Mettons-les de notre bord

La nation québécoise ne risquerait pas d’être noyée dans des déferlantes d’immigrés anglicisés si les chefs de file du mouvement indépendantiste cessaient de vouloir faire un pays avec une mentalité de province, comprenaient vraiment la partie qui se joue à l’échelle mondiale et employaient les bons moyens pour faire échec aux stratégies des adversaires de la souveraineté des peuples. Nous ferions un grand pas vers notre libération si nous nous arrangions pour mettre les immigrés de notre bord au lieu de trembler comme des feuilles devant les statistiques.

Je vais tâcher de vous expliquer, mais le problème, c’est que ceux à qui je m’adresse vraiment ne me liront probablement pas. Ils sont trop occupés à préparer leurs stratégies de communication selon les paramètres imposés par les maitres du jeu. Ils savent qu’il y a toujours quelque journaleux à gages à l’affut, prêt à assassiner la première tête de Turc qui ose penser librement. En lâches et carriéristes qu’ils sont, ils préfèrent essayer de grimper laborieusement dans les sondages à force de complaisance et d’obéissance plutôt qu’affronter les mensonges et briser les tabous. Des fois, je désespère en les voyant se comporter en automates programmés par Radio-Cadna, qui les tient solidement par la laisse du narcissisme.

Les metteurs en scène nous font jouer dans leur film

Le multiculturalisme fédéral n’est pas utilisé seulement comme solvant, contre la nation québécoise, mais aussi comme réactif. Les producteurs et les scénaristes ayant retenu les services de Bouchard et Taylor devaient se frotter les mains d’aise quand ils ont eu l’idée de leur mise en scène.

Premièrement, un prologue fait de petites dames au niqab, d’imams excentriques et d’enfants au kirpan.

Deuxièmement, des politiciens déboussolés ne sachant plus sur quel pied danser, parce qu’incapables de décrypter la stratégie de l’adversaire.

Troisièmement, des schizophrènes sortis d’un village au nom tricoté serré qui partent en guerre contre la dangereuse montée de l’islam et ses pratiques barbares sans jamais avoir vu en personne un seul musulman de leur sainte vie.

Quatrièmement, des curés moralisateurs nouveau genre qui reprochent au peuple québécois d’exister et qui évitent systématiquement d’aborder, sans travestir les données, le principal accommodement déraisonnable, à savoir le généreux financement des institutions néocoloniales anglo-canadiennes.

Cinquièmement, de pauvres quidams trop heureux d’avoir leur heure de gloire qui mordent à l’hameçon et dont les caméras radiocadnassées font leurs choux gras pour que nous ayons l’air fous et que nous nous enlisions dans un débat stérile et empreint d’ignorance.

La Commission Bouchard-Taylor et l’agitation médiatique l’ayant précédée faisaient bel et bien partie d’une mise en scène et d’une manipulation magistrale.

Si l’islam vous fait peur, posez-vous quelques questions bien simples: quand vous vous énervez à cause de la petite dame au voile intégral, bête de cirque photographiée dans La Presse ou exhibée à Radio-Cadna, est-ce parce que vous rencontrez des niqabs tous les jours dans le métro de Montréal? Est-ce parce que l’excision est devenue pratique courante à Magog? Est-ce que parce qu’un tueur en série sikh erre la nuit dans les rues de Saguenay? Est-ce parce que vous n’avez pas encore compris qu’Al-Qaïda est une invention de la CIA? Est-ce parce que vous ignorez que Ben Laden n’était qu’un épouvantail? Est-ce parce que vous ne voyez pas que les attentats du 11 septembre 2001, où trois édifices (et non deux) ont été démolis à New York par des charges placées à l’intérieur, sont le résultat d’une sordide machination probablement orchestrée de l’intérieur des États-Unis?

