Doublement collabo

Qu’il est désolant le spectacle des collabos, champions de l’indignité et de la servitude! Prêts à vendre leur peuple pour leur ascension sociale personnelle. Le juriste cri Romeo Saganash, lui, est doublement collabo. Une vraie tête à claques comme on aime les détester.

Député néodémocrate fédéral d’Abitibi—Baie-James—Nunavik—Eeyou, au Québec, Romeo s’est joint à un parti politique, le NPD, qui chante les louanges du beau grand Canada tous les jours aux Communes. Le Canada de ceux qui ont massacré les peuples autochtones, puis les ont parqués dans des réserves et les laissent vivre aujourd’hui dans des conditions abominables. Romeo sera sans doute content d’aller danser au son des tamtams le 1er juillet, à Ottawa, pour fêter cette belle grande démocratie qui, en plus du traitement qu’elle a réservé aux autochtones d’Amérique n’hésite pas à piller d’autres autochtones, en Afrique, et à participer aux massacres de l’OTAN contre les mauvais clients des États-Unis. Quel pays vertueux! Romeo peut bien être fier de son siège au Parlement.

Pour Romeo, voyez-vous, le méchant, c’est le Québec, plus précisément le Québec qui se tient debout. Si le peuple québécois vote majoritairement pour se donner un pays, Romeo promet de lui faire regretter son choix. Un vote pour l’indépendance sera un vote pour la partition. Un vrai Stéphane Dion avec des plumes. Les peuples qui luttent pour se libérer comprennent généralement qu’ils doivent être solidaires entre eux pour espérer vaincre les puissants qui les asservissent. Mais pas Romeo, qui voit le salut de son peuple dans son utilité pour les puissants. En se rendant utile pour remettre le Québec à sa place, il espère être bien récompensé. Romeo est un bon soldat fédéral, un peu à l’image des Gurkhas et des autres indigènes que la Grande-Bretagne ou la France ont souvent envoyés mourir au front.

Le Québec n’a jamais rien fait aux autochtones. Ah si! Il a fait quelque chose: la cruelle Convention de la baie James et du Nord québécois, qui attribue aux Cris, aux Inuits et aux Naskapis de vastes territoires exclusifs de chasse et de pêche ainsi que des centaines de millions de dollars pour une population de quelques milliers de personnes, ce qui leur permet d’avoir le meilleur niveau de vie de pratiquement tous les autochtones au Canada. Quelle cruauté!

Le Québec a aussi conclu l’inique Paix des Braves — quelle honte! —, qui permet aux Cris de toucher des milliards de dollars de plus et de récolter des milliers d’emplois. Quelle injustice! Romeo préfère les bonnes vieilles réserves fédérales sans eau potable, où il fait bon s’entasser à dix dans un quatre et demi insalubre.

Qu’un mouvement autonomiste existe parmi les autochtones est parfaitement légitime et normal. En tant que Québécois, je suis prêt à être généreux avec nos frères et soeurs autochtones, comme le Québec l’a été jusqu’ici beaucoup plus qu’Ottawa, qui ne cesse de se moquer des premières nations. Romeo devrait aller faire un tour dans l’Ouest canadien, par exemple sur Main Street, à Winnipeg, où les autochtones alcooliques jonchent les trottoirs comme autant de cadavres.

Mais je ne suis certainement pas prêt à être généreux avec les collabos comme Romeo, un partisan du colonialisme et un ennemi de la souveraineté des peuples. Imaginez. Il voudrait enlever au Québec une partie de son territoire non pas pour fonder une république crie, par exemple, mais pour remettre ce territoire sous la tutelle d’Ottawa et l’intégrer au système néocolonial vétuste qui nous a donné, par exemple, les pensionnats autochtones.

Romeo Saganash ne travaille certainement pas dans l’intérêt des autochtones, et encore moins dans celui des Québécois. Il mériterait d’être congédié par ses électeurs à la prochaine occasion. Mais d’ici là, ce député doublement collabo, qui se présente comme candidat à la direction du NPD, fera en sorte que ce parti aux résultats gonflés par une manipulation médiatique conserve un taux d’adhésion ridiculement bas au Québec, où il a 57 % de ses députés, mais à peine 6 % de ses membres.

Lors de l’étude du projet de loi 99, en 2000, Ted Moses est venu dire(1) qu’il ne reconnaissait pas l’intégrité du territoire du Québec. Un an après, en 2001, le Québec signe la «Paix des Braves» avec les Cris. Dix ans après la Paix des Braves, les Cris empochent 645 millions de dollars par année. Voici un extrait d’un article du 8 octobre 2011 de La Presse Affaires:

«La croissance économique que connaît Mistissini depuis 10 ans vient de la paix des Braves», reconnaît le grand chef Richard Shecapio, dans une entrevue à son bureau du Conseil de bande. Dans ce village de 4000 habitants, à 130 km d’Oujé, il se bâtit de 15 à 20 nouvelles maisons par année, dont certaines se vendraient 350 000 $ et plus à Laval ou à Blainville. Le village s’est aussi enrichi d’un palais de justice et d’un hôpital en 2011. Il y a 4 ans, c’était un centre sportif de 18 millions $, chauffé à la géothermie, qui a ouvert ses portes.

Les transferts représentent une somme de 40 000 $ par année par Cri. À titre de comparaison, la Commission royale d’enquête sur les peuples autochtones a calculé en 1992-1993 que l’ensemble des gouvernements au Canada dépensait en moyenne 10 026 $ par Canadien par année. Ajusté à l’inflation, ce montant serait équivalent à 13 914 $ en 2010.

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1. http://www.assnat.qc.ca/en/travaux-parlementaires/commissions/ci-36-1/journal-debats/CI-000323.html#000323009

 

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