Ces symboles qui dérangent… ou pas

Décrocher le crucifix de l’enceinte des débats à l’Assemblée nationale? Pourquoi pas. J’en suis, même si je n’y tiens pas mordicus. Or tout le débat semble se concentrer sur cet objet, symbole « épouvantable » de la soumission passée du gouvernement Duplessis à l’Église catholique. C’est devenu une fixation.  Mais les symboles de la soumission du peuple québécois au pouvoir colonial anglais puis au néocolonialisme canadian, eux, ne préoccupent pas un chat! Ça en dit beaucoup sur notre conscience politique.

Soyons sérieux. Vous voulez qu’on se débarrasse de nos symboles d’oppression? PARFAIT! Quelques suggestions au gouvernement du Québec : Si on commençait par déboulonner le monument en l’honneur de Wolfe à Québec (sur les plaines d’Abraham!)? Ou si on faisait enfin tomber la colonne Nelson de la Place Jacques-Cartier? Et la statue de John A. MacDonald, on l’envoie quand aux vidanges? Et j’en passe! Il me semble que si on veut se débarrasser de nos symboles d’oppression, c’est par là qu’il faudrait commencer, non? Les terrains appartiennent au fédéral? Parce que ça devrait déranger un gouvernement souverainiste? Et tous ces noms de rues qui polluent nos villes d’hommages aux colonialistes anglo-saxons… Sans compter tout le décorum colonial de nos parlements, où la royauté britannique (donc l’Église anglicane!) occupe la place d’honneur…

On a élevé des monuments à nos bourreaux. Nos rues portent les noms de criminels de guerre qui ont massacré, déporté et pendu les nôtres : Wolfe, Amherst, Victoria, Moncton, etc. Même nos institutions démocratiques sont souillées par les protocoles et symboles de la monarchie britannique, à laquelle nous sommes d’ailleurs toujours soumis. Mais ça, ça ne dérange personne! Le gros problème au Québec, voyez-vous, c’est qu’il y a un crucifix à l’Assemblée nationale… Et la couronne britannique avec la croix anglicane qui domine le siège du président de l’Assemblée, ça, pas de problème! Le serment à la reine (chef de l’Église anglicane, rappelons-le) obligatoire pour nos élus : pas de débat à faire là! Prochaine question! Surréaliste et pathétique.

On veut se débarrasser de nos symboles d’oppression? On veut enlever les symboles de la soumission de l’État à un pouvoir extérieur et arbitraire? Très bien, mais soyons sérieux! Il y a assez de statues à renverser et de noms de rues à changer avant de faire une psychose pour un crucifix à l’Assemblée…

Quant au port de signes religieux par les employés de l’État, je serais pour l’interdiction. Je l’ai dit d’emblée, je suis tout à fait en faveur de la laïcité. Mais l’urgence nationale est-elle là? N’est-ce pas plutôt de faire l’indépendance? À quoi ça va servir d’avoir une charte PROVINCIALE de la laïcité et de faire un bel État laïc, mais qui sombre dans la bilinguisation, la vassalisation à Ottawa et la marginalisation politique?

Au point où on en est, que tu portes une croix, une kippa, un foulard islamique ou une tuque des Expos, si tu veux faire l’indépendance avec moi, tu es mon frère, ma soeur. Arrêtons de jouer au pays indépendant, et faisons-la l’indépendance! L’urgence, c’est d’assurer notre survie en tant que peuple de langue française et de se libérer du joug d’Ottawa. La charte de la laïcité va-t-elle y contribuer? Voilà plutôt beaucoup de temps passé à NE PAS parler d’indépendance, d’autant plus que Pauline Marois a affirmé au Devoir qu’elle a pris soin que son projet de charte ne contrevienne pas à la Charte canadienne des droits et liberté…

Que de provincialisme, d’un côté comme de l’autre. Va-t-on s’en sortir un jour? Je persiste à garder espoir, mais j’en rage.

Pierre-Luc Bégin

P.S.1 Dans ce débat, comme dans tous les autres, c’est aux Québécois seuls de décider des règles de la société dans laquelle ils veulent vivre. L’opinion du maire de Calgary… Mais de quoi je me mêle, gros colonialiste! Pfff… Pas de leçon de tolérance à recevoir du Canada anglais, quand même! Vivement l’indépendance.

P.S.2 Pour la gauche québécoise qui capote sur la présence du crucifix à l’Assemblée nationale… :

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