Brandir le hochet pour la nième fois

« Le Parti québécois remet de l’avant l’indépendance pour sa reconstruction », titrait Radio-Canada, vendredi dernier. Après avoir bien ri — de dépit et sans satisfaction –, que peut-on dire de cette annonce? Que brandir le hochet ne coûte pas cher quand on est rendu dans les marges?

Faisons un instant comme si le PQ avait vraiment l’intention d’embrasser à nouveau la cause indépendantiste et de se doter d’une plateforme électorale en conséquence, ce qui, si le passé est garant de l’avenir, est aussi sûr que l’arrivée d’une canicule en janvier; d’emblée, un constat s’impose: quand bien même les péquistes deviendraient les champions de l’indépendance, ils ne seraient encore que dix à l’Assemblée nationale, logés à l’enseigne d’un parti déclinant. On les a avertis, jusqu’à à minuit moins cinq, puis à minuit moins une, que l’abandon de toute démarche indépendantiste concrète les mènerait à la ruine électorale. Il est maintenant minuit et demie.

Quelques questions épineuses se posent aussi: combien de fois un parti politique peut-il mettre son objectif fondamental au rancart pour ensuite y revenir, ou faire mine d’y revenir, sans perdre toute crédibilité? Une seule fois, en toute logique, c’est déjà beaucoup; or, on ne compte plus les louvoiements du PQ en cette matière.

Dans un même ordre d’idées, qui croirait au réalignement indépendantiste d’un groupe d’élus et d’officiers qui ont tous, sans exception, rigoureusement cautionné les propositions démissionnistes successives de leur parti, jusqu’à celle, la plus extrême de toutes, de Jean-François Lisée? Et ce, alors qu’ils n’ont plus grand chose à perdre, eux qui sont désormais le second groupe d’opposition après le pire résultat électoral de l’histoire de leur parti?

Plus que jamais, le mouvement indépendantiste est incité à se demander si son avenir passe par le PQ, un parti provincialisé qui lui nuit davantage qu’il ne le sert depuis des années, ou par une refondation qui congédiera, notamment, la neutralisation de la cause au profit d’intérêts partisans à courte vue.

À suivre, mais sans retenir son souffle.

Posted in à la une, chroniques politique québécoise, Journal Le Québécois.