Mario Beaulieu et le désarroi fédéraliste

« On va toujours trop loin pour ceux qui vont nulle part » – Pierre Falardeau

Ils ne l’avaient pas vu venir, ces grands analystes! Les journaleux fédéralistes en tombent sur leur cul que les militants du Bloc Québécois osent porter à leur tête un indépendantiste convaincu : Mario Beaulieu. Ils ne le prennent pas pantoute et déversent venin, fiel, mensonges et calomnies pour le dépeindre comme un dangereux « radical ». Leur diarrhée sort de partout. À go!, on fait peur au monde! Cela devrait confirmer à ceux qui en doutaient que Beaulieu est un excellent choix. Maintenant, l’indépendance, c’est avant, pendant et après les élections. Enfin. Par exemple, Vincent Marissal, en bon valet des Desmarais comme toujours, se fend dans la grosse Presse d’une chronique sur ce qu’il décrète être la « folklorisation » du Bloc avec l’arrivée de Beaulieu. Lui qui n’a jamais vu venir l’élection de Beaulieu se pose maintenant en grand devin. Hilarant! En fait, son texte serait d’un grand comique s’il n’était pas aussi vicieux, pétri de mauvaise foi, d’amalgames et de malhonnêteté intellectuelle. Mais à quoi peut-on s’attendre d’autre des larbins de Power Corporation? Prévisible. Et bon signe. Tout d’abord, Marissal affirme : « Je n‘irai pas aussi loin que Lise Ravary, qui écrivait hier sur son blogue du Journal de Montréal que Mario Beaulieu est ‘‘un radical intolérant, doublé d’un clown’’ ». Voilà un procédé rhétorique aussi faible que vicieux que l’on apprend aux élèves du secondaire : lorsqu’un auteur n’a pas le courage de tenir des propos grossiers, il les fait dire par d’autres et pose en modéré… Subtil comme un truck de vidanges, le Marissal. Et Lise Ravary : quel argument d’autorité! Faut vraiment être rendu bas. Ensuite, l’employé de Desmarais compare Mario Beaulieu et la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal à William « Pit-Bill » Johnson et Alliance-Quebec… Pour lui, c’est le même combat. Défendre la loi 101 et vouloir l’abolir : même chose, blanc bonnet et bonnet blanc! Pitoyable. S’il y a un « clown » dans ce débat, ce n’est certainement pas Beaulieu. Mais allons au vif du sujet : Monseigneur Marissal, du haut de sa chaire gescaïenne, dénonce enfin les deux péchés mortels de Beaulieu… Premier péché : « L’ancien président de la Société Saint-Jean-Baptiste et ex-président du Parti québécois de Montréal-Centre milite depuis des années pour un durcissement de la loi 101, qui s’appliquerait aux cégeps. Il a aussi prôné dans le passé l’interdiction de l’anglais dans l’affichage et s’est maintes fois inquiété de la situation du français à Montréal. » S’inquiéter de la situation du français à Montréal, mais il n’a pas honte ce pas propre de Beaulieu! La loi 101 au collégial? Comme s’il fallait que l’éducation se fasse en français au Québec, quelle idée! Et le français comme langue publique commune dans l’affichage, comment peut-on revenir avec cette idée « radicale »… à la base de la loi 101? Franchement Mario, arrête ça, tu fais peur aux chroniqueurs de Gesca… Tu veux un « durcissement », imagine… Pas un renforcement, non! Pas revenir à l’esprit d’origine de la loi 101 et l’adapter à la nouvelle réalité, bien non… Un « durcissement »! C’est « radical », ça, un « durcissement ». On fait peur au monde avec ça, chez Gesca, un « durcissement »… Deuxième péché : « Sur la stratégie souverainiste, on ne pourra jamais accuser Mario Beaulieu de ‘‘girouettisme’’ : il regarde toujours dans la même direction depuis des années et il prône les mêmes stratégies : mettre le discours souverainiste au coeur de toute action politique et gouvernementale (lorsque le PQ est au pouvoir) et relancer des campagnes de promotion de la souveraineté, en faisant du porte-à-porte, par exemple, et en consacrant des fonds publics à la cause. Déjà en 2000, il critiquait vertement le premier ministre péquiste Lucien Bouchard, qui avait refusé, comme tous les chefs péquistes avant et après lui, de dépenser des deniers publics pour faire la promotion de l’option. » Ah, Mario, quoi, c’est trop! Tu ne fais toujours que regarder dans la direction de l’indépendance et tu prônes des actions cohérentes par rapport à cet objectif… Mais quel pas d’allure, fais-tu! Quel radicalisme! Quelle intolérance! Un indépendantiste qui veut mettre l’indépendance au coeur du discours et des actions d’un parti indépendantiste, mais à quoi les militants du Bloc ont-ils pensé? Marissal, délivrez-nous du Mal. Et là, Mario, franchement, critiquer « vertement », c’est pas gentil, ça ne se fait pas. Il faut critiquer mollement. En s’excusant d’exister, de préférence. Ça, Gesca aime bien. Ça leur permet de donner la parole aux souverainistes et de prétendre à l’objectivité. Parlant d’actions cohérentes par rapport à l’indépendance, Marissal ridiculise ensuite l’idée de