Histoires de firmes d’ingénieurs

Yves Mercure l’a bien dit en claquant la porte de la FTQ:  la corruption est généralisée dans ce petit monde et le crime organisé est bien présent.  Le syndicaliste propose d’ailleurs à la FTQ de retirer « ses chaussures d’hommes d’affaires pour chausser plutôt celles de syndicaliste ».  Nouvelle pression dont Charest se serait bien passé, tous en conviendront.

Bien sûr, qui dit construction, dit firmes d’ingénieurs.  Les ingénieurs se retrouvent ainsi en bonne place sur le site des donateurs du Parti libéral que nous avons mis en ligne à la fin de l’année 2010, et ce, au grand dam de Jean Charest qui a ridiculement appelé la police pour nous faire arrêter.  Comme on peut le voir sur notre site, les ingénieurs financent fort généreusement les libéraux. Il doit bien y avoir une raison à cela.

Le député Amir Khadir, de Québec solidaire, l’avait fort probablement trouvée cette raison en mars 2010. Il avait alors dénoncé le favoritisme dont semblaient jouir certaines firmes à l’égard du gouvernement Charest, elles qui obtenaient contrat par dessus contrat après avoir versé de généreuses contributions dans les coffres du PLQ.  Tout cela lui semblait tellement préoccupant qu’il avait même remis le fruit des recherches de son parti à la police.  Depuis, on attend toujours de savoir ce que la « police des affaires louches » fera avec tout ça.  Ce qui démontre une fois de plus qu’on ne peut se fier uniquement à la police, comme le souhaitent les libéraux, pour faire la lumière dans de tels dossiers.

Parce que les citoyens doivent eux aussi faire leur bout de chemin afin de rétablir la transparence et l’éthique dans le monde politique du Québec, je me permets d’apporter certaines précisions par rapport aux firmes qui sont choutoutées par le gouvernement et dont les noms des administrateurs apparaissent sur notre site, firmes qui avaient été pointées du doigt par Québec solidaire (les chiffres qui suivent nous ont d’ailleurs été fournis par le service de recherche de Québec solidaire). 

À tout seigneur, tout honneur, commençons avec le cas de CIMA+.  Cette firme est impliquée dans les secteurs de l’infrastructure urbaine, le génie civil, l’environnement, le transport, le bâtiment, l’industrie, l’énergie et l’hydroélectricité, les télécommunications et l’informatique-géomatique.  Aussi bien dire que cette firme en mène très large au Québec.

L’on retrouve 37 personnes liées à cette compagnie qui ont financé le PLQ en 2008.  Je me permets d’en dresser la liste, même si je sais que ce n’est pas là la chose la plus agréable à lire au monde.  Il s’agit d’Hamidou Mamadou Abdou (responsable de la division internationale), de Marc-André Béliveau (chef de projet), de Louison Bilodeau (associée et ingénieure), d’André Chaumont (directeur en infrastructures urbaines), de Louis Farley (vice-président), de John Konczynski (associé et ingénieur principal), d’Alain Lafond (associé et ingénieur principal), de Michel Lebeau (associé et ingénieur principal), de Pierre Meilleur (associé et ingénieur principal), de Jean-Pierre Normand (associé et ingénieur principal), de Kazimir Olechnowicz (président), de Nadine Paquette (associée et chargée de projet), de Claude Plouffe (associé et ingénieur principal), de Claude Provencher (associé et ingénieur principal), de Jean-Pierre Rioux (associé et ingénieur principal), de Mario St-Onge (associé et ingénieur principal), de Pierre Archambault (associé et ingénieur principal), de Denis Fortin (associé et ingénieur principal), de René Gingras (associé et ingénieur principal), de François Lemieux (associé et ingénieur principal), de Daniel Roy (associé et ingénieur principal), d’André Trépanier (associé et ingénieur principal), de Gérard Vallière (associé et ingénieur principal), de Douglas Buchanan (associé et ingénieur principal), de Claude Gaudreau (associé et ingénieur principal), de Richard A. Gauthier (associé et ingénieur principal), de Jean Roberge (associé et ingénieur principal), de Jacques Tremblay (associé et ingénieur principal) et de Conrad Tardif (associé et ingénieur principal).  Ceux-là ont donné 3000$ au PLQ en 2008.  D’autres employés ont pour leur part fait des dons oscillant entre 1400$ et 2600$.  Il s’agit de Daniel Godin (associé et ingénieur principal), d’André Couturier (vice-président), d’André Mathieu (vice-président), de François Allard (associé et ingénieur principal), d’Yves Théberge (vice-président), de Raymond Nantel (associé et ingénieur principal) et de Richard Régimbald (associé et ingénieur principal). 

