La nouvelle lutte des classes

Cette lutte des classes n’oppose plus les ouvriers aux fore men ou aux boss des entreprises, elle n’oppose pas davantage les prolétaires aux bourgeois ou la gauche traditionnelle à la droite réact.  Cette nouvelle lutte des classes met en scène les citoyens ordinaires qui doivent se défendre contre les z’élites qui utilisent le système à leur détriment, pour mieux les exploiter.

Parmi ces citoyens ordinaires, nous retrouvons le propriétaire d’un petit commerce de la rue St-Jean à Québec qui s’évertue à attirer des touristes dans sa boutique; le professionnel de Trois-Rivières qui croule sous les impôts et les hausses tarifaires de toutes sortes pendant que les amis du régime empochent; l’infirmière syndiquée de Ste-Justine qui n’a plus le temps de vivre à cause de ses horaires de fous; l’étudiant de l’Université du Québec à Chicoutimi qui doit sans cesse combattre des gens qui rêvent de lui prendre toujours plus d’argent dans les poches pendant que lui s’endette comme pas un; le travailleur forestier de St-Félicien qui ne travaille plus parce que le système refuse de soutenir cette industrie importante au Québec, préférant les sables bitumineux de l’Alberta;  l’habitant de Cap-Chat qui s’est fait planter une éolienne dans sa cour en échange d’une ristourne ridicule;  l’employé de bureau de Blainville qui se tape des heures de route tous les matins pour aller travailler au centre-ville pendant que les prix de l’essence montent en ascenseur alors que son salaire, lui, emprunte les escaliers; la mère de Sherbrooke qui peine à se trouver une place en garderie pendant que les donateurs du PLQ manigancent avec les permis d’exploitation de telles entreprises; l’assisté social de Val-d’Or qui est constamment stigmatisé par le système; l’agriculteur de Montérégie qui boira bientôt de l’eau empoisonnée et qui nous fera manger des légumes tout aussi malsains à cause de ces foreurs à la quête au gaz de schiste, etc.

Ces citoyens ordinaires, qui gagnent de 100 000$ à 6 000$ par année, font face à un système bien huilé.  Un système qui a été rodé dans une seule perspective:  les exploiter toujours plus efficacement, tout en leur donnant l’impression qu’ils vivent encore et toujours dans une démocratie.  Au sommet de cette structure, nous retrouvons les grandes z’élites capitalistes.  Les Desmarais ou les Bronfman ou les Molson en sont de bons exemples.  Ces z’élites manigancent dans l’ombre, ne veulent pour rien au monde se retrouver sous les feux de la rampe.  Ils agissent afin que la société évolue toujours davantage en leur faveur.  Pour ce faire, ils contrôlent bien des secteurs d’activité:  les plus grandes compagnies d’assurance, le sport, l’énergie, les usines, les médias, etc.

Pour imposer leurs façons de voir les choses, ces z’élites construisent des politiciens. Des marionnettes devrais-je plutôt dire.  De ce moule sont sortis les Robert Bourassa, les Daniel Johnson fils, les Brian Mulroney, les Jean Chrétien, les Paul Martin et…les Jean Charest. Les marionnettes en devenir sont normalement engagées par les grandes z’élites capitalistes, une manière de bien leur former l’esprit.  Ce fut le cas de Paul Martin ou Daniel Johnson fils par exemples.  Mais il arrive aussi qu’elles se contentent de remplir de liasses de billets de banque les poches de ces politiciens, eux qui ne peuvent par la suite que leur en être redevables et être par conséquent bien obéissants.  Ce fut le cas de Robert Bourassa qui fut mis au monde par la richissime famille Simard de Sorel, de Brian Mulroney qui s’est fait payer une luxueuse maison par la compagnie Iron Ore ou de Jean Charest dont on ne cesse de parler, depuis 1998, du pont d’or dont il aurait bénéficié pour venir combattre les forces souverainistes au Québec.  Cette hypothèse est devenue encore plus solide le jour où Charest dut admettre qu’il touchait un salaire secret de 75 000$ depuis au moins 10 ans;  75 000$ ou plus, qui sait…

