Sur le débat des chefs à TVA/LCN

Autre formule, autre résultat, intéressant et complémentaire à celui du débat de la SRC. On aura vu davantage Manon Massé, que les autres chefs ne pouvaient plus ignorer, forcés qu’ils était de débattre avec elle à intervalles réguliers. La représentante de QS n’a pas raté l’occasion de bien se faire valoir, même si elle reste peu mise à l’épreuve sur le programme de son parti.

François Legault, devant les défis qui étaient les siens et après une semaine chaotique, a réalisé un sans faute. Il a martelé quelques thèmes simples au coeur de sa campagne et mis Philippe Couillard dans les cables à quelques occasions; si la finalité de sa proposition de tests aux immigrés n’est toujours pas claire, on a compris le principe: moins d’immigration, plus d’intégration. On sera d’accord ou non, mais on voit où ça s’en va.

En outre, le chef de la CAQ a su se poser en défenseur des valeurs de la majorité, notamment sur la question de la laïcité, et mettre de l’émotion dans son propos, bien davantage qu’un Philippe Couillard, plutôt égal à lui-même, qu’il a réussi à camper dans le rôle de donneur de leçons canadianisant.

Tout a été dit sur l’étrange incartade de Jean-François Lisée en début de débat: s’en prendre à QS, on veut bien, mais pourquoi le faire hors-contexte, au mépris des règles du débat, en court-circuitant la discussion sur un sujet qui préoccupe les électeurs et en brandissant ce qui avait tout l’air d’une théorie du complot farfelue?

Par ailleurs, toute la difficulté dans laquelle le PQ s’est placé en mettant au rancart son idée fondatrice, ainsi que toute la rancoeur et le défaitisme qui sous-tendent et accompagnent ce choix délétère, ont été illustrés de façon spectaculaire dans le segment portant sur l’identité et la question nationale. Alors qu’il n’avait que du vide à proposer — « nous ne préparerons pas la souveraineté (…), (que) deux ou trois millions de dollars au maximum (pour faire des études) » — le chef péquiste n’a pu opposer que défaitisme et négativisme aux idées de ses adversaires caquiste et qsiste. « C’est impossible, vous ne réussirez pas, ça ne marchera pas », disait-il en l’essence à M.Legault qui voulait rapatrier quelques modestes pouvoirs provinciaux, et à Mme Massé qui parlait avec enthousiasme de son projet d’indépendance. Le chef du Parti québécois qui, en plein débat électoral, explique à une indépendantiste que l’indépendance est impossible. Ça ne s’invente pas.

La seule souveraineté qu’a évoquée M.Lisée fut celle de Robert Bourassa, c’est-à-dire ce prix de consolation rabougri qui ne sert qu’à faire peur à Ottawa dans le but de lui arracher quelque chose. Pire encore, alors qu’il expliquait la beauté de ce prétendu rapport de force permettant d’améliorer le Canada, le chef du PQ venait juste d’indiquer qu’il se privait lui-même de ce rapport de force avant un hypothétique second mandat! Grandeurs et misères du démissionnisme péquiste, prise mille.

Reste maintenant Tout le monde en parle, tribune à la fois puissante, approximative et orientée, dont l’enregistrement se fait ce soir (vendredi) pour diffusion dimanche; normalement, les chefs de la CAQ et du PLQ ont plus à craindre de cet exercice que leurs adversaires péquiste et qsiste. À suivre.

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