Son analyse très boîteuse amène M. Lavoie à dire que nous avons procédé à un jugement hâtif contre les donateurs du PLQ. La preuve ? Le fait que Michel Trudeau, le conjoint de Fabienne Larouche, se soit retrouvé identifié sur notre site et qu’il ait dénoncé la chose dans les pages du Devoir, hier. Nous l’avons de fait identifié sur notre site, mais pas en tant qu’individu impliqué dans une histoire de corruption ou de conflits d’intérêts. Mais tout simplement en tant que Michel Trudeau, psychologue et époux de Fabienne Larouche; un individu qui croit légitime de financer le Parti libéral du Québec.
S’appuyant sur ce cas, Gilbert Lavoie ose ensuite dire que notre campagne est de la même eau que la condamnation dont a été victime Yves Michaud il y a dix ans de cela maintenant. Il y a dix ans, j’étais dans le camp des défenseurs d’Yves Michaud. Et je le suis toujours aujourd’hui. Et je trouve odieux de me voir placer malhonnêtement, à mon corps défendant, du même côté de la barricade que les salisseurs de la réputation d’un indépendantiste intègre par un journaliste qui ne m’a même pas demandé d’explications à ce sujet. Je n’ai jamais manigancé pour accuser faussement des donateurs du Parti libéral. Je révèle des informations justes. Ce qui n’était pas le cas de ceux qui pendirent Yves Michaud sur la place publique un certain 14 décembre 2000, eux qui lui mirent des propos antisémites dans la bouche pour mieux le salir. N’ayons pas peur des mots: l’article de Gilbert Lavoie est vicieux, malhonnête et choquant. Très choquant.
Pour son bénéfice personnel, je vais donc répéter certaines choses. Je vais lui faire un dessin, question de l’aider à comprendre un peu mieux le sens de notre démarche.
Notre enquête contre les grands donateurs du PLQ doit nous permettre de brosser un portrait plus juste du financement dont jouissent les libéraux, eux qui recueillent bon an mal an plus d’argent que ne l’exigent leurs besoins. C’est l’un de nos objectifs. Nous ne voulons pas seulement faire pression sur les donateurs pour qu’ils réclament eux aussi une commission d’enquête publique. Nous voulons aussi mieux connaître ceux qui nous font face, ceux qui combattent le Québec libre. Et cela est fondamentalement démocratique. J’ai dit à plusieurs reprises que je ne croyais pas que tous les grands donateurs des libéraux sont malhonnêtes ou de mauvaise foi, et qu’ils espèrent tous un retour d’ascenseur d’un tel ou un tel acteur important du parti de Charest. Voici ce que j’ai d’ailleurs écrit dans la lettre que j’ai expédiée aux Trudeau de ce monde:
Parce que nous considérons – jusqu’à preuve du contraire – que vous êtes un démocrate et que nous croyons – jusqu’à preuve du contraire – que vous souhaitez que votre parti se comporte en respectant les grands principes de la démocratie, nous réclamons de vous que vous fassiez pression sur votre chef pour qu’il annonce très prochainement la tenue d’une commission d’enquête ou qu’il déclenche des élections.
Cela démontre bien que je n’ai jamais prétendu que tous les donateurs étaient malhonnêtes. Et je le crois toujours. J’ai clairement dit, par contre, qu’il était très naïf de croire que tous les donateurs remplissent les coffres du PLQ pour les beaux yeux de ti-Jean ou parce qu’ils croient fortement en l’unité canadienne. Plusieurs le font pour des bénéfices personnels, c’est clair et c’est scandaleux. Les preuves sont de toute façon déjà bien connues. Les journalistes ont écrit bien des articles sur les donateurs du PLQ qui récoltaient par la suite des permis de garderie ou des contrats de construction ou que sais-je encore. Nous avons donc raison d’enquêter sur les donateurs du PLQ.
Ceci étant dit, je dois dire que la sortie de Michel Trudeau, loin de démontrer que notre démarche est précipitée ou impertinente ou mal venue, prouve dans les faits que nous avions raison. À cause de nous, ce type a dû admettre qu’il remplit les coffres des deux partis. Le bonhomme semble se dire souverainiste, c’est l’impression que sa lettre nous laisse en tout cas, mais il finance quand même les libéraux qui forment un gouvernement qui a donné un sérieux coup de Jarnac dernièrement contre la langue française en adoptant la loi 115, loi qui permet l’utilisation, en respectant certaines restrictions, des écoles passerelles. Et je ne parle pas de l’aplaventisme navrant dont fait preuve le gouvernement Charest face au fédéral ou à la grande entreprise.
Contrairement à Gilbert Lavoie, moi, je suis très content de découvrir qu’il existe des individus assez velléitaires et félons dans le mouvement souverainiste pour financer d’une poche l’un de nos meilleurs députés (Pierre Curzi) tout en finançant de l’autre côté les libéraux, et ce, en leur donnant pas moins de 3000$ ! C’est en bonne partie à cause de Québécois comme ce Trudeau que la cause se porte plus ou moins bien dans le contexte actuel. Le combat pour l’indépendance exige que les militants soient disciplinés et assez intelligents pour ne pas donner d’argent à nos ennemis. Franchement!
Combien y’a-t-il de Michel Trudeau au Québec au juste ? Combien de supposés souverainistes trahissent la cause en donnant de l’argent aux fédéralistes les plus endurcis? Si notre commission d’enquête citoyenne permet de lever une partie du voile sur cet aspect de la question nationale qui oppose le Québec au Canada, notre commission d’enquête citoyenne aura été efficace.
En terminant je tiens à dire que, même si le ton insultant de la lettre de Michel Trudeau ne m’a pas plu, même si je n’ai aucunement apprécié l’article grotesque de Gilbert Lavoie qui l’a amené à m’opposer, d’une certaine façon, à Yves Michaud pour qui j’ai le plus grand des respects, je dois remercier quand même Le Devoir et Le Soleil. En faisant écho aux propos de Trudeau (tout en censurant les gens qui appuient notre démarche), vous avez fait de la publicité à notre campagne qui, ma foi, s’avère plus efficace que je ne l’aurais escompté dès le départ.
Et, surtout, merci à vous Messieurs Lavoie et Trudeau pour votre participation à notre campagne citoyenne!
p.s. Un jour ou l’autre, les médias devront bien expliquer aux Québécois comment il se fait que seuls les dénonciateurs du camp indépendantiste sont publiés dans leurs pages. J’ai toujours dit que dans tout système judiciaire digne de ce nom, les accusés ont au moins le droit de se défendre face à leurs accusateurs, ont au moins le droit de se faire entendre dans les mêmes enceintes d’où proviennent les accusations les concernant. À l’évidence, les médias québécois sont tout sauf respectueux des grands principes de Justice.
D’ici à ce qu’ils le deviennent, qu’ils aillent se faire cuire un oeuf. Et tous. Il me reste au moins Internet pour me défendre.