Ces z’élites politiques, au service qu’elles sont des z’élites capitalistes, administrent le système au profit de la famille.  Les gouvernements qu’elles forment versent dans le conflit d’intérêts et dans les nominations partisanes;  le gouvernement Charest est passé maître en la matière.  Les enveloppes brunes circulent comme à peu près jamais auparavant; les amis du régime en profitent, ils engraissent à nos dépens et sont si heureux du sort que leur réserve ce système crasse.  Vous voulez un contrat de construction ou un permis pour une garderie?  Rien de plus simple:  la caisse du parti est par-là!

Les mercenaires du système sont nommés partout dans la structure de l’État.  Ils contrôlent les grandes sociétés d’État que sont Hydro-Québec, la Société de l’assurance automobile du Québec, la Société des alcools du Québec, la Régie de l’énergie, le Bureau d’audience publique sur l’Environnement, etc.  Ils nomment des juges amis du régime;  les « post-it » décident de qui peut revêtir la toge de grand magistrat et qui ne le peut pas. Ils se sont appropriés la machine de l’État.  Notre État, celui que René Lévesque considérait comme « le plus grand parmi nous ».  Les libéraux, c’est comme la gangrène :  ça s’étend toujours plus largement. Une calamité que cette vermine qui s’impose partout.

N’ayant peur de rien, ces gouvernements adoptent des lois qui font l’affaire des grandes z’élites capitalistes.  Pensons seulement au changement du mandat de la Caisse de dépôt et placement qu’a imposé le gouvernement Charest.  Résultat :  40 milliards$ des économies des citoyens ordinaires du Québec sont disparus comme par enchantement, et jamais aucune enquête n’a été effectuée à ce sujet. Dormez mes bons amis, dormez… Toute vérité n’est pas bonne à savoir!

Au lieu de faire la lumière sur ces scandales, les z’élites politiques ouvrent la porte toujours plus grande au privé.  Ce sont les amis du régime qui en profitent, bien sûr.  Les amis ingénieurs et contracteurs roucoulent pendant que leurs firmes érigent un odieux système de partage des soumissions, ce qui leur permet de gonfler les prix. Les PPP deviennent une véritable religion d’État.  Et vive les deux grands hôpitaux universitaires de Montréal dont nous n’avons pas les moyens de nous payer et qui seront construits sous le sceau de ces fameux PPP!  Les citoyens croulent sous les dépenses. Mais le système n’en a que faire.  Tout ce qui lui importe, c’est d’enrichir toujours davantage les z’élites en puisant dans les poches du citoyen qui est devenu un simple contribuable.

Après ça on s’étonne qu’il en coûte toujours plus cher au Québec pour construire un kilomètre de route ou un mur d’un édifice donné qu’ailleurs en Amérique.  La mafia, les centrales syndicales, les ingénieurs, les entrepreneurs en construction, tous ces vils requins ont les deux mains plongées dans les coffres de l’État;  les z’élites politiques sont complices.  Comme des porcelets se roulant avec bonheur dans la fange, ils se vautrent dans l’argent public;  sans gêne aucune.  Ils se savent tout puissants car défendus par le système. Au bout du compte, c’est le citoyen ordinaire, lui qui en a toujours moins dans les poches, qui paie la note salée.

Pour fonctionner, ce petit monde putain a besoin d’une véritable structure de propagande.  Les z’élites capitalistes en sont conscientes.  C’est pourquoi elles sont propriétaires des médias qui « informent » les Québécois.  Les Desmarais possèdent Gesca, les Péladeau possèdent Quebecor et les Marcoux possèdent Transcontinental; ils financent tous fort généreusement le Parti libéral du Québec.

Du côté du premier empire médiatique, on abreuve les citoyens en informations futiles.  On tente de nous faire croire que la dernière déclaration du colon d’Occupation double est une nouvelle.  Tuons la une, monsieur X et Madame Y ont rompu! Nous sommes malades d’informations niaises. Pendant que le citoyen ronronne, diverti qu’il est comme jamais dans l’histoire de l’humanité, le système n’est pas inquiété. Il peut continuer de fonctionner au profit des z’élites politiques et capitalistes.  Les profiteurs et exploiteurs de tout acabit rotent de bonheur.