L’islamophobie est une forme de paranoïa collective ayant essentiellement pour fondement des quolibets insignifiants qui ont été montés en épingle par un efficace dispositif médiatique savamment mis à contribution pour répandre de la propagande de guerre. Les disciples des croisés modernes nous disent de prendre garde, que l’envahisseur est à nos portes et que notre inconscience sera notre tombeau, mais ils n’ont rien d’autre pour étayer leur acte d’accusation que des scènes furtivement croquées et sorties de leur contexte. C’est du délire à l’état pur. Ça n’a aucun fondement sociologique réel, mais c’est parfois élégamment tourné, comme les écrits mensongers de Djemila Benhabib, qui trouvent un terreau fertile parmi les lecteurs féministes prêts à crier au loup.

Remarquez qu’aujourd’hui, en 2011, après des années de massacres perpétrés par les sionistes et les croisés notamment en Palestine, au Liban, en Afghanistan, en Irak et, plus récemment, en Libye, on ne devra plus s’étonner que des barbus aient le gout de se faire exploser en plein centre commercial et que des femmes politisées portent le foulard pour marquer leur rejet de l’indécence, du matérialisme et de l’immoralité occidentaux. Ça n’a rien à voir avec l’intégrisme religieux et tout à voir avec un désir normal de vengeance contre les bourreaux sanguinaires que sont les États-Unis et leurs valets.

Radio-Cadna a pour principale fonction de nous enfoncer des idées dans le crâne

Les propagandistes de guerre ont pour tâche de diaboliser l’ennemi. Ils doivent pour ce faire cultiver diverses croyances et divers sentiments dans la population, notamment l’islamophobie et aussi la perception que l’Afrique est un lieu de conflits ethniques perpétuels, où le viol et la dictature sont des traditions tenaces et où les peuples sont incapables de se gouverner sans l’aide des colons occidentaux, de leurs ONG de façade et des fusils qu’on distribue gratis à des rebelles analphabètes pour les aider prétendument à instaurer la démocratie.

Les médias et divers autres menteurs, parfois manipulateurs, parfois manipulés, tissent patiemment la toile de l’islamophobie et de la supériorité morale de l’Occident pour préparer les gens à applaudir les bruits de bottes, le moment venu, ou du moins à ne pas protester. Peu leur chaut, à ces menteurs, que les femmes d’Arabie saoudite n’aient pas le droit de vote ou de conduire une voiture. Les droits des femmes et la démocratie ne sont que des prétextes qu’on sort du chapeau lorsqu’on en a besoin et qu’on oublie rapidement lorsqu’une monarchie sert bien les intérêts des fous furieux qui nous dirigent.

Ce qui compte, c’est que l’attention des contribuables qui paient les bombes se fixe sur les prétendus agissements du mauvais client, au moment où il faudra l’abattre, que ce soit Saddam Hussein, Laurent Gbagbo, Mouammar Kadhafi, Bachar al-Assad ou Mahmoud Ahmadinejad. Hussein n’a jamais possédé d’armes de destruction massive. Gbagbo et Kadhafi n’ont jamais fait tirer sur des civils, ni à l’arme lourde, ni avec des avions, ni avec d’autres armes. Bachar al-Assad non plus. Et aucune femme n’a jamais été condamnée à la mort par lapidation en Iran, comme nous le démontrerait Ahmadinejad si Radio-Cadna le laissait nous parler. Mais le public avale d’autant plus facilement toutes les couleuvres servies par Radio-Cadna qu’on lui a déjà fait comprendre que le fanatisme de l’ennemi est bien réel et se manifeste sous forme de voile intégral jusque dans les cours de francisation au fond d’une obscure salle de classe d’un cégep. Quelle horreur!

Radio-Cadna est le principal instrument d’une propagande de guerre qui dépasse tout simplement l’entendement au Québec. Je suis certain que Goebbels ne faisait pas mieux dans l’Allemagne nazie. Les journalistes de Radio-Cadna sont grassement payés par leur employeur, qui tient à s’assurer de leur servilité. Ils sont choisis soit pour leur adhésion consciente à la mission civilisatrice de l’Occident, soit pour leur grande naïveté.

Il peut même arriver que cette naïveté soit excessive au point de mettre Radio-Cadna dans l’embarras. Rappelez-vous le prosélytisme débordant de Christine St-Pierre, journaliste ayant été relevée de ses fonctions le 7 septembre 2006, pour avoir applaudi ouvertement l’entreprise guerrière de pseudolibération des femmes en Afghanistan. Me semble d’entendre son patron lui dire: «mais Christine, tu n’as rien compris, fallait pas le dire qu’on est là pour vendre la guerre aux Québécois; faut donner une impression d’impartialité».