Beaulieu qui veut que les députés du Bloc versent une partie de leur salaire pour un fonds de promotion de l’indépendance. Quelle idée épouvantable! Comme si les députés du Bloc devaient être dévoués à leur cause et y contribuer financièrement. Du délire! Et tu proposes donc, Mario, que leur salaire passe d’environ 165 000$ à 125 000$ par année. Mais comment pourront-ils survivre avec un tel salaire de crève-faim? Qu’arrivera-t-il de tous ces beaux soupers au Fairmont Château Laurier? Penses-y, un maigre 125 000$, c’est à peine plus que trois fois le salaire moyen au Québec : une chance que Marissal est là pour te reconnecter sur la réalité des Québécois! Et ce n’est pas parce que presque tous les mouvements indépendantistes au monde ont demandé une telle contribution de leurs élus qu’on doit faire pareil. Avec tes folies, on va finir par gagner! Mario Beaulieu, tu dois comprendre le bon sens. D’ailleurs, c’est Marissal qui te le dit : « M. Beaulieu devrait comprendre, lui dont les principaux états de service au sein du mouvement souverainiste se résument à avoir embêté les chefs péquistes Lucien Bouchard, Bernard Landry et Pauline Marois périodiquement, chaque fois que l’ombre d’une crise linguistique pointait à l’horizon. » Trêve d’ironie, quel grossier personnage que ce Marissal, tout de même, affirmant que les états de service (pourtant exemplaires) de Mario Beaulieu dans le mouvement indépendantiste se réduisent à du chiâlage contre les chefs péquistes. Redonnons à la vérité ses droits : Beaulieu a redynamisé de brillante façon la SSJBM sous sa présidence, y attirant beaucoup de jeunes et de nouveaux militants. Il a fondé le Mouvement Montréal Français et, devant son succès, le Mouvement Québec Français puis encore les Partenaires pour un Québec Français. Il est aussi à l’origine de la coalition Cap sur l’indépendance tout comme il est l’un des cofondateurs de la Coalition pour l’histoire. N’oublions pas également qu’il a présidé le Comité de la Fête nationale du Québec à Montréal de 2009 à 2014 et qu’il a été membre du Conseil supérieur de la langue française de 2002 à 2007. Et ce, sans compter toutes les manifestations, conférences, spectacles, événements de toutes sortes qu’il a organisés au fil des ans… Et le petit rigolo de Marissal, qui connaît bien tout cela, réduit la contribution de Mario Beaulieu à néant. Un causeur d’embêtements, rien de plus. Et ça se prétend journaliste, non mais! En passant, si Mario Beaulieu n’était qu’un chiâleur et un irritant pour Bernard Landry, comment se fait-il que celui-ci l’ait appuyé avec grand enthousiasme lors de la course à la chefferie du Bloc, ce que tait sciemment Marissal dans sa feuille de choux, laquelle pourrait figurer en bonne place dans une anthologie de la bêtise? Ah, la clownerie gescaïenne… Et il y en a d’autres des comme ça dans le texte du scribouilleur, mais arrêtons-nous là. On lui accorde peut-être trop d’importance, d’ailleurs, à ce journaleux. Complétons cependant avec quelques mots sur le « Nous vaincrons » scandé par des militants lors de la victoire de Beaulieu, ce qui a déplu à certains bien-pensants et autres amateurs de langue de bois dans le vinaigre (dont Marissal, bien sûr). D’une part, c’est de la folie furieuse de croire ou de suggérer que Beaulieu et ses partisans sont des felquistes en puissance parce que certains militants ont employé ce slogan jadis utilisé entre autres par le FLQ. Il n’y a pas plus non violent et pacifique que Mario Beaulieu! D’autre part, le « Nous vaincrons » a été utilisé par tous les mouvements de libération à travers le monde, par Martin Luther King et son mouvement des droits civiques, par le mouvement des droits civiques irlandais, par tous les mouvements indépendantistes… Ça n’a rien à voir avec la violence. Ce n’est pas parce que des mouvements de lutte armée ont pu l’utiliser aussi que ces mots deviennent synonymes de violence et doivent être bannis à jamais. Mais il existe des censeurs et des frustrés pour faire toutes sortes d’amalgames malhonnêtes. Honte à eux. Au fait, y a-t-il beaucoup d’autres mots interdits sur votre liste, messieurs-dames les censeurs? Le mot « libération », sans doute? Puis le mot « indépendance », j’imagine? Et le mot « Québec », tant qu’à y être? Allez donc vous faire cuire un oeuf. Ce n’est pas à nos ennemis de définir notre discours. Oups, « ennemis », un autre méchant mot interdit, bien sûr… Comme tout le monde le sait, le peuple québécois et le mouvement indépendantiste n’ont pas d’ennemis. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Les Commandites? La Loi sur la clarté? Les menaces de partition? Vous avez rêvé. Rendormez-vous. Et corrigeons-nous : Nous perdrons! Nous perdrons! Contents, messieurs Duceppe et Marissal? Le temps des bouffons, mes amis…

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