L’indépendance comme choix d’appui

Lorsque j’assiste au débat des candidats à la chefferie du Parti Québécois, qui est ultimement supposé représenter l’arme politique de l’indépendance du Québec, mais qu’à chaque fois que le mot «indépendance» est proclamé et que la foule frémit, je ne m’y reconnais plus.

Lorsque je m’aperçois que si Martine Ouellet ne serait pas parmi les candidats, le seul moment où les autres parleraient d’indépendance serait pour plaire aux vieux yuppies qui ont le désir serein de mourir la tête haute, je ne m’y reconnais plus.

C’est à s’y perdre dans une folie de défaitisme que de suivre, jour après jour, les trois hommes qui se présentent comme candidat à la chefferie du Parti Québécois. À croire que nous en sommes rendu là, c’est déprimant.

La peur qui autrefois faisait office d’arguments prononcés par le camp fédéraliste, fait maintenant office de nos propres arguments. On change les rôles. Les fédéralistes qui avaient eux aussi, de façon beaucoup moins démocratique, à se battre contre l’idée de la liberté, se voit aujourd’hui servis pas des êtres serviles. Et cette dynamique leur plait énormément. Plus besoin de se salir les mains, ils se mangent entre eux. Comme si le Wendigo rôdait parmi les membres et, un à un, ils finissent par se faire bouffer. Ceux qui continuent tout de même à défendre l’indépendance, sont lapidés idéologiquement. On les tassent. Je pense à Michaud, à Aussant, et aujourd’hui à Ouellet. On les traite de pressés, puis de dangereux et on finit par les mettre au pas. Non pas par les députés. Non pas par la grande classe marchande qui se tait pour avaler le chèque qui passe. Mais par les membres même du parti. On en est rendu là faut croire. Dangereux. Parce que la liberté c’est dangereux. Ça bouleverse, ça fait mal, ça choque. Ça tue un homme politique digne de ce nom. Pour toutes ces idioties, on tente, par l’entremise des trois bouffons qui servent de pantins à ficelles du Parti Libéral, de nous faire croire que ce n’est pas ce que le Québec attend du Parti Québécois. Donc, nous allons leur servir leur salade quotidienne, avec des petites politiques bonbons complètement insignifiantes pour calmer les ardeurs, puis la liberté sera remise au marché. Remise au plus offrant. Le candidat qui offrira plus, remportera la mise. La liberté est devenue le prix d’une enchère. C’est déprimant.

Les trois soupapes du fédéralisme et du «bien-être constitutionnel» s’éternisent sur l’idée que, comme le peuple s’oppose fermement à une consultation démocratique dans un premier mandat, il faut se rendre à l’évidence et baisser les bras pour encore bien des années. Sur un seul sondage. De peur. On nous dit que NOUS ne sommes pas prêts. Plus précisément, «85% des Québécois ne veulent pas de référendum sur la souveraineté du Québec dans un premier mandat». Résultat : on arrête. La machine «stop!». On n’y croit plus, ou du moins on va en parler mais très doucement, de façon à ce que personne ne l’a désir dans huit ans d’ici, rendant ainsi la question vide d’elle-même, morte, et elle sera réglée une fois pour toute. Ouf!

Sans vouloir m’élancer dans un débat sur des faits historiques, le Parti Québécois, fondamentalement, a toujours défendu l’idée de l’indépendance au premier plan. «Vous votez pour nous, vous votez pour un pays». Simple, vrai et noble. Aujourd’hui, les trois hommes affranchis eux-mêmes de l’idée d’affranchissement du peuple québécois proposent de remettre la base même du parti, parmi toutes les autres idées, bien loin du rêve réel du parti, bien loin du projet collectif que le Québec nécessite. À des fins partisanes, ils utilisent un sondage pour fonder l’argumentaire le plus important de leur soi-disant parti. Sur un seul sondage : quelle virulence politique! Un sondage pour faire peur au peuple et ainsi causer la mort latente du projet indépendantiste. Je le répète, les fédéralistes en sont ravis.

Moi j’appuie l’indépendance. C’est tout. Avant et après la course. C’en est ainsi. La course au final n’y change rien, ce n’est qu’un simple miroitement d’insignifiance que l’on aperçoit chez nos voisins d’en bas, avec leur campagne présidentielle : de la politique de bon marché qui fait rougir les analystes politiques vendus et chromés de radio-can. Voilà. Parlez-nous de cynisme. Contrer le cynisme ça prend des politiciens qui respectent leur rêve jusqu’au bout, un projet collectif, pour la liberté.

Bourgeault disait : «À quoi nous sert-il d’avoir le meilleur parti si nous n’osons pas, partout à travers le Québec, nous présenter tel que nous sommes». Et bien c’est ce à quoi on assiste, présentement, au sein du Parti Québécois. L’image sécurisante et respectable d’un parti où le confort trône même au-dessus de la liberté n’est pas le Parti Québécois. Et ce n’est surtout pas celle d’un peuple qui, depuis 256 ans, se bat pour espérer avoir le droit de vivre.

Posted in chroniques politique québécoise, Journal Le Québécois.

2 commentaires

  1. Le problème est justement que ce parti a trop tardé: depuis 1995, le peuple n’a pas entendu parler d’indépendance et les générations montantes se sont convaincues que c’était folklore. Pas de peuple, pas d’indépendance. Comme pis aller pour sortir les canadianisateurs, des gens de bonne foi jugent que le seul moyen est de leur ressembler. Notre choix: miser leur leur bonne volonté après élection ou jouer les Patriotes de 1837.

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