En tout, 102 650$ sont sortis des portefeuilles des gens de CIMA+ en 2008 pour ainsi se retrouver dans les coffres du PLQ. 

Cela ne semble pas avoir constitué une mauvaise stratégie pour CIMA+ puisque cette firme d’ingénierie a reçu 3 090 554$ du gouvernement du Québec de 2002 à 2009, dont 850 890$ pour la seule année 2008-2009.  Pour les contrats de gré à gré et concernant la surveillance des chantiers de construction, CIMA+ a reçu pas moins de 7 506 074$.

On peut observer un scénario similaire du côté du géant SNC Lavallin, un des chefs de file mondiaux en ingénierie.  L’année dernière (comme c’était à peu près le cas pour les années précédentes soit-dit en passant, et ce, pour toutes ces firmes), 24 personnes liées à cette compagnie ont généreusement financé le PLQ.  Il s’agit de Jean-Luc Allard (vice-président), de Georges Boutary (vice-président principal), d’André Dufour (vice-président principal), de Luc Dumas (directeur), de Michel Edmond (directeur), de Mélanie Kau (vice-président), de William Keays (répondant), d’Amin Khouday (vice-président et directeur général Transport routier), d’Alain Koessler (vice-président exploitation et entretien), de Michel Labbé (vice-président Québec et Est du Québec), de Martin Lachance (vice-président industrie et technologie),  d’Alain Langelier (vice-président principal estimations et offres de services), d’Henri Madjar (vice-président principal géotechnique et ingénierie des sols et matériaux), de Charles Malenfant (vice-président principal et ingénierie des sols et matériaux), de Robert Minto (vice-président technologie), de Luc-André Nadeau (directeur), de Jean Nehme (vice-président principal), d’Andrew M. Sharp (vice-président et directeur de projet), de Gérald Taliana (ingénieur) et de Francis Villeneuve (directeur).  Ceux-là ont donné 3000$ au PLQ l’an dernier.  Pierre H. Lessard (administrateur) a quant à lui donné 2000$ l’an dernier au parti de Jean Charest, son collègue Michael Novak ( vice-président exécutif) l’a imité en lui remettant 2050$, tout comme Pierre Anctil (vice-président directeur) a donné 1500$ aux libéraux.

En tout et partout, les gens de SNC ont placé 68 550$ dans les coffres des libéraux en 2008.

Cette opération a été tout aussi rentable pour cette firme que ce ne le fut pour CIMA +.  Le gouvernement du Québec a remis 5 048 157$ à SNC de 2001 à 2009.  Pour l’année dernière seulement, c’est 2 106 648$ que SNC a reçus du gouvernement du Québec.  Tout comme CIMA +, SNC a reçu des contrats de gré à gré du ministère des Transports du Québec pour de la surveillance de chantier.  On parle d’un montant de 5 525 000$ au cours de la même période.  Lorsque SNC a travaillé main dans la main avec Genivar et CIMA + pour la surveillance des chantiers, la firme a reçu près de 7 millions du ministère des Transports du Québec.

