâtre de Québec, n’en déplaise à la Nordique Nation.

Les sondages semblent vouloir le confirmer ;  le PQ aurait perdu des plumes à l’issue de ce dossier.  Et cela survient tout juste après que Gilles Duceppe se soit sévèrement brisé les dents, le Bloc étant depuis les dernières élections fédérales à l’agonie.  Les Québécois ne percevaient plus l’utilité d’un parti soi-disant souverainiste qui passait son temps à jouer les bonnes oppositions de sa majesté. Et ils l’ont fait savoir à Duceppe.

Pathétique tout ça. 

Ces gens-là qui affirment depuis des lustres savoir mieux que tous les autres ce qui doit être fait dans le mouvement indépendantiste sont en train de complètement détruire les acquis des dernières décennies.  Au cours des dernières années, ils se sont permis de dire régulièrement aux purs et durs qu’ils nuisaient plus qu’ils ne servaient la cause.  Aujourd’hui, c’est à mon tour de dire à Pauline Marois et à tous les faiseux qui la servent et la suivent comme des dociles chiens de poche :  Vous nuisez à la cause !  Alors arrêtez vos maudites conneries, y’en a marre à la fin !

 

Petit retour vers le passé

Les événements des dernières semaines, comme ceux des derniers mois, m’ont rappelé les événements de 2003-2005.  Bernard Landry était encore chef du PQ.  Pauline Marois et François Legault passaient leur temps à magouiller et à grenouiller pour devenir enfin calife à la place du calife.  Les tordages de bras, les menaces fusaient.  Landry devait tomber.  Ce dernier n’avait plus assez de 24 heures dans une journée pour se défendre contre les magouilleux.  Malheureusement, il a perdu la partie contre eux.  Landry démissionna lors du congrès de 2005.

Pauline Marois n’a su profiter de la situation, elle fut doublée comme une bleue par André Boisclair.  Et ce fut le début du véritable désastre au PQ.  Boisclair n’avait pas l’étoffe d’un chef.  Le PQ subit une sévère raclée lors des élections de 2007.  Boisclair dut démissionner dans la honte la plus totale.

Pauline Marois le remplaça.  Elle fit le ménage, elle sacra à la porte les purs et durs, la gauche SPQ-libriste et tutti quanti. Elle aussi savait mieux que tous les autres ce qui devait être fait.  Un savoir limité, à l’évidence, puisqu’elle ne parvint jamais à distancer suffisamment l’usé Jean Charest dans les sondages pour donner enfin espoir à ceux qui espèrent tout simplement voir les libéraux rentrer dans leurs terres.  Dans le dossier de l’amphithéâtre, elle ébranla les bases mêmes du PQ, certains appréhendant maintenant sa déliquescence ultime (mais pour ma part, je ne crois pas qu’il en soit rendu là).  En tant que chef, elle affecta encore plus la confiance des Québécois qu’ils pourraient placer dans le parti de René Lévesque.

L’autre magouilleur des années 2003-2005 ne se comporte pas de manière plus brillante.  Parce qu’il n’est jamais parvenu à devenir chef du PQ, il décida de faire cavalier seul, trahissant ainsi le camp souverainiste.  François Legault, n’ayons pas peur des mots, est un beau salaud.  Après avoir foutu le trouble au PQ, il jongle aujourd’hui avec l’idée de fonder un parti politique avec ses nouveaux amis ultra fédéralistes.  Ce faisant, il contribuerait encore davantage aux malheurs électoraux du PQ.

En 2003-2005, François Legault et Pauline Marois juraient dur comme fer qu’ils feraient de meilleurs chefs du PQ que Bernard Landry.  En 2011, ces deux-là creusent la tombe du PQ comme des déchaînés.  Ç’a en dit long sur leurs appétits pour le pouvoir et sur la place qu’occupe la souveraineté dans leurs démarches.  Je me souviens comme on dit…enfin parfois.

 

 

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