Christine St-Pierre s’est retrouvée ministre à Québec, grâce aux bons soins du vrai patron de Radio-Cadna, Paul Desmarais, qui l’a confiée à l’une des succursales politiques de Power Corporation, le Parti libéral du Québec. Elle fait maintenant profiter les contribuables québécois de son prosélytisme naïf en niant les reculs du français au Québec. Je me demande ce qu’elle pense aujourd’hui de la guerre en Afghanistan. On se cotise pour lui payer un voyage à Kandahar?

Quand vous écoutez Radio-Cadna, dites-vous que ce qu’on vous y raconte et qu’on vous présente comme de l’information est en fait destiné à vous enfoncer des idées dans le crâne et à construire dans vos esprits une perception du monde complètement fantaisiste, qui est souvent exactement le contraire de la réalité: les criminels deviennent des justiciers, et les victimes se font taper dessus parce qu’elles le méritent. Ni plus, ni moins. Radio-Cadna est le média de tous les mensonges et de toutes les occultations. J’y reviendrai dans d’autres articles et sur d’autres tribunes.

Aucune mission occidentale prétendument civilisatrice n’a jamais eu ni pour objectif, ni pour conséquence d’améliorer le sort des populations visées, que ce soient les droits des femmes ou d’autres droits. Tous les pays attaqués ont été carrément ravagés pour une seule raison: le pétrole et les autres richesses naturelles. Les morts, les blessés et les réfugiés se comptent par millions, rien qu’au cours de la dernière décennie. Le cas le plus récent est évidemment celui de la Libye, pays le plus riche, le moins endetté et le plus égalitaire d’Afrique, que Mouammar Kadhafi avait vaillamment conduit sur le chemin de la prospérité à coups de réalisations colossales, comme le plus grand système d’irrigation au monde.

La Libye, ce nouveau pays martyr, vient d’être remise par l’OTAN entre les mains d’une bande de gangsters racistes et fanatiques, dont l’unique but est de tirer des avantages personnels de leur prise du pouvoir par la force, sans l’appui de la population. Ces collabos abjects toucheront leur quotepart du butin de guerre, c’est-à-dire les plus grandes réserves de pétrole d’Afrique, qui seront désormais pillées sans retenue et sans que la population en bénéficie, ainsi que le fonds souverain de la Libye, de plusieurs centaines de milliards de dollars, sur lequel les puissances occidentales en faillite ont fait main basse pour tenter de régler une partie de leurs problèmes financiers insolubles.

Les droits des Libyens, hommes, femmes et enfants, seront plus bafoués que jamais, en particulier les Noirs et les tribus les plus fidèles à Kadhafi, qui seront pourchassés sans relâche, massacrés, dépossédés et chassés du pays. Voilà le résultat du bon travail du général Bouchard et du colonel Lavoie, qui font honte au Québec et qui auraient dû déserter sur-le-champ, s’ils avaient été des hommes, plutôt que de massacrer des innocents qui ne nous ont rien fait. Quant à leur patron, le criminel Harper, il ne lui reste plus qu’à se flinguer s’il a une conscience, mais je doute qu’il en ait une, car c’est un psychopathe au même titre que ses patrons des pétrolières et que ses amis Obama, Cameron et Sarkozy.

Pour mieux saisir l’infernale propagande de guerre ayant entouré l’agression de la Libye visant à la piller et la renvoyer à l’âge de pierre, lisez les trois articles suivants de Julie Lévesque:

Libye: Les médias et la propagande en faveur de la rébellion

La guerre de Libye, une « cause juste »?

