Les premiers seront les derniers?

Commençons avec la Corse, magnifique pays que j’ai eu le bonheur de visiter avec mon épouse il y a quelques années. En 2010, lors des élections territoriales, le nationalisme corse a atteint un sommet historique. Avec un total d’environ 36% des voix, les indépendantistes convaincus de Corsica libera et les modérés de Femu a Corsica ont confirmé que le peuple corse ne se contentera jamais du statu quo. Au contraire, le peuple corse est en marche. La prise du pouvoir par les indépendantistes et les nationalistes lors du prochain scrutin est plausible. L’indépendance de la patrie de Paoli devient donc elle-même de plus en plus plausible, ce qui était impensable il y a de cela quelques années. Les choses avancent, et elles avancent vite.

Du côté des Catalans, l’option indépendantiste atteint des sommets historiques après le rejet par l’Espagne du statut d’autonomie de la Catalogne. Le nationalisme catalan se réveille plus que jamais. Les manifestations sont nombreuses, les militants sont déterminés. De nombreux référendums organisés par la société civile, et auxquels a participé notre collègue Patrick Bourgeois en tant qu’observateur, ont confirmé ces avancées depuis deux ans. La Catalogne a le vent dans les voiles et de grands espoirs sont permis pour les indépendantistes.

Et les Basques? L’ETA vient d’annoncer, sans se dissoudre, la fin définitive de la lutte armée pour l’indépendance. Certains Québécois, mal informés, pourraient en conclure à un recul de l’indépendantisme basque. Il n’est en rien, au contraire. Le fait est que le mouvement indépendantiste basque, toutes tendances confondues, a si bien travaillé ces dernières années, et ce malgré une répression terrible des États espagnol et français, que l’Espagne a dû cesser d’illégaliser les partis politiques indépendantistes. Maintenant légaux, les partis indépendantistes obtiennent des résultats électoraux qui laissent présager le mieux pour un Pays basque indépendant. Qui plus est, les basques prennent la rue par dizaines de milliers pour réclamer l’indépendance, comme ce fut encore le cas hier. Certains observateurs prévoient même une vague indépendantiste lors des prochains scrutins. La libération basque pourrait survenir plus tôt que prévue.

Pour ce qui est de l’Écosse, on a souvent dit que les Écossais entretenaient un nationalisme mou et que l’indépendance écossaise n’était que pure utopie. Or, après avoir élu pour la première fois de son histoire un parti indépendantiste en 2007, l’Écosse vient de donner en mai dernier la majorité absolue à ce parti, soit le Scottish National Party. Plus encore, des sondages marquent une nette progression de l’option indépendantiste. À coup sûr, l’indépendantisme écossais avance. Un retour en arrière semble impossible, le statu quo ne pourra être maintenu longtemps.

Quant à la Flandre, pour empêcher son indépendance, donc l’éclatement de la Belgique, on s’apprête à lui concéder beaucoup d’autonomie. La Belgique ne tient qu’à un fil, et les Flamands tiennent ce fil. Il suffirait de peu pour que la Flandre rompe tout lien avec le royaume de Belgique. En réalité, ce serait chose faite depuis longtemps si la question de Bruxelles ne compliquait pas les choses.

Et nous, au Québec?

Contre vents et marées, les militants indépendantistes québécois réussissent à maintenir l’option à un haut niveau dans les sondages, ce qui permet tous les espoirs, mais soyons réalistes, le mouvement piétine, se cherche, perd son audace. Nous n’avons pas le vent dans les voiles ces années-ci, il faut l’admettre. Nous ne sommes pas à l’offensive et nous peinons à nous imposer dans le débat public. Il y a plusieurs raisons à cela : mollesse des partis indépendantistes, abandon de certains militants, désengagement de plusieurs artistes et intellectuels, cynisme ambiant envers la politique, etc.

Aujourd’hui, je retiendrai la raison suivante : si nos médias n’étaient pas au service de l’ennemi ou du statu quo sur la question nationale (ce qui revient au même), peut-être nous présenteraient-ils des situations à l’étranger telles que celles mentionnées ci-haut, et peut-être davantage de Québécois pourraient réaliser que l’indépendance des peuples est plus que jamais à l’ordre du jour sur la planète. Peut-être ces mêmes Québécois se poseraient-ils alors la question suivante : serons-nous le dernier peuple d’Occident à nous doter d’un État indépendant pour survivre et enfin vivre?

Évidemment, les médias de nos ennemis ne feront pas ce travail à notre place. À nous de nous informer, de tisser des solidarités avec les peuples en lutte et d’expliquer à nos compatriotes dans quel sens la planète bouge : dans le sens de la liberté des peuples. Il faut reprendre en main nos communications. Il faut travailler sérieusement.

Les peuples en lutte de la planète placent le mouvement québécois comme un brillant exemple d’un mouvement qui a réussi à se développer rapidement jusqu’au seuil de l’indépendance et ils ont bien raison. J’ai d’ailleurs constaté cette admiration à travers mes voyages en Europe et ailleurs. J’étais fier d’être un Québécois. Bourgeois a constaté la même chose, comme bien d’autres camarades. Il serait pitoyable que nous devenions maintenant un exemple de recul et d’échec… Un mot d’ordre : au travail! La planète nous regarde…

Vive l’indépendance des peuples!

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