Encore la Tour de Pise !

D’une part, c’est assez spécial que ce soit une institution fédérale qui confirme la défaite du Québec dans un domaine – les affaires sociales- qui est censé être de compétence provinciale.  C’est enfin ce qu’établit cette constitution que jamais le Québec n’a acceptée ni même signée.  Mais comme on le sait bien, les compétences provinciales sont au fédéral ce que la démocratie ailleurs dans le monde est aux Etats-Unis :  une patente que l’on respecte et chérie en autant que cela serve nos propres intérêts.  De ce fait, Ottawa n’a pas hésité un seul instant, en 1966, avant de créer le Régime d’assurance publique du Canada, peu lui importait ce que le Québec ou les autres provinces pouvaient bien en dire.

Aujourd’hui, en plus de subir l’empiètement du fédéral dans ses champs de compétences, le Québec perd 285 millions$ à cause d’une décision d’une Cour suprême qui penche toujours du même bord et qui relève d’un régime politique que jamais le Québec n’a avalisé de sa signature.  Quand même particulier que tout ça.  Mais pendant que le bon peuple dort du sommeil du juste – ou du trop diverti ?-, le système, lui, continue d’avancer ses pions.

Quoi, vous dites que j’exagère, que la Cour suprême n’est pas si pire que cela ?  Prenons simplement l’exemple de la loi 101 et de la question linguistique au Québec.  La Cour suprême n’a pas rendu 10 ou 20 jugements contre le Québec dans ce dossier, mais bel et bien plus de 200.  Le dernier en lice étant la « désillégalisation » des écoles passerelles que le fourbe gouvernement Charest s’est empressé d’accepter. De quoi nous mettre le feu au cul !  Mais nous dormons du sommeil du trop diverti, alors, pas grave que tout cela.

Mais un jour, même les mieux divertis d’entre nous devraient se rendre compte de certaines choses.  Bon, le dossier du colisée du petit maire Red Bull-qui-menace-de-poursuivre-tous-ceux-qui-disent-des-choses-pas-belles-sur-lui ne m’intéresse pas le moins du monde.  À part pour l’attitude du fédéral dans ce dossier.  De prime abord, le fédéral disait que ça prenait une participation du privé pour que des subventions provenant d’Ottawa se retrouvent dans le plan de financement du projet. Ces derniers jours, le petit roquet-qui-jappe-fort-mais-qui-ne-mord-jamais a réussi à obtenir la participation de l’empire Quebecor dans son projet, mais ce n’est encore pas suffisant.  Ottawa exige que le privé participe à la construction du stade.  Alors, c’est non et toujours non pour les sous du fédéral, même si Quebecor figure désormais officiellement dans le projet du maire Red Bull. 

Encore une fois, il y a quelque chose d’injuste là-dedans.  Quand les citoyens de Winnipeg ont voulu un nouveau stade, les deux paliers de gouvernements ont donné des sous.  Quand les gens de Toronto désiraient obtenir les jeux olympiques, le fédéral leur a remis une somme de 500 millions$.  Mais pour un aréna à Québec, capitale qui espère elle aussi obtenir les olympiques, Ottawa n’a pas même une cenne à donner.

Voilà d’autres exemples de ce qu’il en coûte de vivre au sein de la fédération canadienne.  Pendant qu’Ottawa surfinance l’énergie nucléaire et les sables bitumineux en Ontario et en Alberta, les Québécois, eux, doivent payer pour développer l’énergie hydroélectrique.  Pire :  quand Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse décident d’installer un méga câble électrique sous-marin entre leurs deux territoires, question de partager de l’électricité, là, les caciques d’Ottawa se disent d’accord pour délier les cordons de la bourse canadienne. Ce qui signifie qu’Ottawa peut très bien financer l’électricité de Terre-Neuve, mais pas celle du Québec ! Une injustice écoeurante que cela !

Alors moi je vous le dis, on peut aussi bien oublier tout de suite l’argent que le fédéral nous doit depuis 1997 dans le dossier de la crise du verglas.  Les infrastructures d’Hydro-Québec avaient alors été endommagées pour une somme avoisinant les 420 millions$.  Le fédéral s’est toujours refusé à dédommager le Québec en affirmant qu’une telle situation n’était pas couverte par l’Accord d’aide financière en cas de catastrophe.  Or, deux autres provinces ayant vécu des événements similaires ont quant à elles été soutenues financièrement par le fédéral…Mais quand il est question du Québec, à Ottawa, on s’en fout comme de l’an 1040 (clin d’œil à Lisée…)  Et surtout, on change alors les règles et les règlements pour ne rien avoir à verser à la province autrefois si rebelle.

 

Les Québécois et l’histoire

La Coalition pour l’histoire vient de diffuser les résultats d’un sondage destiné à vérifier les connaissances de base des Québécois en histoire.  L’histoire avec un grand H.  Pour ce faire, une question toute simple a été posée aux répondants:  « qui fut le premier premier ministre du Québec » ?

94% des Québécois ne savaient pas que c’était Pierre-Joseph-Olivier Chauveau.  C’est dramatique.

Le pire, c’est que je demeure convaincu que les résultats auraient été quelque peu moins catastrophiques si on avait plutôt posé la question suivante :  « qui fut le premier premier ministre du Canada » ?  À cette question, je suis persuadé que plus de Québécois auraient été capables de répondre John A. MacDonald.

Alors, « je vais vous confier un secret que vous ne révélerez pas ».  Lorsque j’ai lu cette affaire-là et que je me suis posé la question quant au nom du premier premier ministre du Québec, j’ai hésité quelques instants avant de répondre, dans ma tête, Chauveau.  Mais MacDonald, lui, aucune hésitation, il me vient instantanément en tête.

Cela m’a fait peur.  J’ai une formation en histoire des idées du Québec.  Pas du Canada, mais bien du Québec.  Alors comment se fait-il que je connaisse davantage le nom des plus anciens premiers ministres du Canada que du Québec ?  Peut-être parce que la propagande fédérale qui a toujours utilisé l’histoire (Fondation Bronfman, les Minutes du Patrimoine, Fondation Historica, les billets de banque, les timbres, etc. ) a été plus efficace que je ne l’eus cru d’emblée.

Oui, plus l’ombre d’un doute, il faudrait que la Coalition pour l’histoire refasse le même exercice mais en demandant cette fois le nom du premier premier ministre du Canada.  Les résultats risqueraient alors de nous faire encore plus peur parce qu’ils confirmeraient encore une fois que les Québécois ne connaissent aucunement leur histoire, certes, mais ils nous feraient comprendre en même temps qu’ils connaissent un peu mieux celle du système politique qui les domine depuis 1867…

Pour plus de détails concernant cette histoire de sondage : http://www.coalitionhistoire.org/contenu/sondage_coalition_pour_lhistoireleger_marketing_le_premier_premier_ministre_du_quebec_un_0

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