Libye: Opération clandestine et propagande de guerre 

Les immigrés n’attendent que le signal pour faire l’indépendance avec nous

Nos maitres ont réussi machiavéliquement à nous dresser contre des peuples opprimés qui, souvent, parlent français comme nous. Ils nous font croire que les immigrés issus de ces peuples représentent une menace pour la culture, les traditions et les valeurs de la nation québécoise. Au lieu de prendre la défense de ces peuples, ce qui nous attirerait évidemment leur sympathie et en ferait nos alliés, nous gobons les racontars de leurs bourreaux, qui sont souvent aussi nos ennemis. Il est temps de cesser de jouer dans les mises en scène orchestrées par les marionnettes du grand capital pour nous maintenir, ainsi que beaucoup d’autres peuples, dans la servitude.

Le grand Pierre Falardeau avait épousé la cause des Palestiniens, qui se font littéralement massacrer par un État voyou. Inspirons-nous de Pierre et faisons nôtre la cause des Africains et des Moyens-Orientaux qui cherchent à se libérer du joug néocolonial ou qui doivent repousser les attaques impérialistes. Les Syriens ont particulièrement besoin de notre aide actuellement. La propagande mensongère de Radio-Cadna fait rage contre ce pays, suivant le même modèle qui a été appliqué en Libye. C’est de très mauvais augure. Et après, ce sera l’Iran, avec un risque de mondialisation du conflit et de recours aux armes nucléaires.

Apprenons à reconnaitre ceux qui devraient être nos alliés naturels et à dénoncer ceux qui, par une pluie de mensonges et par une violence extrême, cherchent à briser la solidarité, la dignité et la souveraineté des peuples. Bien sûr, nous récolterons les foudres de certains opposants ayant des intérêts très particuliers et se faisant passer pour des martyrs, auxquels les grands médias accordent toujours une importance démesurée, par exemple l’insignifiante blogueuse cubaine Yoani Sánchez. Ils essaieront de nous duper; c’est ce qu’ils font tout le temps. Mais ils y parviendront de moins en moins, car nous aurons de plus en plus le réflexe de nous dire: «si les médias du grand capital nous rebattent les oreilles avec un sujet, ce n’est pas pour nous informer, mais bien pour nous enfoncer des idées dans le crâne. Ce qui doit nous intéresser, c’est ce dont les médias ne nous parlent pas.»

Nous pensons souvent à l’immigration comme un facteur d’anglicisation et d’assimilation du peuple québécois dans la mosaïque multiculturelle conçue par Ottawa. Il est vrai que trop d’immigrés choisissent l’anglais, et que nos adversaires s’en réjouissent discrètement. Toutefois, je l’ai déjà dit souvent, pour que les immigrés comprennent ce que nous voulons et agissent en conséquence, nous devons nous comporter comme un peuple normal ayant une langue nationale que tout le monde comprend au pays.

Comment pouvons-nous nous plaindre que des immigrés choisissent de parler anglais alors que notre État leur offre activement des services en anglais et que nous finançons généreusement des institutions anglaises disproportionnées, notamment pour former en anglais des médecins, des ingénieurs et des techniciens? Comment pouvons-nous subventionner le développement de la langue anglaise au Québec et, parallèlement, souhaiter que la langue de travail y soit le français? C’est d’une grande incohérence, et les immigrés francophones qui se font dire d’apprendre l’anglais pour avoir une job y voient une grande hypocrisie. Quant à ceux qui n’ont aucun attachement particulier pour la langue française, notre ambivalence n’est pas de nature à les convaincre.

Je ne sais pas si vous connaissez la chanson Spit White, de Jenny Salgado, une grande patriote québécoise dont les parents viennent d’Haïti, un autre pays exsangue et meurtri par des siècles de tyrannie et de domination impériale sous un voile de mensonges. Pour moi, Spit White est l’une des plus belles et des plus entrainantes chansons d’amour jamais écrites pour le peuple québécois. Elle est aussi l’incarnation même de la solidarité et de la fierté. Pourtant, les radios l’ont ignorée, et pas un seul organisme de défense de la langue française, ni un seul parti politique indépendantiste, à ma connaissance, ne l’a mise dans la page d’accueil de son site Web. Je ne comprends pas cette attitude. Qu’est-ce que nous attendons pour mettre les immigrés de notre bord?

Salut, camarade patriote Jenny! Tu es une vraie soeur.

 

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