L’autre empire médiatique, Gesca celui-là, est encore plus pernicieux.  Le contenu y est dangereusement idéologique.  Fédéraliste, bien sûr, mais néolibéral également.  Il faut dire qu’Hélène Desmarais, la fille de Paul Desmarais, préside l’Institut économique de Montréal, un think tank qui en mène large au Québec, et qui espère mettre au pas la gauche formée par ceux-là même que certaines radios considèrent comme de puérils barbus rêveurs et déconnectés de la réalité.  Dans de telles circonstances, il ne faut pas s’étonner que La Presse fasse la belle part aux idées puantes qui émanent de ces sphères.  Et les journalistes de participer docilement à ce cirque. Aucun d’entre eux  pour dénoncer le fait que la Fédération professionnelle des journalistes du Québec est « commanditée » par deux grands argentiers:  Gesca et Radio-Canada.  Après cela, il ne faut pas s’étonner que des journalistes de La Presse comme Denis Lessard avouent ne pas pouvoir écrire rien du tout qui constituerait une critique dirigée contre les employeurs de Power Corporation, eux qui se comportent comme s’ils étaient propriétaires du Québec!  Une information libre au Québec?  Faites-moi rire!

Ces z’élites médiatiques ont en plus le culot de mettre la main sur les médias publics.  Faut dire que se sont les z’élites politiques qui nomment ceux qui administrent Radio-Canada.  Elles y placent bien évidemment des mercenaires qui voient d’un bon œil que Radio-Canada signe, dans le plus grand des secrets, une entente tout aussi secrète avec La Presse.  Après ça, on s’étonne que seuls les dénonciateurs du mouvement indépendantiste et progressiste aient un accès digne de ce nom à la place publique que contrôlent les médias possédés et administrés par les z’élites politiques et capitalistes.  Tout cela est vomitif!

Ceux qui osent dénoncer cet écoeurant système sont bien évidemment  condamnés – et sans appel SVP- par ces mêmes z’élites politiques, issues de presque tous les partis, en étroite collaboration qu’elles agissent avec les z’élites médiatiques.  On déforme leurs dires, on transforme le patriote de 1837 en preuve ultime qu’ils ne sont qu’autant de terroristes.  Lorsque cela ne suffit pas, on envoie la police les intimider.  Ou les battre lorsqu’ils osent saluer trop bruyamment la visite royale.  Les avocats oeuvrant pour les cabinets qui financent les z’élites politiques du Parti libéral du Québec entrent également en scène.  Mises en demeure par-dessus mises en demeure, on veut faire taire les contestataires, ceux qui n’acceptent pas que le Québec devienne un royaume pourri jusqu’à la moelle.  Le bras armé du système brise les courages, écrase les ambitions.  L’opposition censément organisée regarde ses pieds pendant que ça se passe.  Elle ne semble pas consciente du tout qu’elle est la prochaine sur la liste…

En 1995, Jacques Parizeau avait dénoncé « l’argent » qui militait contre le Québec libre.  Il ne croyait pas si bien dire.  Cet « argent » milite toujours aussi ardemment contre la liberté, contre le Québec, contre les citoyens ordinaires qu’il saigne à blanc. Une lutte des classes ne peut se terminer que de deux façons.  Soit on fait la Révolution et on détruit le système, soit on assiste à la défaite ultime des insurgés.

Face aux z’élites médiatiques, politiques et capitalistes, les citoyens ordinaires ont bien peu de moyens pour mener la lutte.  Mais il y a une chose quand même qui les rend plus forts que les serviteurs et maîtres du système et c’est leur amour de la justice et de la liberté.

Notre cœur peut vaincre leur portefeuille.  Il s’agit tout simplement que nous en prenions enfin conscience.

 

Posted in chroniques politique québécoise, Journal Le Québécois.