Quand des mous traquent d’autres mous

Toujours à l’affût de nouvelles façons de traduire en haine débridée de Québec solidaire leur refus de prendre acte des mauvais choix de leur propre parti, qui s’automarginalise tout seul, comme un grand, depuis fort longtemps, les péquistes tiennent aujourd’hui un nouveau méchant qsiste de service: Vincent Marissal.

L’odieux personnage aurait, parmi ses nombreux défauts, celui d’avoir flirté avec le PLC avant de se prétendre souverainiste avec QS. Bien sûr, on laissera Marissal se débrouiller dans ses explications plus ou moins convaincantes sur les contacts qu’il a eus avec la bande à Trudeau. Pour autant, son parcours est-il scandaleusement incohérent et équivoque? Absolument pas.

Les sensibilités politiques de Marissal sont connues: il est progressiste, fortement rebuté par la Charte des valeurs et les déclarations de Jean-François Lisée sur les thèmes de l’immigration et de l’identité, et souverainiste comme bon nombre d’apparatchiks péquistes, solidaires, et même caquistes, i.e. un souverainiste qui croit que le projet ne se réalisera pas de sitôt et qu’il y a plus urgent à traiter à l’intérieur du Canada.

Il aurait donc pu, effectivement, travailler avec Trudeau contre les conservateurs à Ottawa dans un cadre multiculturaliste assumé, mais il a choisi Québec solidaire, un parti qui, lui non plus, n’aime pas les conservateurs et les « identitaires ». Il n’y a pas là de quoi fouetter un chat.

Traquer les souverainistes mous, velléitaires ou infidèles est une chose, dont je ne suis pas certain de l’intérêt en toutes circonstances, mais peu importe. Le faire sans d’abord constater que la maison mère de la mollesse et de l’infidélité souverainiste est le bon vieux Parti québécois lui-même, en est une autre, qui témoigne de la profonde impasse politico-intellectuelle dans laquelle s’enfonce obstinément ce parti. Il faudra bien, un jour, que les péquistes comprennent que lorsque le PQ met l’indépendance en sourdine, il dévalue lui-même cet enjeu et ouvre la porte à QS, à la CAQ, et à ce que des appuis souverainistes potentiels s’alignent en fonction d’autres priorités que celle de l’indépendance.

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