Elvis Legault veut abolir les cégeps

Dans le cas de Legault, son Elvis Gratonnisation ne peut le conduire qu’à produire de plus en plus d’énormités masquées sous l’étiquette réformiste.

Mais gageons que ses dérapages seront vite escamotés par une presse de plus en plus complaisante au service d’un projet bien plus ambitieux encore que celui de la réforme de l’État à savoir le sauvetage de l’option fédéraliste.

Il doit être en effet angoissant pour les milieux d’affaires de voir que leur vieux Parti Libéral est en train de se discréditer pour de bon auprès de l’électorat francophone. S’il n’y avait pas le vote anglophone, le Parti Libéral deviendrait un parti aussi marginal que le Parti Vert. L’amalgame Charles Sirois, François Legault est de leur part un coup de maître. Il s’agit de reconstruire le camp fédéraliste à partir des débris qu’a laissé derrière lui le mouvement indépendantiste depuis le renoncement à la lutte nationale sous le règne de Lucien Bouchard.

Si Lucien Bouchard et André Boisclair ont vendu leur âme à l’industrie des gaz de schiste pourquoi serait-il moins moral pour Legault de reconstruire l’option fédéraliste sous couvert de nationalisme provincial? Un certain péquisme d’affaissement soudé à un largage fédéraliste du Parti Libéral est semble-t-il la formule idéale pour reconduire le statu quo. Les résultats dans les sondages montrent qu’il faut prendre très au sérieux et porter la plus grande attention à cette manœuvre du patronat québécois. Faire mourir le projet d’émancipation nationale de la main de ceux qui l’ont porté, c’est à peu près digne du grand Machiavel.

Malheureusement le camp indépendantiste n’a pas les outils médiatiques appropriés pour contrer de telles manœuvres. Comme à l’époque où Desmarais recrutait Charest pour en faire la star de l’anti-indépendantisme, le grand patronat peut compter sur l’apport de tous les grands organes de presse québécois pour promouvoir le renoncement national. Que François Legault s’y prête est sûrement un peu plus que de la trahison car il s’agit d’enfermer la nation québécoise dans une prison cette fois construite de ses propres mains avec des gardiens issus de ses propres rangs.

Heureusement, parfois le ridicule peut nous aider. L’idée de combattre la drogue en abolissant les cégeps peut flotter dans l’air assez longtemps pour qu’on ait le temps de s’intéresser à ce qui motive réellement François Legault. Pour peu que les indépendantistes comprennent enfin quelle est la manœuvre qui s’opère chez le patronat, on peut prédire que la division qu’ils viennent de vivre ne durera pas longtemps.

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