Du devoir de résistance à celui de la libération

Décortiquons cette perception. Un militant qui est engagé dans un mouvement indépendantiste milite souvent pour la langue française au Québec et pour une plus grande justice sociale, car il faudrait être malhonnête intellectuellement pour ne pas voir qu’historiquement, au Québec dans les dernières décennies, c’est la mouvance nationaliste qui a fait progresser notre société. Militer pour la libération nationale, c’est aussi aspirer à une démocratie plus représentative sans symbole monarchiste où c’est le peuple qui est souverain. Toutes ces idées sont valables et légitimes pour un esprit républicain et démocrate. Pourquoi alors craindre de militer, pourquoi hésiter à mener de tels combats? Serait-ce de la simple lâcheté chronique pour certains ou de l’indifférence par rapport à la chose nationale et aux dossiers concernant la collectivité québécoise, ou plutôt parce que les Québécois ont une mémoire collective?

Ils se rappellent ou ont entendu parler de la loi des mesures de guerre, des arrestations massives, des emprisonnements arbitraires, de la torture psychologique en prison, de la Crise d’octobre, du vol de la liste des membres du Parti Québécois par la GRC, actions posées par l’État fédéral pour faire peur et décourager la mouvance nationaliste et tout ça, appliqué dans un passé pas si lointain. Et, plus près de nous, nous avons, pour plusieurs d’entre nous, subi la violence de l’État et l’agressivité des autorités lors de manifestations publiques où les manifestants ne font que résister symboliquement dans un esprit démocratique. Des forces policières démesurées ont été utilisées dans bien des événements indépendantistes et s’ensuivirent des arrestations, des amendes et des dossiers judiciaires pour certains.

Malgré tout cela, il y a encore des citoyens au Québec pour qui leur conviction est plus solide que leur peur. Ils reprennent le flambeau des aspirations de l’indépendance nationale pour le mener jusqu’à la grande victoire finale. Ce sont ces citoyens qui pourront dire : « Moi, je suis parmi ceux et celles qui ont participé à l’avènement du Québec pays. » Nous, qui militons présentement, devons être inspirants. Nous y parviendrons et passerons du devoir de résistance à celui de la libération.

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