La défense du français au Québec m’exaspère. Je suis fatigué du combat des éternels minoritaires. À les entendre parler, il nous faudra nous battre sans cesse si nous voulons continuer de parler notre langue. Si c’est comme ça, moi, je décroche. Je veux pour mes enfants un pays normal avec une langue normale. Sinon, je préfère leur dire tout de suite de se mettre à l’anglais ou au mandarin.
Même les plus ardents défenseurs du français au Québec ont une mentalité de perdants. C’est tout juste s’ils ont les couilles d’exiger la fréquentation du cégep en français… à condition que la colonie anglo-canadienne du Québec conserve le privilège de ne jamais apprendre le français. À les entendre, c’est la Cour suprême ou Harper qui nous empêchent d’imposer le français au Québec. Pourtant, ce n’est que partiellement vrai.
La faiblesse du français résulte en bonne partie de la schizophrénie des Québécois, telle que personnifiée par Pauline Marois et Québec Solidaire. Le schizophrène dit vouloir que le français soit la «langue commune» des Québécois, mais persiste à nourrir la forte concurrence de l’anglais sur le territoire même du Québec. Le français doit être la langue de travail, mais le schizophrène finance généreusement des établissements d’enseignement collégial et universitaire qui forment des techniciens, des ingénieurs et des médecins en anglais.
Ce n’est ni la Constitution du Canada, ni la Cour suprême qui nous obligent à pomper des milliards de dollars dans les coffres de McGill et Concordia et à offrir une kyrielle de services en anglais. C’est la schizophrénie dont nous sommes atteints. Et cette maladie du colonisé nous empêche aussi d’exiger que, pour obtenir un certificat d’études secondaires au Québec, tout élève soit tenu de réussir les mêmes examens de français, quel que soit le réseau scolaire. En quoi une telle obligation serait-elle excessive puisqu’elle est déjà en vigueur au Canada anglais?
Par exemple, au Manitoba, les francophones ont des écoles à eux, mais les élèves de ces écoles doivent passer les mêmes examens d’anglais que les élèves des écoles anglaises. Sinon, ils n’obtiennent pas leur certificat d’études secondaires et ne peuvent pas entrer à l’université.
Il ne viendrait à l’idée de personne au Canada anglais de ne pas apprendre l’anglais. La totalité de la population du Canada anglais parle anglais. Je vous mets au défi de trouver un seul francophone unilingue dans les entreprises ou les universités ontariennes. Même à Ottawa, vous n’en trouverez pas. Pourtant, au Québec, ne pas savoir parler français est normal. Pauvres petites crottes anglaises, se dit le schizophrène, il serait trop cruel de leur imposer l’apprentissage du français.
Pour le schizophrène, il est normal de tout faire pour aider une catégorie de Québécois sélectionnés selon l’origine ethnique ou géographique à ne jamais se servir du français, donc à ne jamais devoir l’apprendre: études collégiales et universitaires en anglais, déclarations de revenus en anglais, permis de conduire en anglais, autres services de l’État en anglais, services mur à mur en anglais dans les commerces. Tout le monde sait bien qu’il est possible de vivre au Québec sans dire un mot de français.
Rien d’étonnant à ce que nous en soyons réduits à quémander aux arrogants Molson Canadians que l’entraineur ou le capitaine du club de hockey de Montréal sache dire deux ou trois mots en français, pour la galerie. Pendant ce temps, au Royaume-Uni, un joueur professionnel de soccer doit savoir parler anglais, peu importe ses origines et le nombre de buts qu’il marque.
Rien d’étonnant non plus à ce que Bombardier, entreprise québécoise n’ayant toujours pas obtenu son certificat de francisation, demande à Québec d’élargir l’exemption lui permettant déjà de fonctionner en anglais. Il faudrait demander à Bombardier si elle a des employés qui refusent d’apprendre l’anglais et qui obligent leurs collègues à travailler en français à son usine de Thunder Bay.
Mais, somme toute, les patrons de Bombardier, de la Banque Nationale ou de la Caisse de dépôt n’ont aucune raison d’exiger la maitrise du français de la part de tout leur personnel si Pauline Marois, Québec Solidaire et les autres schizophrènes de la langue n’admettent pas que la maitrise du français puisse être une exigence normale envers l’ensemble des Québécois.
Avec la mentalité actuelle consistant à maintenir les privilèges de la colonie anglo-canadienne du Québec, même si Ottawa ne nous oblige aucunement à agir ainsi, le combat pour le français est perdu d’avance. Nous ne faisons que prolonger le supplice de l’assimilation.