Et ça continue.  On assiste au même manège du côté de la firme BPR.  31 personnes liées à cette compagnie ont financé le PLQ l’an dernier.  On parle cette fois-ci d’Hubert Colas (directeur général), de Gérald Côté (administrateur BPR énergie),  de Marc Couture (administrateur BPR Triax), d’André de Maisonneuve (associé BPR Triax), de Guy Drolet (associé), de Rino Dumont (associé), de Salvatorre Guerrera (administrateur), de Denis Harvie (associé), de Pierre Lavallée (associé), de Martin Lemyre (associé), de Daniel Samson (associé), de Guillaume St-Gelais (associé), d’Yvon Tourigny (associé), de Marc Patry (associé), de Marcel Faucher (associé), de François L. Joanis (associé) et de Denis Tremblay (président BPR énergie).  Tous ces gens ont donné 3000$ au PLQ en 2008.  Les personnes suivantes ont donné de 2750$ à 300$ au PLQ au cours de la même période.  Il est question de Pierre Brisebois (Ingénieur BPR Triax), de Carol Lapierre (ingénieur), de Pierre Lavoie (associé), de Sylvain Rioux (vice-président finances et administration), de Jean-Claude Maurice (administrateur BPR énergie), de Christiane Garneau (directrice), de Stephen Davidson (directeur de projet), de Nicole Giroux (superviseure), de Pierre Girard (administrateur BPR bâtiment), de Jacques R. Gingras (administrateur), d’Enrico Fluet (directeur des opérations), de Paul Arrien (ingénieur), de Jean D’Amours (lobbyiste) et de Bernard Munger ( directeur de projet). 

Au total, les gens de BPR ont engraissé les finances des libéraux d’une rondelette somme se chiffrant à 66 320$ en 2008.

À l’instar des autres firmes d’ingénierie, cela a été rentable pour BPR.  De 2004 à 2009, BPR a obtenu 2 684 083$ en paiements du gouvernement du Québec.

Vous n’en avez pas encore assez eu?  Hé bien, on continue.  On se tourne cette fois vers Axor.  En 2008, 19 employés de cette compagnie ont donné de l’argent au parti de Jean Charest.  On parle cette fois de Denis Cadoret (vice-président Côte-Nord), de Guillaume Camiré (ingénieur), de Bianca Chevrette (réceptionniste!!!), de Simon Daoust (directeur au développement), de Marc-André Desjardins (vice-président), de Bryan N. Fitzpatrick (vice-président), de Simon Goudreau (directeur de projet), de Jacques Grenier (président), de Marian Gabriel Ion (collaborateur), de Kevin V. Jolette (ingénieur), de René Lahaie (directeur de division), de Jocelyn Landreville (ingénieur), de Bertrand Lastere (vice-président), de Romain Lastere (ingénieur), de Sébastien Legault-Lavallée (ingénieur), d’Élizabeth Mayassi (collaboratrice), d’Alexandre Stoian (collaborateur) et de Zisu Daniel (ingénieur).  Toutes ces personnes ont donné 3000$ au PLQ en 2008.  Denis Courchesne (vice-président) a quant à lui remis 2400$ aux libéraux au cours de la même année.

Au total, les libéraux se sont enrichis de 56 400$ en 2008 grâce à Axor.

En retour, la compagnie Axor s’est retrouvée partie prenante d’un consortium pour la construction du CHUM.  Cette firme a également obtenu pour 3 350 000$ en contrats de gré à gré pour de la surveillance de chantiers, contrats accordés par le ministère des Transports du Québec. Axor a aussi participé à la construction de l’autoroute 25, tout comme elle a participé à la construction de petites centrales hydro-électriques.  Alors que Bernard Landry était premier ministre, il avait imposé un moratoire sur la construction de ces petites centrales.  Une telle décision avait soulevé l’ire de la direction d’Axor.  Conséquemment, cette dernière avait poursuivi le gouvernement du Québec.  Mais Jean Charest a calmé le jeu et a fait le bonheur des gens d’Axor à son arrivée au pouvoir en 2003.  Il a levé le moratoire sur la construction de telles centrales…

En tout et partout, on parle de 87 donateurs de 3000$ issus de ces seules firmes d’ingénieurs.  Cela représente 11% de tous les donateurs de 3000$ des libéraux en 2008.  C’est énorme.  Anguille sous roche, il ne peut qu’y avoir.  Et une chose est sûre et c’est que tout cela démontre encore une fois qu’il nous faut une commission d’enquête sur le financement politique au Québec.  Et ça presse.  Plus on attend, et plus on laisse le Québec devenir lentement mais sûrement une affreuse république de bananes.  Et ce n’est certainement pas ce que les citoyens du Québec désirent pour le coin du monde qu’ils habitent.

 

p.s. Histoires de firmes d’ingénieurs 2 va suivre dans les prochains jours.  Au menu: Pomerleau, Roxboro, Infrabec, etc.

 

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