Duceppe ou Marois, est-ce blanc «bonnet», «bonnet» blanc?

Je m’en suis confessé à plus d’une occasion. Je suis loin d’être un chaud partisan de Pauline Marois. Lorsqu’elle a annoncé son intention de prendre les rênes du Parti Québécois, en remplacement d’André Boisclair, j’étais très réfractaire à cette idée. Je considérais – et je trouve toujours- que le bilan indépendantiste de Mme Marois est loin d’être reluisant et qu’on avait alors besoin – après le règne désastreux de M. Boisclair – d’un vrai chef indépendantiste qui placerait la liberté en haut de la liste des priorités du PQ.

Pauline Marois est parvenue à ses fins, elle est devenue chef du PQ et, comme je le redoutais à l’époque, elle n’a pas agi comme je l’aurais espéré. L’indépendance ne semble toujours pas être la priorité des priorités pour elle. Elle s’est contentée de mettre la hache dans le calendrier référendaire en nous disant qu’elle comptait former une gouvernance souverainiste. On ne sait toujours pas, à ce jour, ce que cela implique précisément.

Ce qu’on sait par contre, c’est qu’une telle stratégie ne fait pas l’affaire de tous ; dans le mouvement comme au PQ. La preuve étant que Lisette Lapointe a osé affirmer publiquement que le nouvel article 1 du PQ, mouture Marois, était faible et qu’il faudrait enfin poser des gestes concrets afin de cheminer le plus rapidement possible vers l’indépendance. Pour elle, cela signifie de mettre à jour les études afférentes à l’accession du Québec à l’indépendance, de réviser le budget de l’an 1, etc. Et Lisette Lapointe a bien raison de le préconiser.

Je n’aime pas Pauline Marois pour des raisons qui me sont aussi personnelles. C’est un secret de polichinelle que je n’ai toujours pas digéré le coup de poignard qu’elle me planta dans le dos à l’issue de l’opération 1759 que Pierre Falardeau, moi et le Réseau, appuyés que nous étions par des milliers de Québécois, avons couronné de succès. Mme Marois n’avait pas aimé nos gros mots. C’est son droit. Mais elle n’en portait aucunement la responsabilité. Par conséquent, elle aurait tout simplement pu couper les ponts avec nous, dans la discrétion la plus totale, sans élaborer un scénario digne de l’inquisition espagnole par le truchement duquel je fus conduit au bûcher. À ce jour, je n’ai toujours pas digéré qu’elle ait fait distribuer par son personnel politique des articles très peu élogieux à mon égard. Mais tout ça, ce sont des conflits personnels. Ce n’est pas important.

Ceci étant dit, je dois dire que la perspective de remplacer Pauline Marois par Gilles Duceppe ne me réjouit aucunement. En termes de bilan souverainiste, si je ne suis pas impressionné par celui de Mme Marois, je le suis encore moins par celui de M. Duceppe. En tant que chef du Bloc, ce dernier n’a rien accompli de significatif qui serait de nature à faire avancer l’option indépendantiste, et lui, contrairement à Mme Marois, il est en poste depuis belle lurette. Il aurait eu le temps de développer des stratégies plus brillantes que celle consistant à aller vendre le projet indépendantiste québécois à Washington ou Tel-Aviv, les deux pires endroits au monde pour le faire.

En termes de bilan souverainiste, c’est donc « bonnet » blanc, blanc « bonnet » en ce qui concerne Mme Marois et M. Duceppe.

Mais ce qui me dérange davantage dans la perspective que Duceppe devienne un jour le numéro 1 du mouvement indépendantiste, c’est le peu de respect qu’il démontre à l’égard de la base militante. Ce type manipule et magouille pour faire exclure les uns ou les autres de certains événements. J’en parle d’ailleurs abondamment dans le livre que je prépare et dont la sortie est prévue pour l’hiver prochain. Il tord des bras, multiplie les menaces afin d’assurer une prise de fer sur les militants indépendantistes. En ce qui me concerne, un tel comportement est tout simplement inadmissible. On ne fera pas un pays du Québec en confiant la direction de la lutte à un dictateur en puissance, à un genre de Staline des pauvres.

À ce chapitre, Pauline Marois démontre un respect beaucoup plus grand pour les militants. Elle est plus ouverte au dialogue et elle est beaucoup moins hypocrite.

Tout ça pour dire qu’il ne faudrait quand même pas changer de chef au PQ parce que celle qui est actuellement en poste a un bilan souverainiste qui ne soulève pas les enthousiasmes alors que celui qu’on envisage pour la remplacer a un bilan plus médiocre. Jouer à la chaise musicale pour changer 4 trente sous pour une piastre, c’est ridicule et néfaste. Je préfère que l’on élabore des moyens qui nous permettront d’exercer plus de pression sur Pauline Marois afin de l’amener à travailler plus efficacement en faveur du Québec libre que de lui demander de rentrer dans ses terres pour ainsi mieux nous retrouver face à un type qui n’écoute personne et qui ne peut aucunement être considéré comme un militant exemplaire de la cause indépendantiste.

Que M. Duceppe demeure donc à Ottawa, là où il semble tant se plaire. Sa venue à Québec n’aiderait en rien le mouvement indépendantiste. Voilà mon opinion.

 

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